3Le Prince Royal, accompagné de Mme la Princesse Royale son Epouse et de la Princesse Louise leur fille, se mirent en route pour la Norvège le 17 Mai 1856, à 10 heures du matin. Leurs A. R. étaient accompagnées par le Maréchal de la cour, Comte R. Rosen, la gouvernante de la jeune Princesse, Mlle Eva Leyonhufvud, le Docteur Lundberg, Bildt et moi. Le Prince Auguste et son Cavalier, Baron Wrangel, partaient sur le même bâteau pour Arbåga d’où ils devaient se rendre à Stjernsund.
La pluie n’avait pas empêché une partie de la population de Stockholm de venir au Riddarholm pour assister au départ. Une forêt de parapluies couvrait les quais.
Le Roi et la Reine, ainsi que la Reine mère vinrent faire leurs derniers adieux à bord du bâteau à vapeur l’Arboga, qui nous enmenait.enmenait] rettet fra: e‹m›menait ved overskriving
Des larmes furent versées, des mouchoirs agités en l’air et nous partimes au milieu des hourrahs de la foule. Ce voyage, qui me séparait de ma famille pour plusieurs mois, m’attristait et me charmait en même temps. J’étais flatté d’avoir été choisi par mon Prince pour l’accompagner et j’avais en perspective un grand voyage dans les montagnes de la Norvège, plaisir que j’ambitionnais depuis longtemps.
La pluie continua toute la journée et les seuls agréments de la traversée consistèrent à bien déjeuner et à bien diner. Le Prinçe Royal paraissait se mettre en route avec plaisir, pour aller prendre possession de sa Vice Royauté en Norvège.
4Quand au Prince Auguste, il était radieux de s’en aller à Stjernsund comme maitre et Seigneur de ce château, héritage du Prince Gustave son frère. C’était la première fois de sa vie qu’il sortait de l’aile maternelle, aussi jouissait il de son indépendance qui allait durer 3 semaines !
Nous arrivâmes à Arboga vers les 7 heures du soir et fûmes reçus au port par Mr Silfverstolpe, gouverneur de la Provinçe et les autorités municipales de la ville. Le Prince se rendit à pied au logis qui lui était destiné, précédé de son hôte, le Bourguemaitre Hedman, espèce d’Hercule usant des ses forçes musculaires pour perçer la foule et bousculer les honnêtes bourgeois confiés à sa garde paternelle.
5Mr Hedman est possesseur d’une jolie petite femme et d’une maison fort comfortable; – Quelques Notables de l’endroit furent présentés au Prinçe ; entr’autres le Major Platen, petit Finnois décoré de la médaille de bravoure et retiré du serviçe, qui ne se bât maintenant que les cartes à la main ; le Pasteur de l’endroit, Mr Robson, homme taillé en grenadier, – Mr Mahl, le maître de Poste de la ville, qui parut en habit de Cour très fanné ; – ce Monsieur a vû de meilleurs jours et parcouru pendant sa jeunesse les capitales de l’Europe comme Sécretaire de Légation ; moins bon finançier que Diplomate, Mr Mahl s’envisage heureux d’avoir trouvé pour ses vieux jours, une bonne retraite à Arboga. Ces Messieurs furent retenus pour le souper. – Je fus pour ma part logé chez une Dame Gahn dont je ne connais que l’hospitalité, l’heure de mon arrivée et de mon départ chez elle étant trop indue pour lui présenter mes remerçiements.
Le départ d’Arboga eût lieu à 7 heures du matin ; Bildt et moi nous installâmes dans une bonne voiture de voyage dont les poches étaient garnies de cigarr‹es› ‹et› de bouteilles ; le temps était clair, et la pluie de la veille avait répandu sur le paysage un teinte vert tendre, emblème du printems ; nous transformâmes notre landeau en calèche découverte et partimes dans une situation d’esprit 6fort agréable. Malheureusement, un vent glaçé nous contraignit bientôt à reprendre nos allures d’hiver, que nous fûmes obligés de garder ensuite pendant tout le reste du voyage. – À la frontière du gouvernement de Nériçie, nous attendait le Baron Carl Åkerhjelm son nouveau gouverneur. C’est un petit homme aux formes arrondies et au langage sucré, qui a gagné son bâton de gouverneur dans les débats de la diète. – Selon la coutume, il précéda le cortège des voitures dont il régla la marche avec une rapidité digne d’éloges. –
Ayant offert une plaçe dans sa voiture à Bildt, son collaborateur à la Diète, pour causer politique, je profitais de ma solitude pour prendre connaissance de la brochure de Lallerstedt « La Scandinavie ses craintes et ses espérances » ouvrage attaquant la Politique Russe de Charles Jean, peut-être avec trop de sévérité, mais inspiré par un patriotisme éclairé et dans un but louable. – En arrivant à Örebro, Leurs Altesses furent invitées à se promener en chemin de fer jusqu’à Skebäck ; une tournée d’environ 5 minutes, début modeste des lignes diverses qui parcoureront un jour la Suède. – À la Résidence du Baron Åkerhjelm, attendaient les corps d’offiçiers des Hussards et du Regt de Nériçie, aux quels le Prinçe donna Audiençe ; dans une pièce adjaçente au salon de réception, se trouvaient les familles de Messieurs les Offiçiers ; dont lesde jolies têtes sortaients’avancaient curieusement hors de la porte ; – de temps en temps les enfants faisaient une sortie pour rejoindre 7les papas, qui pénétrés de la solemnité de la circonstance, etqui] står over linja (tilføyelse i tilføyelsen); de la circonstance, et] rettet fra: du jour et (ved overstrykning) dont les gros yeux leur faisaient rebrousser chemin à leur innocente progéniture. C’était patriarcal.patriarcal] rettet fra: par‹…›triarcal ved overskriving Je vis là Mesdames Scheffer, Essen, Arsenius.
Après une demi-heure de halte, le voyage continua jusqu’à Christinehamn, dirigé depuis la frontière de Värmland par Mr Oldevig son gouverneur ; – celui-ci est un exemple unique de Landsekreterare parvenu à cette haute dignité. Employé subalterne intègre et homme de mœurs irréprochables, il a prouvé que ces qualités n’étaient pas suffisantes pour sa position actuelle qu’il remplit dit-on avec mollesse et sans intelligence.
La seconde nuit fut passée à Christinehamn, jolie petite ville propre et bien bâtie dont la position favorable au bord du Venern, lui promet un agrandissement considérable. Un chemin de fer qu’on fait fonctionner avec des chevaux, joint cette ville avec « Sjöändan » situé à un mille de là. Cette entreprise, mise à exécution il y a 3 ans, était calculée pour le transport de 40,000 skeppund de fer ; elle a tellement prospéré, qu’on y transporte aujourd’hui annuellement 154,000 skeppund, – circonstance qui permet aux actionnaires d’introduire la vapeur au lieu des chevaux. Le Prinçe logeait logeait chez Mr Wahlund un des gros bonnets de la ville ; lui et Mr Andersson son associé possèdent dit-on, un million – ; ces Messieurs, ainsi que le Bourgemaitre Wahlund soupèrent chez le Prince. J’avais mon billet de logement chez Wahlund qui avait mismis] rettet fra: mit ved overskriving 3 pièçes à ma disposition. Le lendemain matin 19 Mai, je fis une visite avant de partir de Christinehamn, à mon ami C. A. Adlersparre, 8qui y réside habituellement ; il était parti pour Carlsbad, mais sa servante, que je j’allai réveiller, voulut bien se lever pour m’ouvrir la porte de son logement qui, composé de 4 pièçes, caractérisait assez son maître ; c’était un assemblage de statues, tableaux, livres, entremêlés sans ordre ni système, mais donnant une idée d’Adlersparre lui même. – Voiçi la tournure de mon hôte, millionnaire de Christinehamn. –
Nous déjeunâmes ce jour çi à Carlstad chez Monsieur Oldevig, dont la femme et la nièce, une demoiselle Berg, firent les honneurs du repas. Madame est d’Oldenburg et me raconta qu’elle avait passé sa jeunesse dans une pension au Bie‹…›l près Neuchatel ; c’était presque une compatriote. Toutes les célébrités de Carlstad se ‹…› se trouvaient réunies à la Résidence ; – l’Evêque Agartd, connu par son esprit et ses écrits, ainsi que par ses mœurs rien moins qu’Episcopales; ‹il› a la moitié de la figure rongée par une espèce de cancer ; – c’est peu ragoûtant à voir à déjeuner, Le Général Löwenhjelm, chef d’un corps d’armée qu’il ne voit plus étant devenu aveugle,. –
Le Colonel Mu‹nck›, au quel on a donné un comptoir de Poste en Värmland pour réparer les mauvaises affaires qu’il a faites en Sudermanie, – le Lieut. Colonel Colliander, qui présenta une partie des offiçiers de chasseurs de Vermland.
9CarlstadCarlstad] rettet fra: Car‹…›ad ved overskriving est une petite ville d’un abord agréable, située à l’embouchure du Klarelf près du Vener ; on y arrive par un pont très bien construit. – En quittant cette ville pour se rendre à Arvika, la nature prend un aspect plus pittoresque et l’on côtoye pendant la route plusieurs lacs romantiques, entr’autres le lac Wärmen, qui a donné son nom à la province, c’est ici qu’Olof Trädtäljaren vint le premier s’établirle premier s’établir] rettet fra: s’établir le premier ved ombyttingsstrek et en prendre possession de ces forêts jusqu’alors vierges ; les lacs Frykarne qu’on apperçoit de temps en temps, – encaissés entre de belles fôrets. J’oubliais un inçident arrivé au Prinçe à Christinehamn ; à peine couché, son lit, qui était à deux compartiments, se déjoignit et se sépara en deux avec grand fracas ; une servante effrayée par ce bruit, accourut et trouve le Prinçe les jambes prises comme dans une trappe à renard ; elleelle] rettet fra: ‹…› ved overskriving parvient à grand peine à lui rendre la liberté.
Nous arrivâmes à 9 heures et demie du soir à Arvika – La Princesse était logée chez l’Apoticaire et le Prince chez le Docteur de la localité, Lundberg était volé, ces logements là lui étant ordinairement réservés en sa qualité de Médecin de la Cour, mais ces Messieurs jouent à Arvika le premier rôle et 10Lundberg dut se résigner à prendre logis dans l’arrière boutique d’un boulanger – tandis que je m’introduisais dans la famille d’un tanneur. Ce ne fut que fort tard que nous fûmes tous congédiés après le souper, le Prince étant engagé dans une conversation fort longue avec Mr Oldevig. En vain Lundberg avait cru interrompre le dialogue en allant offrir au Prince des poudres rafraichissantes que celui ci prend en se couchant, – Monseigneur accepta les poudres mais reprit la conversation, à notre grand désapointement; ce que voyant le Prêtre de l’endroit, Mr Gagner, il trancha la question en venant respectueusement prendre congé de Leurs Altesses
et donner ainsi le signal du départ. O prêtre respectable acceptes nos benédictions ! tutu] rettet fra: ‹…› ved overskriving nous as procuré une heure de sommeil de plus ! – Arvika, autrefois nommé Oscarstad, est un petit bourg de 800 âmes, situé sur le GlasfjölGlasfjöl] rettet fra: ‹…› ved overskriving et qui compte sur l’avenir pour reprendre son rang parmis les villes suédoises – rang qu’elle a dû résigner il y a une 30ne d’années, – faute de moyens de payer ses contributions comme telle. Le 19 au matin, en partant d’Ar‹…›vika, le Prince avait quitté les couleurs suédoises et endossé l’uniforme de Géneral Norvégien.
11Le fort d’Eda marque la frontière des royaumes de Suède et de Norvège. À un mille de là, le Prince nous prit Bildt et moi dans sa voiture, pour nous montrer la vallée de Midsko où nous mîmes pied à terre pour examiner les localités. C’est ici qu’eût lieu en 1814, la bataillel’escarmouche qui porte ce nom. Le Colonel Gahn était stationné à Midsko avec 20002000] rettet fra: 5000 ved overskriving Suédois pour tenir en échec la garnison de Kongsvinger, pendant que CharlesCharles] rettet fra: J‹…› ved overskriving Jean se portait sur Fredrikshall. Gahn se croyant en sûreté, n’avait pas gardé ses flancs, ce que sachant, les Norvégiens ‹ils› firent une sortie de Kongsvinger au nombre de 20002000] rettet fra: ‹6›000 ved overskriving hommes aussi et abrités par les montagnes qui entourent la vallée, vinrent surprendre l’armée suédoise à l’improviste – Gahn se battit pendant 4 heures dans le cimetière de l’Eglise de Midsko et parvint à se retirer en bon ordre sur Eda avec une perte de 400] rettet fra: 200 ved overskriving prisonniers et de deux pièces de canons. Pour paralyser l’effet de ce désastre et affaiblir l’orgueil que les Norvégiens ressentaient de leur victoire, Charles Jean, au lieu de punir Gahn le nomma Général Major pour prouver que les Suédois ne pouvaient pas être battus par les Norvégiens. –
Rien dans la nature ne met une ligne de démarcation arrêtée entre les deux pays – ce n’est qu’au lac Åklangen que le caractère pittoresque particulier à la Norvège commençe à se prononçer nettement.
12AprèsPassé le lac Åklangen, nous traversâmes un pays inculte et sauvage d’un aspect fort triste, qui continue jusqu’à un mille de Kongsvinger ; ici, la nature devint plus riante ; des prés et des champs couvertscouverts] rettet fra: couvert‹es› ved overskriving d’un vert printanier ne cachent cependant point la manière primitive avec la quelle ils sont cultivés ; les fossés d’écoulement sont ici inconnus, de vastes terrains défrichables restent incultes – faute de bons agriculteurs. – Nous arrivâmes devant Kongsvinger à 3 heures de l’après diner ; un bac y attendait la famille Royale, orné de vertes guirlandes, les voitures suivaient sur un autre radeau pour traverser le Glommen, fleuve de la longueur du Danube, qui coule au pied de la forteresse. Kongsvinger est situé sur une haute colline qui, dominant le pays, est elle même dominée par des montagnes environnantes ce qui rend sa forteresse très prenable. –
De l’autre côté du Glomm‹en›, attendait l’Etat Major Norvégien pour entrer en fonction et je dûs résigner mon serviçe d’Aide de Camp. Nous eûmes Bildt et moi comme un serrement de cœur en voyant notre Prinçe Royal débarquer sur la rive Norvégienne avec sa famille, et entrer pour ainsi dire en possession de sa Vice-Royauté ; – c’était comme si nous le‹…› perdions à moitié ; – dorénavant nous ne serons ici que des Étrangers !
13Le Général Bloch, Ministre de la guerre, souhaita la bien venue au Vice-Roi – ; il était accompagné d’un Aide de Camp, Mr Grimsgaard, – dudu] rettet fra: ‹…› ved overskriving Colonel Fleischer, Chêf de la maison militaire du Prinçe et de Falsen Aide de Camp de service. – Nous montâmes à pied la côte qui conduit à la Forteresse et nous rendimes chez Mme la Princesse pour diner ; elle avait un fort joli logement chez un Négociant, Mr Balke, qui, moyennant 80 Specie lui avait cédé sa maison pour une nuit. – Après le diner, Bildt et moi nous esquivâmes adroitement pour aller visiter la forteresse, d’où la vue s’étend sur tout le pays d’alentour ; – le Glommen serpente au loin et se perd dans un horizon de montagnes bleues. – Nous fûmions tranquillement notre cigarre couchés sur un bastion lorsqu’arriva Karsten Anker, le fils du Géneral commandant la forteresse, envoyé par le Prinçe pour nous engager à venir fûmer chez lui ; il voulut auparavant nous faire les honneurs de sa Résidence, et nous entrâmes dans son appartement, espèce de tourelle boisée à l’intérieur et dont les murs sont garnis d’armes ançiennes et modernes, de trophées de chasse et de vieux portraits de famille ; dans une antique cheminée brûlait un feu pétillant, et sur une lourde table de chêne étaient plaçées 3 bouteilles de bierre que ‹…› notre hôte vuida à peu près seul. – Cet établissement de garçon, dans une vieille forteresse abandonnée, avait un cachet tout romanesque, et convenant au caractère avantureux de celui qui l’habite. Karsten Anker a joui d’une jeunesse orageuse – il a fait les campagnes d’Afrique et de Danemark avec distinction – il passe maintenant sa vie dans son hermitage dont il 14ne sort que pour aller chasser dans les environs[.]
En sortant de la forteresse, un soldat, le seul et unique de ces lieux, nous salua militairement et nous nous rendîmes chez le Prinçe, où nous attendait de l’eau chaude et de l’eau de vie de cognac – bon remèd‹e› contre le froid humide de la journée. Nous terminâmes la journéesoirée chez la Princesse. –
Ce fut le Mercredi 21 Mai, que le Prince fit son entrée comme Vice-Roi à Christiania ; la dernière partie de la route se fit en chemin de fer. Mme de Løwenskjøld et Mlle Anker étaient venues à la rencontre de la Princesse et firent le voyage en vaggon avec elle. Arrivés au débarcadère de la Capitale, nous y trouvâmes les autorités de la ville – Mr Motzfeldt y tint un discours au Prinçe, peignant la joie et les espérances que causaient son arrivée dans le pays. – Le Vice-Roi y répondit par un discours improvisé, peignant sa joie et son bon vouloir, – après quoi la proçession se mit en marche pour le Palais, dont l’avenue était bordée d’une double haie de soldats de ligne et de gardes nationaux ; le Prinçe retint à diner une vingtaine de personnages influents. Le lendemain, c’était l’ancien Viçe Roi qui fêtait le nouveau en lui offrant un diner de 60 couverts. Løvenskjøld est maintenant un petit vieillard très cassé qui soupire depuis longtemps après sa retraite ; il quitte le poste important qu’il occuppe depuis 20 années, en laissant chez tous ceux qui l’ont connu, amis ou ennemis, la conviction qu’il est honnête homme et que s’il a commis des fautes politiques, c’était qu’il croyait agir pour le bien de son pays. Il peut donc jouir avec bonne conscience des dernières années qui lui restent.
15Le 28 Mai 1856, le Colonel Fleischer donnait un diner en l’honneur de Mrs Bildt et Dardel à la loge des francs Maçons. Repas fort gai et fort bon, arrosé par un vin de Bordeaux très agréable.
On débuta par le petit verre de « Trondhjelms q Aquavit », suivi d’un grand verre de bièrre. Puis vinrent des huitres énormes, d’une fraîcheur et d’un goût qui ne laissaient rien à désirer – Nous étions une 10ne de personnes – dans un vaste salon, bien assises autour d’une excellente table et les bouteilles vides étaient constamment remplaçées par d’autres. Mr Fleischer est un hôte plein de bonhomie et qui fait très bien les honneurs de sa table. Mrs Rehbinder, Bassø, Dal, Kjerulf, Seierstedt, Officiers d’Artillerie –, le petit Næsser et enfin le Géneral Garben formaient la société. Au dessert vinrent deux jeunes Fleischer nous aider à manger les dessertgâteaux.
Après les liqueurs, nous nous appercûmes qu’il était temps de nous rendre chez Mr et Mme Ræderer où nous étions invités par carte imprimée, à passer notre soirée. – Les salons étaient remplis, de monde et nous fimes notre entrée dans ce monde inconnu avec l’aisance et l’aplomb que donnent les vins généreux de France –
Mr le Capit. Ræderer a épousé une Danoise fort riche à la quelle il nous présenta ; – elle 16a une conversation agréable – Nous nous mîmes vite à notre aise et fîmes la connaissançe d’une quantité de mondepersonnes dont j’ai oublié les noms – ; les seules dames qui me sont restées dans la mémoire sont Mme Sibbern, connue par son romanesque mariage. Elle était mariée à Rehausen Ministre de Suède à Londres, lorsque Sibbern y arriva comme Sécretaire ; bientôt il se chargea ‹…› si bien des affaires de la Légation, qu’un divorçe eût lieu, puis un mariage et bientôt Mr et Mme Sibbern partaient pour l’Amérique où ils ont résidés qques années.
Elle est plus agée que son mari, mais assez bien conservée et cause agréablement. – Mme Mä‹…›kelin, femme du Consul Géneral de Russie, est fort jolie, on la dit fille d’une Dame française de haute naissance qui habite Petersburg, et le fruit d’un amourette. Son mari est un vieux babillard.
Je causai tour à tour avec Mlles Faye, la fiançée de Beichman, d’une tournure majestueuse, Mlle Berthilsen, promise de Kjerulf et Mlle Viebe celle de Mr Heyerdal ; cette dernière a des yeux noirs doux et veloutés – ; je m’occupai davantage de Mlle Ekeberg blonde au doux regard, pour la quelle je me sentais de la sympathie, et de Mlle Garben, demoiselle d’honneur de la Reine, qui est charmante[.]
17Le souper était copieux et bien servi et Mr Ræderer nous força à goûter un certain vin Italien qui ne valait pas le Bordeaux du diner – Le seul homme dont je m’occupai pendant la soirée, fut le poete Mun‹…›k homme aux traits accentuées et à la chevelure flottante ; je crus devoir faire semblant d’avoir lû ses ouvrages et les lirai véritablement un de ces jours pour l’acquit de ma conscience d’abord, et pour prendre connaissance des produits littéraires de ce pays. – Le 30 Mai,Mai] rettet fra: Ma‹…› ved overskriving nous fûmes invités à une autre soirée chez Mr Thomas Häfty jeune Négociant fort riche, avec qui je me suis assez lié l’année dernière à Sandefjord.
Mr Häfty habite avec sa femme et ses enfants une villa (Lycke) à un quart de lieue de la ville et dans un site délicieux – On plane sur la baie de Christiania avec Ladegårdsø et Oscarshall pour second plan. La maison, quoique petite, est très comfortable, le parc est vaste et offre des vues fort variées. Nous passâmes une agréable soirée avec qques personnespersonnes] rettet fra: ‹f› ved overskriving de la société de Mme Häfty ; qui nouson fit de la musique, Mlle Faye, Mme Næsser, et qques autres dames faisaient salon et les Messieurs fûmaient tranquillement leur cigarre dans la chambre à côté ; il est vrai que le feu brûlait dans la cheminée. Je fis la connaissance de Mrs Faye[,] Consul Géneral de Prusse, jeune homme fort gai 18qui avait ce jour là diné en ville, Mr Fougsta‹…› Bourguemaître, qui nous fit mille prévenançes – Mrs Rosenberg beau frère de Häfty, Mr Fleischer gros Monsieur assez insignifiant frère du Colonel & Mme m’engagea à lui amener ma femme et mes enfants ce que je compte faire avec plaisir ‹au›à leur arrivée ici tant l’accueil que je reçus fut simple et cordial.
Le Vice roi m’ayant donné un congé pour retourner en Suède et en ramener ma famille,m’ayant] rettet fra: me Je partis le 31 Mai à 8 heures du matin avec le bâteau à vapeur « KronPrincessan Louise » pour Gothemburg. Ce bâteau appartient au gouvernement ; c’était son second voyage entre Copenhague et Christiania. Il est grand, commode et se trouvait rempli de passagers et de marchandises[.] Pas moins de 194 baigneurs se rendaient à Sandefjord, – parmis eux des boiteux, ‹…› des paralitiques et quantité d’enfants de tout âge. Le pont était couvert d’une foule très compacte et je dus prendre ma plaçe sur un amas de coffres et portemanteaux. Le temps était magnifique et nous avions navigué pendant 5 à 6 heures très heureusement, quand en arrivant à Holmestrand petite ville sur la rive de la baie de Christnia, fort pittoresquement située au pied de montagnes escarpées et verdoyantes, un choc terrible, suivi d’une halte subite dans la marche du bâteau vint mettre la confusion dans la société – Des pleurs,pleurs] rettet fra: ‹…› ved overskriving des gémissements, des évanouissements se mêlerent ensemble, interrompus par le cri de qques passagers demandant les chaloupes à la mer ! et d’autres, cherchant à rassurer les effrayés qui, sentant le bâteau pencher rapidement à droite, crûrent leur dernier 19moment arrivé. Ce tumulte dura pendant une 10ne de minutes, après quoi les gens de sang froid parvinrent à calmer les poltrons. La « KronPrincessan Louise » avait donné sur un banc de rocher et se tenait immobile et superbe résistant aux efforts des passagers réunis se portant en masse tantôt sur l’avant, tantôt sur l’arrière. – On fit descendre voyageurs et marchandises à terre pour alléger le bâteau, ne gardant que l’équipage qui courait en travers du pont pour établir une bascule qui délivrât le navire de sa captivité. Ce fut en vain ; le Capitaine (Fritz Wedel) fit telégrafer à la Station de Marine de Horten et demander du secours ; – 3 heures ‹a›près, nous avions 3 autres bâteaux à vapeur attelés à droite à gauche et à l’avant et cherchant à nous remorquer ; le navire restait insensible à tous les efforts. Un plongeur arriva vers le soir pour examiner la nature de l’écueil sur le quel nous avions échoué ; son costume est assez original pour que j’en donne içi un croquis ; j’assistai à sa toilette à la quelle on mit un soin conscençieux, la moindre imprudençe pouvant occasioner la mort certaine de l’individu.
Le Baron Vedel et moi primes un petit bâteau pour suivre autant queque] rettet fra: ‹…› ved overskriving possibles les évolutions sous-marines du plongeur, lorsqu’une fois il eût revêtu son costume. 20Il endosse d’abord une chemise et un pantalon imperméables, puis par dessus un nouveau pantalon de grosse toile également imperméable, qu’on lui attacheattache] rettet fra: ‹…› ved overskriving autour du cou, ensuite vient une espèçe de cuirasse circulaire qui lui couvre la poitrine et les épaules et enfin un globe ou casque en fer avec des ouvertures vitrées lui est mis sur la tête ; – ce casque à une ouverture parpar] rettet fra: ‹au› ved overskriving derrière donnant passage à un tuyau en gutta percha très long communiquant à une machine par la quelle on pompe l’air nécessaire à l’existençe du plongeur ; cette machine, qui se trouve sur l’embarquation de la quelle le plongeur descend dans la mer, est en mouvement tout le temps que prend son expédition.
Il a des plombs qui lui pendent sur le doz et sur l’estomac pour le retenir au fond de l’eau, et un coûteau pour couper les ‹dits› cordons qui attachent les dits plombs en cas de besoin, – de plus il a une corde autour des reins la quelle il secoue pour avertir lorsqu’il veut remonter. –
Cet homme visita à 3 reprises l’écueil et la manière dont la quille du navire était prise, et l’on en vint à la conclusion que nous ne serions remis à flôt que lorsque les eaux monteraient, – 21en effet, vers minuit, le bâteau se dégagea de lui même mais ne pût être remis en marche que vers 6 heures du matin après que les bagages et marchandises fussent remis en plaçe. Nous restâmes 20 heures arrêtés. – Cette prolongation de séjour à bord me permit de faire plusieurs connaissances parmi‹s› mes compagnons d’infortune. Je nommerai d’abord Mr H. Häfty avec le quel j’avais voyagé sur le Rhin il y a 10 ans, un gros bonhomme qui eût le bon esprit de se rendre à Sandefjord par terre, dès qu’il flaira un retard probable dans la marche du bâteau ; nous déjeunâmes ensemble et renouvellâmes connaissance le verre à la main. Le Baron H. Wedel Jarlsberg, propriétaire de la terre de Bougstad à un mille de Christnia, homme de haute stature très bienbien] rettet fra: ‹…› ved overskriving bâti, vrai type du Nord et fort comme il faut d’extérieur ; il accompagnait sa femme et ses enfants jusqu’à Sandefjord et prit très philosofiquement sa mésavanture; Madame, aussi une Häfty, qui a donné une jolie fortune à son mari, me parut naturelle et causante ; elle était accompagnée d’une sœur qui allait à Horten, à la rencontre de son mari Mr van Kerven, un officier de marine qui revient d’une expédition dans la mer glaçiale pour chasserchasser] rettet fra: ‹…› ved overskriving des veaux marins. – Une autre Baronne Wedel, femme du Ministre à Vienne, allait passer l’été en Finlande chez son père le Baron Armfeldt ; elle avait avec elle uneune] rettet fra: ‹…› ved overskriving fille de 12 ans, l’enfant le plus gâté et le plus turbulent qu’il soit possible de voir ; elle babillait en français, allemand et Norvégien avec une volubilité aussi remarquable que fatiguante. La mère est une femme grande et raide, un peu sourde et très communicative[.] 22j’eus le malheur d’être la cause involontaire de la chûte de sa bonne, une grosse Allemande qui trébucha sur mon sac de nuit que j’avais eû l’imprudence de laisser dans un couloir étroit devant la porte de ma cabine. –
J’eus l’occasion de visiter en détail la ville d’Holmestrand ; – maisons bien propres, entouréesentourées] rettet fra: e‹…›tourées ved overskriving de jardins remplis d’arbres fruitiers en fleurs. Un vieux Monsieur, dont j’avais commençé la caricature à bord, et qui avait remarqué que je l’avais dessiné, m’aborda pour me demander à voir son image ; j’eus honte de la lui montrer, mais lui proposa de faire son portrait dans monmon] rettet fra: ‹…› ved overskriving album, ce dont il fut charmé ; nous nous assimes sur le seuil d’une porte dans la rue principale d’Holmestrand et commençâmes l’opérati‹o›n la scéançe –
Mon modèle, qui se dit s’appeller le Colonel Kaltenboren, me fit en allemand l’histoire de sa vie ; – c’est un original de premier choix qui, retiré du 23serviçe, passe sa vie à fûmer, occupation qu’il n’interromp que pour prendre ses repas et dormir. Il a un morceau de carton sur le quel il fixe au moyen d’un fil, des papiers de différentes grandeurs sur les quels il dessine de petits paysages au trait qu’il met ensuite en sépia pendant l’hiver – ; l’été, le Colonel Kaltenboren voyage et complèttecomplètte] rettet fra: comp‹et› ved overskriving des collections d’antiquités, de vieilles armes, médailles, de monnayes & – Outre sa pipe et une blague à tabac, il a autour des reins une courroye à la quelle est attaché un couteau poignard et un grand cordon noir en sautoir au quel estpendest attachée une clef de montre collossale qui pend à son côté gauche, en guise de décoration. – Il n’y a que moi disait il, qui porte cette décoration dans le pays ! Pendant que je le dessinais, arrivèrent ses deux filles, personnages d‹’› entre 30 et 40, qui sont encore à marier me dit il en me les présentant. – Ce vieillard et moi devin‹rent› excellents amis et je compte aller le voir lorsqu’il aura fini son séjour de Sandefjord.
Parmis les infirmes, il y avait à bord la sœur du Lieut. Kjerulf que celui ci accompagnait aux bains ; cette jeune fille est perclue depuis 5 ans et ne peut remuer les jambes ; elle est fiancée à un Mr Erichsen fils de l’ançien Ministre de la Marine au quel elle a crû devoir rendre sa parole à cause de son état qui n’offre pas d’espoir de rétablissement, mais le fiançé n’a pas voulu rompre ses engagements. – Une fois sorti du port 24d’Holmestrand, le vent commença à donner un roulis fort désagréable au bâteau, aussi passai je toute la journée couché sur le doz dans ma cabine ; ce ne fut que le soir que je m’avanturai de nouveau sur le pont – ; un bon souper composé d’excellents homard et de bierre Norvégienne, me remit tout à fait le tempérament. Nous arrivâmes le 2 Juin à 4 heures du matin à Gothemburg après un trajet de 40 heures au lieu de 18 comme disait le programe – ; après m’être reposé 3 heures à l’hotel Blom, je repartis en cariole pour Alfhem où m’attendait ma femme et mes enfants.
La route côtoie presque continuellement les bords du Götha Elf que j’eus le loisir d’étudier en détail vû la marche peu rapide de mon équipage – et deux heures passées à attendre à chaque relais de poste. J’arrivai à Alfhem pour le diner et eûseûs] rettet fra: eût ved overskriving le bonheur de retrouver tous les miens en bonne santé[.] Ayant engagé Ebba Coyet à nous suivre en Norvège, nous partimes d’Alfhem le 4 après diner pour nous embarquer le 5 à Gothemburg sur le même bâteau qui m’avait amené.
Je n’ai rien d’autre à dire sur ce trajet qu‹…› 25que le temps virait à la tempête au départ et que le Capitaine conseilla à ma femme de s’enfermer prudemment dans sa cabine pendant toute la journée, ce qui n’empêcha pas qu’elle prit le mal de mer ainsi que les 4 garcons et leurs bonnes. Il n’y eût que la petite qui échappa au vômissement général[.]
Comme ces dames étaient les seuls passagers de leur sexe, le Capitaine avait mis à leur disposition un salon de 10 cases dans les quelles on passa une journée fort triste. En entrant dans la baie de Christiania, le vent s’appaisa, chacun se leva et ce fût plaisir à voir l’appétit général. –
Le 6 de grand matin, nous arrivions à Christiania[.] Mr Holger Collett ançien compagnon de voyage sur le Rhin, nous aida à débarquer et disposa en notre faveur la douane qui n’ouvrit rien.
À 8 heures du matin, ma famille était installée Agersgaden, Fru Stenersens gaard, où je la laisse un moment se reposer des fatigues du voyage[.]
Le 9 Juin, notre ami le Colonel Fleischer nous proposa à Bildt et moi une excursion à lala] rettet fra: ‹…› ved overskriving forteresse d’Oscarsborg, nouvellement construite dans le but de protéger l’entrée de Christiania contre une invasion ennemie, par mer. Outre Fleischer, les Capitaines Bassø et Kjerulf s’étaient 26joints à nous ainsi que Mr Hjelm assesseur au Tribunal de dernière instance, légiste distingué dit-on, avec une physionomie blafarde et décolorée, causant beaucoup et parfaitement interressé aux choses militaires. Le trajet de Christiania à Oscarsborg se fait en deux heures par bâteau à vapeur ; Fleischer nous offrit un copieux déjeuner assaisonné d’Aquavite[,] de bière et de Porto. Un petit bâteau nous transporta de Drøback où nous quittâmes la vapeur, à la forteresse où nous attendaient le Commandan‹t› Mr Schè‹l›,Schè‹l›] rettet fra: Schè‹…› ved overskriving le Major de Plaçe Capit. Plato, et Mr Dahl Capit. d’Artillerie. Le premier de ces Messieurs nous invita à diner chez lui et le second à passer la soirée avec lui, après quoi on se mit en route pour visiter en détail les fortifications.
Oscarsborg est bâti en demi lune et dominé d’une tour crénelée (A)[.] 3 batteries à fleur d’eau casematées entourent le demi cercle, chacune armée de 10 canons à bombes (a) ; en total la forteresse dispose actuellement de 73 canons à bombes. Le passage des navires s’effectue entre Droback (C) et la 27forteresse et sa largeur est, à l’endroit le plus étroit, de 1600 pieds. Outre la forteresse proprement dite, on a construit à l’arrière un fort détaché (B) dont le but est d’achever les navires qui parviendraient à passer malgrés le fort feu de la forteresse. De plus, on projette une batterie avancée (D) destinée à retenir l’ennemi plus longtemps et donner à la forteresse le temps de se préparer à la défense. – Ces fortifications sont assez fortes pour forçer un ennemi à envoyer une flotte entière s’il veut passer ; on calcule le temps où il serait exposé au feu à 10 minutes. Les constructions sont en granit et bâties avec beaucoup de soin, c’est au Major Irgens qu’on doit surtout ce travail, et lorsqu’on considère que le chiffre qu’il a coûté au pays ne dépasse pas celui du prix d’une frégate, on est forcé d’en reconnaître le mérite ; cet offiçier laissera un beau souvenir de lui à la Norvège. – Notre inspection dura près de deux heures et fut interrompue par un verre de bière pris en passant chez Mr Plato, puis par un bain de mer, le premier de l’année, un peu froid mais parfaitement restaurant. ‹…› pour Bassø voulut se baigner avec nous ; c’est un gaillard bâti en Hercule. Je n’ai jamais vû de mollets d’une dimension aussi colossale. Il joignait à celle là une autre spécialité, c’est de ne point porter de chemise ; il y supplée par un gilet de grosse flanelle. tout son linge consiste en un faux col.
En sortant du bain, nous nous 28rendimes au diner du Commandant. Mr le Capit. Scheel vient de perdre sa femme, la fille du Conseiller d’étât Vogt, qui lui a laissé onze enfants, dont la plus part en bas âge. La défunte avait des accès de folie ; elle se plaignait entr’autre de ne pas avoir assez d’enfants et se désesperait toutes les fois qu’elle venait d’accoucher, de n’avoir jamaispas fait de jumeaux. Notre hôte nous souhaita la bien venue entouré de ses enfants ; l’aspect de tous ces pauvres malheureux privés de leur mère, me serra le cœur.
La fille ainée, une jeune fille de 18 à 20 ans, fit les honneurs du repas avec assez de graçe. Le poisson était fraix, le vin potable et nous mangeâmes avec appetit malgrés le déjeuner copieux avalé 3 heures auparavant. Après le café, ces Messieurs nous proposèrent une promenade en bâteau dans les environs, pendant la quelle on vida encore quelques bouteilles de bièrre. Le pays est fort pittoresque et la verdure d’une fraîcheur incomparable.
29Après la promenade sur l’eau, le Capit. Plato s’était réservé le plaisir de nous offrir un verre de pounch dans son jardin, c’était son jour de naissance qu’il célébrait en y faisant participer ce que la ville de Droeback a de plus choisi en fait de citoyens. On nous mit de suite une longue pipe à la bouche et chacun s’empressa de boire avec nous. Le pounsch de Plato quoique détestable allaitpeu agréable au palais, coulait grand train et la plupart de mes compagnons de voyage, moi inclus, avions grand peine à nous tirer de ce jardin des Hespérides ; l’un proposait de retourner à Christiania en cariole, l’autre à la voile pendant la nuit ; heureusement que Bildt et l’assesseur Hjelm tinrent bon ; il fallut partir au plus vite pour ne pas manquer le bâteau à vapeur où nous arrivâmes au dernier moment. – De retour en ville, ces Messieurs voulurent ajouter d’autres libations à toutes celles avalées dans la journée ; ils nous retinrent à souper à la Loge des Franc-maçons où il fallut recommençer à boire aquavite[,] vin et bière. Je crois fermement a‹vo›ir vidé ce jour là une 10ne de bouteilles de toute espèce, aussi m’en ressent‹ai› je d’une façon fort désagréable le jour suivant et tâcherai à l’avenir de ne pas tenir tête aux Norvégiens, qui ont des constitutions de fer et estomacs de requins.
30le 16 JuinJuin] rettet fra: J‹uill› ved overskriving 1856
Gardemoen est un plateau sablonneux situé à 8 milles au nord de Christiania quiet sert d’emplaçement de camp pour les troupes, lorsqu’il y a ‹un› camplieu, comme c’est le fait cette année. – Nous nous y rendimes Bildt et moi avec le Prince, lors d’un de ces fréquents voyages au dit camp. On est environ 4 heures en route dont 3 se passent en chemin de fer.
Au débarcadère de Troegstad, laune petite voiture nous attendait, et le Prinçe conduisit lui même les ¾ de mille qui nous séparaient de Gardemoen. Environ ‹2›000 recruesconscrits, appartenantes aux différents corps stationnées dans la province d’Aggerhus, formaient l’ensemble du camp, sous le commandement du Colonel Sørensen.Sørensen.] punktum rettet fra komma ved overskriving qui a passéCet officier a dirigé pendant plusieurs années à la tête de l’école militaire et qui a été promus l’année dernière à‹…› son grade actuel. C’est un offiçiermilitaire aux f‹…›manières polies, affectant des formes de cour et parlant souvent de son serviçe de Chambellan auprès de la Reine ; du reste pur militairetroupier et loin d’avoir les qualités nécessaires à un chef de camp d’instruction.
Il nous reçut avec beaucoup d’amabilité et nous présenta son Etât Major composé d’Oscar Vergeland qui en est le Chef, de Mrs Müller Intendant, Salveson, RæderRæder] rettet fra: ‹et› ved overskriving et Ring – Aides de Camp. Les troupes étaient en pleine activité arpentant avec ardeur la plaine. J’avoue que le premier coup d’œil n’est pas beau. Figurez vous un assemblage de toute espèce d’uniformes 31endossés par des paysans mal peignés, qui sontet placés pêle mêle, de manière que dans le même peloton se trouvent des habits verts à revers noirs, des habits bleus à reversrevers] rettet fra: reverts ved overskriving verts, des jacquettes bleues à collets rouges, des tuniques, des buffletteries noires et blanches, des bonnets de toutes lesdiverses formes ; tout cela au hasard du sort ; – un grand efflanqué porte l’habit d’un petit Hercule, tandis qu’un petit homme est affublé d’un pantalon qui lui pend sur les talons ; la verité oblige à confesser que tout ce monde là porte des fusils excellents quoique trop lourds, qu’on charge par la culasse ce qui évite l’emploi de la baguette, et que les bons tireurs sont en majorité. Le Prince marche et manœuvre avec ces jeunes gens 10 heures par jour toutes les fois qu’il les visite, et nous les vimes exercer avec un ensemble et une préçision qui font contraste ‹…›à leur accoutrement ridiculegrotesque. – C’est à la diète Norvégienne qu’on doit
cettecette] rettet fra: Cette ved overskriving parçimonie d’équipement ; elle a, dans sa dernière scéance, refusé d’équiper les recrues, prétendant l’uniforme un objet de luxe. Pour parer à cette lacune, 32le Ministère de la guerre a fait dépouiller les magazins militaires de toutes les vieilles reliques qu’ils renfermaient en fait d’habits des diverses époques même du régime Danois, et en a revêtus les jeunes soldats.
Le Prince et sa suite mangèrentprirent leurs repas à la table de l’Etat Major dont la tenuel’entretien est sous la direction de l’Intendant Müller ; celui çi nous traita fort bien et nous offrit entr’autres délicatesses, du « flødegrøed » espèce de bouillie ‹aux gruaux›de gruaux, cuite dans àà] rettet fra: de ved overskriving la crème et auau] rettet fra: du ved overskriving beurre, qu’on couvre ensuite de beurre fondu ;fondu ;] semikolon rettet fra komma ved overskriving puis de l’« aegge dos » confectionné avec desdes] rettet fra: d‹…› ved overskriving jaunes d’œufs battus dont on relève le goût avec une pointe d’eau de vie de Cognac. Ces deux mets nationaux semblaient fairefaire] rettet fra: f‹…›t ved overskriving les déliçes de Messieurs les Officiers et furent servis par Mr Muller avec fierté et contentement. Nous passâmes la première journée à suivre les progrès des conscrits ; le soir nous assistâmes aux danses des soldats. Mr Borgrevink, Lieut. Colonel d’un des corps, nous fit donner une représentation de « Halling dans »[.] Cette danse ne peut être exécutée que par des équilibristes consommés ; elle consiste en vrais tours de forces d’agilité et de souplesse. Un des soldats jouait sur un violon à 8 cordes, un autre tenait un bonnet de poliçe en l’air au bout de son sabre, puis venaient les danseurs qui, s’approchant du bonnet, parlentement avec des pas burlesques, du bonnet, finissaient par faire tout à coup un saut prodigieux et abattre avec 33le pied le bonnet, qu’on exposait ensuite à d’autres gambades. Les cammarades rang rangés en cercle, assistaient silencieusement à ce spectacle sans lui donner d’autre marque d’intéret qu’en en suivant les détails de leurs grands yeux mélancoliques. Pour moi nous autres Suédois la scène était fort gaie et nous rîmes de bon cœur.
En retournant chez nous, (nous logions à un petit hôtel dans le village de Gard‹a›) des éclats de rire partis d’un autre corps de conscrits, attirèrent notre attention. Cette fois la scène etait tout à fait burlesque ; deux soldats armés de fragments de bois et de torchons de paille figuraient des barbiers se disputant l’honneur de faire la barbe à un troisième conscrit assis avec resignation et se prêtant avec douceur à toutes leurs plaisanteries. Au moment où l’un des barbiers, après avoir savonné le patient avec son torchon de paille, commençait à le raser, 34avec le morçeau de bois, – son compétiteur se précipitait sur lui et le faisait rouler dans la poussière en prenant sa plaçe ; le vaincu, après avoir fait mainte culbutes et gabrioles sur l’herbe, recommençait la bataille à la grande joie de tous les assistants. – Le lendemain à 7 heures, nous vîmes manœuvrer les conscrits en tirailleurs. C’est curieux à voir le soldat Norvégien monter et gravir ou descendre les parois presque perpendiculaires des ravins étroits qui forment le caractère de la nature du pays. On dirait des chats sauvages.
Ces hommes sont nés tirailleurs etmais ne seront jamais soldats de ligne à la Prussienne. Peu curieux d’assisterd’assister] rettet fra: d’‹…› ved overskriving encore aux exercices monotones du camp, Bildt et moi fimes ensemble une promenade à cheval dans les environs, sous prétexte de visiter le terrain des manœuvres de l’année dernière. Notre course dura 4 heures et fut charmante. Les positions 35militaires de Hauer, Trandbotten et Risebro, furent parcourues plus en touristes qu’en militaires. Nous revinmes au camp au moment où l’on se mettait à table. L’Officier de garde, Mr Dahlen, nous servit après le diner des scènes burlesques exécutées avec beaucoup de talent. Outre l’orgue de Barbarie qu’il imite à perfection, Mr Dahlen nous fit assister à toutes les phases du colera morbus ou du moins à ses symptômes. c’était du tragi-comique par excellence. Nous retournâmes le soir à Christiania. – Le lendemain 18 Juin, le Consul Faye donnait un grand diner à sa maison de campagne ; vins fins, table succulente et société agréable. Le maitre de la maison est un joyeux compagnon buvant sec avec ses convives. Après le repas, nous nous rendimes au bord de la mer à un quart de lieue de la maison, pour faire une promenade en chaloupe[.] Nous étions 6 personnes sur une petite voiture trainée par un maigre cheval ; arrivés au port,port] rettet fra: ‹…› ved overskriving l’équipage fut laissé là tout seul, le cheval livré à sa propre volonté en attendantattendant] rettet fra: ‹…› ved overskriving notre retour et l’on mit à la voile. Nous chantâmes et bûmes de la bièrre.bièrre] rettet fra: bière ved overskriving Un gros Mr Fleischer vida à lui seul une demi-douzaine de bouteilles de porter. La soirée se termina par un souper copieux. Mr Faye m’expliqua au dessert ses idées sur le mariage qu’il trouve fort gênant, surtout lorsque la femme est amoureuse de son mari,mari] rettet fra: marrived overskriving quant à lui, il a fait, dit il, tout ce qu’il a pû pour rendre la sienne moins amoureuse, mais en vain. Mme Faye qui avait entendu une partie de la conversation, 36vint l’interrompre en tirant amoureusement les favoris de son mari indiscret.
Le 20, Mr Thomas H‹e›fty nous donna un soupé chez lui ; Augusta se trouvant indisposée, j’y allai accompagné d’‹Ebba Coyet et› de mes 3 ainés qui trouvèrent là une douzaine d’autres enfants avec les quels la connaissance fut bientôt faite. Mme Hafty nous fit de la musique une partie de la soirée et je causai avec les dames. La belle sœur de H‹ä›fty ‹…› née Skjelderup, est charmante, une taille élançée, des yeux veloutés, une bouche de corail, un teint de rose et 19 ans ! C’est la plus jolie femme de Christiania. Bildt et moi nous disputâmes le plaisir de causer avec elle, et celui ci ne fut pas peu flatté de l’entendre dire qu’elle le comprenait mieux que moi.
La société se composait d’une 20ne de personnes parmis les quelles une dame Klot, mère de 12 enfants, Mme Conradi accompagnée de deux filles rousses, Mrs Meyer, Collett &. Après le soupé Mr H‹e›fty fit allumer du feu dans sa cheminée et nous bûmes un grog en fûmant notre cigarre pendant que les dames causaient de leur ménage au salon.
Le 22 Je menai ma familleNotre première course en famille se fit par le chemin de fer, à Eidsvold, dans l’intention de passer deux jours au bord du lac Mjøsen et d’y respirer l’air frais de la campagne. Nous partimes le soir à 6 heures avec Ebba Coyet, Bildt, ma 37femme et nos deux ainés ; le trajet se fait en 3 heures de temps. Eidsvold est situé au bord du fleuve Wormen, à une lieue du lac Mjøsen. C’est un endroit charmant, vertes collines, nature riante et montagnes de formes graçieuses dans le lointain. Mr Evensen, chez qui nous logeâmes, a un établissement de bains et une source d’eau renommée pour la santé ; malheureusement pour lui, la dite source a disparu cette année, ce qui empêche les malades de venir ; aussi nous trouvâmes de la plaçe chez lui ; – 3 grandes chambres
avec vue sur le lac, furent mises à notre disposition, malheureusement nous jouimes dûmes nous contenter de cet agrément, car pendant notre séjour à Eidsvold, une pluie continuelle nous empêchant de faire la moindre course, à part une promenade fort jolie que nous fimes le soir de notre arrivée pendant qu’on préparait notre soupé. Outre la pluie, un vent glacial engourdissait nos membres, et notre seule 38ressourçe fut, pour nous réchauffe‹r›, de passer la journée à courir dans la cour avec les enfants en ‹…›ant tous en jouant comme eux. À forçe de sauter et de gambader, nous parvinmes à vaincre le froid et tâchames de nous consoler des déceptions éprouvées. Cette journée, ‹(›la veille de la St Jean,) ne se fête pas en Norvège avec la même solemnité qu’en Suède et nous vîmes à peine, en revenant à Christiania, quelques feux allumés dans le lointain ; le temps s’était éclairçi au moment où nous étions forçés de retourner en ville ; ‹et› nous fimes la route dans ‹le chemin› un vaggon de 2de classe dont le second compartiment était occupépris par des marchands de bois et leurs dames, occupés pendant tout le trajet à vider des bouteilles de bièr‹r›e.bièr‹r›e] rettet fra: bière ved overskriving Le Prinçe, qui revenait de Gardemoen, monta sur le chemin de fer à la station de Troegstad et vint un moment causer avec nous et nous exprimer son contentement sur les troupes du camp qu’il venait de passer en revue et de congédier. Les paysans, nos voisins, qui n’avaient jamais vû le Prinçe, ouvrirent de grands yeux en apprenant après son départ le nom du visiteur. –
Nous primes le thé en revenant, chez ma femme, et nous rendimes Bildt et moi chez « Klingenberg » établissement public où la population de Christiania s’amuse moyennant 6 skilling d’entrée – Nous assistâmes au bal, et fimes la même remarque qu’au camp ; pas un sourire de gaité sur toutes ces phisionomies 39qui remuent bras et jambes pour leur plaisir avec la même mélancolie qu’ils mettraient à ‹travailler gratis›creuser leur tombeau. – Le 24 Nous passâmes la journée à Ladegårdsøn où le Prince se rendit avec moi à cheval le matin pour peindre d’après nature ; nous nous assimes dans le parc et fimes une étude de paysage, lui à l’huile et moi à l’aquarelle ; plus tard arriva le reste de la société qui s’occupa à garnir et orner un mât de cocagne (Maystång)[.] la Princesse et ses dames passèrent deux heures à cet exerciçe, secondées par Mrs Løvenskjøld, Falsen et Grimsgård ; on suspendit des œufs peints et des oranges au sommet du mât qui fut ensuite planté surau milieu de la pelouse. Après le diner, vinrent ma femme et mes garçons et la danse commença autour du dit arbre. Mlle Brand nous joua des polonaises sur un piano transporté dans le jardin ; ‹et› grands et petits sautillèrent sur l’herbette. Madame Næser et son mari, ainsi que le Gouverneur Troil, étaient aussi de la fête qui se termina par une tasse de thé, après quoi tous les Suédois se rendirent à une collation offerte aux Etudians nouvellement revenus de leur excurtion à Stockholm et Copenhague ; nous trouvâmes plusieurs centaines de personnes réunies dans le jardin de l’Université. Une tribune était placée au centre, d’où différents orateurs lançaient leurs discours. Nous eûmes notre part des honneurs, et Mr Gamborg, un des Etudiants directeurs de la fête, proposa un toast à notre santé en exprimant avec enthousiasme la reconnaissance ‹de› ses camarades pour l’accueil graçieux qu’ils avaient reçu en Suède. Rosen répondit en notre nom à ce discours. Différents bôls de pounch furent vidés tantôt pour l’union Scandinave, tantôt pour les célébrités du pays. Le Prince Royal arriva à cheval et fit une apparition triomphale au milieu de toute cette 40joyeuse jeunesse. Prenant un verre à la main, il souhaita la bien venue aux Etudiants voyageurs en exprimant sa joie de ce que le bon accueil qu’il leur avait prédit lors de leur départ, se soit réalisé. Il parla avec cœur et discernement et fit une impression favorable. –
Le lendemain, grande scène au moment où l’on allait se mettre en route pour une partie de plaisir à Mariedal. La Grande Maitresse, sur un motif futil, refuse de partir avec la Prinçesse qui s’en va dans 3 jours en Hollande et à Ems. On parvient, moitié par prière, moitié par menaçes à lui faire retracter son refus, et enfin leurs altesses reparaissent vainqueurs dans le salon, accompagnées de la vain‹que›cue fort pâle. Les détails de cette petite scène que je n’appris que plus tard, influèrent défavorablement sur la partie de campagne qui fut assez maussade. Mariedal est une propriété appartenant au Baron Vedel-Jarlsberg, assez joliment située et dede] rettet fra: ‹…› ved overskriving la quelle dépendent des scieries de bois considérables que nous visitâmes après avoir diné dans le jardin. Les Messieurs étaient à cheval et les dames en voiture. Augusta et Mme Rustad, ainsi que Mrs Rustad, Th. Meyer et Th. Hefty et Faye, étaient des nôtres. Nous primes en revenant un chemin fort pittoresque d’où la vue sur Christiania est magnifique. J’en vis une autre le jour suivant, toute aussi belle, mais d’un autre genre différent dec’est Holgerslust situé du côté opposé, ‹…› et appartenant à ‹Enest› Løvenschjøld, qui domine également la ville et ses environs.
Le 28 Juin, départ de la Princesse pour Ems où elle devait séjourner pendant le grand voyage en Norvège qu’allait entreprendre son royal époux.
4114 Juillet 1856. Après un déjeuner à la fourchette offert par le Prince Royal à 150 naturalistes Scandinaves réunis pour le moment à Christiania pour un meeting scientifique, nous nous embarquâmes le soir à 8 heures sur le Bâteau à vapeur Vidar et quittâmes le port de Christiania accompagnés des hurras de la multitude. Chacun se sentait joyeux d’entreprendre un voyage qui promettait une série de sites pittoresques, de scènes continuellement variées et de fêtes brillantes. Pour moi, qui me lançait dans des régions à moi complettement inconnues et dont la curiositécuriosité] rettet fra: curiositée ved overskriving était piquée au plus haut point par les reçits que j’en avais entendu faire, je me sentais plein de félicité.
Le Prince avait à sa suite:
1o) Son Ecuyer, W. Sandels, faisant en même temps les fonctions de Maréchal de la cour. Homme modeste et sournois‹retiré›, d’extérieur gauche et timide, mais brave dans l’occasion jusqu’à la temérité, et possédant tout à fait les qualités principales de son emploi.
Honnête,Large et généreux, avec les écus royaux, pensant à tout, ferme envers ses inférieurs, plein de délicatesse et d’attentions pour les personnes de la suite du Prince,Prince,] komma rettet fra punktum ved overskriving se cachant lui même dès qu’il fallait se montrer.
2o) Bildt, Chef de l’Etat Major de l’Artillerie Suédoise, jeune homme brillant, d’un caractère facile, fin et observateur et d’une gaieté qui ne se démentit jamais. Bildt plait à chacun par sa bonne mine et la variété de sa conversation qu’il saitsait] rettet fra: ‹m› ved overskriving mettre à la portée de tous, suivant l’individu qui l’écoute ; c’est Bildt qui est chargé de tenir la Princesse Royale au fait des incidents 42du voyage, aussi prend il continuellement des notes. pendant que je fais mes croquis
3o) Mr Sibbern, Ministre Résident aux Etats Unis, actuellement en congé, et placé auprès du Vice Roi mon Prince, pendant son séjour en Norvège, comme Secrétaire des Commandements. Grand blond, d’extérieur fade mais de beaucoup de capacité et de finesse, possédant un grandbeaucoup de l’usage du monde, Mr Sibbern peut être envisagé comme un homme aimable. Il a cependant trop d’affectation dans ses manières et son lang‹u›age pourpour] rettet fra: ‹…› ved overskriving inspirer une entière confiance. Il ambitionne dit-on le poste de Mr Due son beau frère qui est Ministre d’étât de Norvège à Stockholm et a saisi avec empressement l’occasion que lui offrait ce voyage, pour chercher à se faire apprécier et gagner la sympathie de ses concitoyens ; – aussi, donne t’il forçe poignées de mains à toutes les stations, s’occupant surtout de gagner les personnes influentes ou les membres de la Diète etet] rettet fra punktum ved overskriving leurs épouses.
4o) le Capitaine Falsen, Aide de Camp, hommed’âge mûr, cheveux gris, air probe et distingué, qui a les manières d’un homme comme il faut et dont le commerçe est agréable sans pourtant offrir de ressources. Falsen a l’esprit éteint et le caractère mat; il parle un patois Bergensois presque incompréhensible pour les Suédois.
5o) Næser, Lieut. et Aide de Camp de serviçe, vulgairement appellé « Gutten » (garçon) à cause de sa petite taille et de son extérieur juvénile, malgrés ses 40 ans. Il est éveillé et alerte, plein de zèle, et connait parfaitement son pays qu’il a exploré en topographe.
6o) Dahll, Lieut. et Off. d’Ordonnançe de serviçe, garçon d’esprit et d’énergie, très vif, grand amateur du beau sèxe. C’est lui qui est chargé du département des cigarres. Son sobriquet est Faust.
457o) le Capit. Grimsgaard, également Off. d’Ordonnance. Gros blond d’un caractère indolent qui pense surtout à son estomac et à son sommeil. On le dit mathématicien de première forçe. Grimsgaard est d’une naissance obscure quoiqu’illustre ; (on le dit fils naturel soit de l’Ex. Sandels, soit du General Bloch alors Aide de Camp du premier). Ses qualités conviennent plutôt à un garde national qu’à un brillant Offiçier d’Ordonnance du Vice Roi.
8o) Le Docteur De Bèsche, très comme il faut, doux et agréable et de connaissances variées. De Besche a fait la campagne du Dannemark et soigné des blessés pendant toute la guerre, ce qui lui a valu la croix de Dannebrog.
9o) Mr Hanssen, photografephotografe] rettet fra: photografiste ved overskriving og overstrykning de l’expédition, petit homme maigre et chétif, jouissant d’une mauvaise santé et réussissant rarement à tirer des épreuves satisfaisantes de sa chambre obscure que l’on transporte à grand‹s› fraix à notre suite. Hanssen a son voyage gratis, 40 daler pour ses matériaux, et 10 daler par jour un daler équivaut à 5 francs. –
10o) Le Capit. du bâteau, Mr Bull, bonne physionomiephysionomie] rettet fra: phisionomie ved overskriving colorée, avec de petits yeux et un nez pointu, d’une douceur rare pour un marin, et d’un esprit enjoué. Bull, avec son petit air affectueux, fait en cachette votre caricature.
11o) Bodom Second à bord, a passé plusieurs années au service de France ce qui l’a poli et dégagé. Il a les traits accentués, l’œil vif et decidé et présente un bonbon] rettet fra: ‹…› ved overskriving type de marin. Très sarcastique de son naturel, Bodom saisit le ridicule avec bonheur et se moque de ses compatriotes avec discernement.
12o) Enfin moi même, toujours le crayon, la fourchette ou le cigarre à la main et saisissant avec empressement tout ce qui est bon à croquer.
46En arrivant sur le bâteau, notre premier soin fut de prendre possession de nos cabines respectives. Nos gîtes étaient fort étroits. Deux cabines donnant sur un petit salon étaient occupées l’une par Sibbern et le Docteur l’autre par Bildt et moi ; la nuit, on transportait dans le salon deux hamacs où se balançaient Falsen et Dahll. Sandels et Næser avaient leur cabine en façe de l’escalier. Quant à Grimsgaard, on l’avait logé avec le FotografheFotografhe] rettet fra: Fotografist ved overskriving à l’avant du navire, près des cuisines, ce dont il était fort mécontent. Le Prinçe avait une chambre à coucher et un salon fort comfortables. Les repas se prenaient sur le pont.
15 AoûtAoût] trolig feil for: Juillet Le lendemain de notre départ, je fus réveillé à 6 heures du matin par le Prinçe pour voir Langaarsund, un détroit très resserré que nous allions passer. Le temps était agréable ; le pays assez triste d’aspect ; un archipel de rochers nus ou à peu près, rappellant les côtes occidentales de la Suède. Par çi par là, entre deux fentes de rochers arides, un petit oasis de verdure qui semble être placé là pour rappeler au voyageur que ce pays n’est pas compléttement abandonné de la Providence.
Aussi les habitans se sont ils empressés de s’établir dans ces petites vallées oùoù] rettet fra: ‹…› ved overskriving la végétation est d’une richesse et d’une forçe extraordinaire. De jolies habitations, qui prouvent l’aisançe de leurs propriétaires ; égaient encore l’aspect de ces ravins fortunés. Si la nature est avare de verdure, elle s’est montrée d’autant plus généreuse au fond des eaux, où les habitantshabitants] rettet fra: habitans ved overskriving
49puisent les éléments de leur existence. Nous fimes une halte à Kragerø, petite ville de pêcheurs renommée par la qualité de ses huitres et de ses homards et primes le Prince et moi, un croquis des environs. Kragerø est dominé par un énorme rocher qui semble avoir été fendu en deux par la foudre. Jusqu’ici, nous avions navigué dans une baie peuplée d’ilôts ; en quittant Kragerø, nous eûmes une mer plus vaste et le ‹…› roulis du navire fit subir ses effets aux cœurs délicats. Falsen devint extrêmement sentimental et le Photografiste d’une humeur noire. Grimsgaard et Bildt dormaient d’un sommeil amer. En approchant d’Arendal, où le Prinçe était attendu pour diner, les côtes se retreçirent de nouveau et prirent un caractère plus gai. Des coups de canon ‹tirèrent› tirés des batteries d’Arendal, annoncèrent aux habitants de cette ville rassemblés par milliers sur les quais, que le Vidar entrait dans le port.port] rettet fra: ‹…› ved overskriving Cette ville me parût charmante ; c’est une entremêlée de rochers couverts de verdure[,] de jolies maisons au bord de la mer, de rues longées par des canaux couvertsoù stationnent des navires de toutes grandeurs. Rochers et navires étaient couverts d’une foule enthousiaste qui faisait retentir les airs de leurs h‹o›urrahs de bien venue, et le Prince, entouré des autorités de la ville, descendit triomphalement à terre sur un escalier orné de drapeaux et de fleurs pour se rendre à l’hôtel de ville où une centaine des notables avaient arrangé à grands fraix un diner digne de leur Vice Roi. 50j’étais placé à table à coté de Mr Aall propriétaire de forges, un des arrangeurs de la fête, qui me confia que le melon et les raisinsraisins] rettet fra: raisains ved overskriving ayant été retardés à Berlin par un mésentendu, les arrangeurs apprenant que ces fruits ne pouvaient arriver pour la fête, avaient de suite ordonné par depêche telégraphique que raisins et melons fussent de suite envoyés de Berlin à Hamburg par convoi spécial. Grâçe à ce procédé ingénieux, nous mangeâmes des raisins verts et du melon médiocre, à un prix fabuleux. Le menu du diner se composait de 14 plats sans compter le dessert. Le Président de la Bourgeoisie (Ordförande för Förmanskab) proposa la plus part des santés. C’est un vieillard à cheveux blancs[,] aux traits nobles et à la parole simple et pleine de bons sens, Mr Dedekam. Après chaque santé, la société criait trois fois hourra!,hourra!] rettet fra: hourras ved overskriving battait en cadence un certain nombre de fois les mains avce un ensemble remarquable, puis repoussait 3 hourras, rebattait des mains et ainsi de suite 5 ou 6 fois. Pendant cette longue cérémonie, exécutée avec une gravité très imposante, chacun était debout. On chanta une pièce de vers imprimés en l’honneur du Prinçe[.] Mr Aall, mon voisin, qui était devenu très communicatif au dessert, me fit une peinture des plus splendides de ses domaines ; à son avis, il possédait dans ses serres les plus belles fleurs du royaume, le meilleur vin dans ses caves et la meilleure chasse à l’ours dans ses fôrêts ; – en m’invitant à venir 51partager tout cela avec lui, il me glissa à l’oreille que je ne trouverai nulle part que chez lui en Norvège une vraie vie de château. –
Arendal a une population de 4000 âmes y compris les faubourgs et vit de son commerçe de bois et de construction de navires. Sa situation lui a valu le titre de « la Venise du Nord ». Nous quittâmes cette ville dans l’après diner et, passant devant des côtes bordées d’ilots et de rochers fort tristes, nous moillâmes le soir à Christiansand, beau port de mer, résidençe du gouverneur de la province et de l’Evêque du district, ville de 10,000 âmes. En entrant dans le port à 9 heures et demie le Prince rendit visite au Prince d’Orange jeune homme qui comme nous visite ces parages son neveu dont la corvette à vapeur « Mirapi » avait précédé Vidar et nous attendait depuis 4 heures. Mirapi participa aux saluts et aux hourras de la ville. Son équipage, composécomposé] rettet fra: composée ved overskriving en partie de nègres de Java, était grimpéet perché sur les hauts bancs, et brillait aux dernières lueurs du soleil. Les deux Princes firent leur entrée ensemble dans la ville et se rendirent au Stiftsgaarden (résidençe du Gouverneur) où un appartement était arrangé pour mon Prince.
Après les discours, et présentations offiçiellesoffiçielles] rettet fra: offiçiels ved overskriving et une promenade à pied, le long d’une haye de gardes nationaux, hussardshussards] rettet fra: ‹…› ved overskriving ‹et› chasseurs à pied, ‹espèce› haye fort clairsemée, vû le petit nombre des soldats, nous entrâmes dans les salons de la Résidence – où Mrs le Colonel Vergeland, l’Evêque v. d. Lippe et le Gouverneur Bille-Kjørboe, présentèrent leurs employés respectifs, puis on soupa et je retournai me coucher à bord après minuit.
5216 Juillet Dès 7 heures du matin le jour suivant, je me rendis à terre suivi du petit photografhephotografhe] rettet fra: photografe ved overskriving pour lui désigner les points de vue qu’il devait prendre à terre. Hanssen est d’une intelligence aussi obscure que sa machine photografique; si je le laissais choisir lui même ‹s›es points de vue il ne nous livrerait au Prinçe à la fin du voyage qu’une collection d’hôtels et d’arbres fruitiers. Nous nous rendimes d’abord à l’Eglise de la ville, curieuse à cause d’un hêtrepin magnifique qui l’ombrage de ses rameaux séculaires. Cet arbre respectable, au quel on donne 400 ans, est l’armoirie vivante de la ville de Christiansand qui l’a toujours eû sur son blason comme emblème. Désirant perpétuer par la photografie cette curiosité d’histoire naturelle, j’entrai dans une des maisons environnantes de l’Eglise pour trouver une fenêtre où Hanssen pût placer ses instruments. Je fus reçu sur l’escalier par une jeune et fraîche bourgeoise en simple jupon blanc et camisole de matin, qui me fit parcourir les chambres de sa maison, sans montrer d’embarras pour sonun costume, qui du reste lui allait à merveille. Nous trouvâmes une fenêtre convenable où Hanssen s’installa. Plus tard dans la matinée, en revenant voir les résultats de son travail, je retrouvai ma bourgeoise hospitalière vêtue d’une robe de soie et coiffée d’un bonnet à fleurs ; quielle m’offrit une tasse de chocolat. Elle était ainsi bien moins jolie que le matin. Son mari, dont je fis alors la connaissance, me fit un grand éloge du Colonel Vergeland, du gouverneur de la ville et de sa femme qui tous les trois disait il, étaient d’extraction populaire, avantage énorme à ses
55yeux, mais qui fut d’un effet nuisible auprès de Sandels le distributeur des cadeaux royaux. Lorsqu’il appritapprit] rettet fra: ap‹r› ved overskriving ce détail relativement à Mme la gouverneur, il me dit de son petit air sardonnique : Puisqu’elle descend du peuple, je ne lui donnerai qu’un bracelet No 2 et il recacha soigneusement dans sa caisse le bracelet No 1 beaucoup plus riche, qui lui était destiné pour avoir cédé son logement au Prince. –
Le port de Christiansand est fortifié de tours d’anciennes construction. À l’est, son entrée est protégée par Fleckerø, fortification que le Prinçe alla visiter en bâteau à vapeur ainsi que le port de construction de‹s› navires et les établissements de marine situés à l’embouchure du fleuve Torrisdals elfven ; 23 chaloupes canonières et 14 bâteaux à bombes gisaient dans leurs hangards. L’arsenal est petit mais arrangé avec ordre. – Le Lazaret, destiné au traitement des maladies contagieuses est flanqué sur des rochers à pics et donne au visiteur une impression de frayeur adaptée la destination dede] rettet fra: à ved overskriving ce sinistre établissement. Pendant que j’en prenais un croquis, un grouppe de jeunes filles et d’enfants se forma petit à petit autour de moi et me regardait dessiner en s’appuyant sur mes épaules. –
Toute la suite des Prinçes royaux de Suède et de Hollande étant invitée‹s› à un diner en leurleur] rettet fra: ‹son› ved overskriving honneur donné à la maison de campagne d’une veuve, par la bourgeoisie ; je dus quitter la tenue d’artiste pour endosser la grande tenue militaire et me rendis ainsi à la Résidence où attendaient des voitures pour transporter les cours Suédoises et Hollandaises qui s’y placèrent pêle mêle ; – en moins d’une demi heure nous étions arrivés à notre destination. Nouveau diner monstre de 200 personnes avec nouveaux toasts et nouvelles pièces de vers chantées au dessert. J’étais placé à côté du gouverneur du Prince d’Orange, Lieut. Colonel de Castembrote, homme très distingué par ses manières et son instruction, circonstance qui diminua la longueur de ce long repas[.] 56On prit le café dans la cour, ornée pour la circonstançe de 24 drapeaux tous Norvégiens et d’une grandeur demésurée, placés en carré les uns à côté des autres. Les Norvégiens abusent véritablement de leur drapeau ; ils sont si fiers de cette nouvelle concession à eux accordée par le Roi Oscar I, qu’ils en sont ridicules. Quant à Christiansand personnellement, je çiterai comme fait caractéristique que c’est la seule ville visitée pendant la tournée du Vice-Roi qui n’ait pas exhibé les couleurs Nor Suédoises à côté des Norvégiennes. Le discours prononcé pour la santé de l’union par Mr Plato me parut également très froid. –
Le soir, la ville offrait un bal au Vice Roi et au Prince d’Orange, – soirée fort gaie, illustrée par la présençe d’un essaim de jolies femmes. Pour ainsi dire forçés par notre position àà] rettet fra: de ved overskriving faire honneur à la danse, (les 12 personnes de la suite du Prince sont tous mariés) nous y primes goût et je me sentis de nouveau des jambes de 20 ans. Je dansais successivement avec Mlles Luno, jolies brunes aux dents blanches comme des perles enchassées dans du corail, fleurs du midi égarées dans les neiges du Nord, – Les sœurs Lange minçes et souples comme des roseaux – à la peau blanche et aux cheveux soyeux et blonds – enfin la belle veuve Mme Moe, en grand dueil de son mari, décédé à Paris il y a 6 mois, embaumé et transporté à grands fraix à Christiansand, ce qui n’empêcha pas Madame d’accepter un léger galop en ma compagnie. Toujours ses grands yeux baissés sur son sein, la belle Moe ne les lève que pour lançer des éclairs brûlants et profonds sur son danseur, puis pour les rebaisser de nouveau ; ses poses sont languissantes
59mais souples, ses formes délicates mais fermes et arrondies ; elle ne parle qu’avec mélancolie et en poussant des soupirs reprimés en naissant. Cette femme fut pour nous tous une tentation du Diable, car tous dansèrent successivement avec elle et en reçurent la même impression que moi, à qui reste l’honneur d’avoir découvert cette sensitive dans ledu coin où elle s’était cachée derrière d’autres fleurs. Mme Moe est très riche et possède une jolie maison de campagne dans les environs de la ville, où elle vit seule toute l’année. La vérité m’oblige à dire que malgrés la douceur et le moelleux de sa personne, elle passe pour un démon dans son intérieur et qu’elle cache un volcan sous le velours de sa peau. Le Prince d’Orange s’occupa presqu’exclusivement de la belle Luno ou « Juno » comme il l’appelait. Ce jeune cœur de 16 ans paraissait naître à la vie et ses yeux fort ternes d’habitude, lançaient ce soir de faibles étincelles.
En rentrant à bord après le bal, un enfant de 14 ans vint nous demander un skilling pour acheter du gâteau, c’était une jeune fille chétive qui se dit s’appeller Spaldina. Elle voulait absolument nous accompagner sur le bâteau. Ses deux compagnes, un peu plus agées qu’elle partageaient la même envie, quoiqu’en l’exprimant moins cathégoriquement. Nous envoyâmes cette jeunesse se coucher chez elles en donnant à Spaldina ce que nous avions de skillings sur nous, et je m’endormis en faisant de tristes remarques sur la moralité du peuple de Christiansand.
Le lendemain matin, nous quittâmes le bâteau pour qques jours, emportant ce dont nous avions besoin pour le voyage qui devait se continuer par terre, tandis que le Vidar irait nous attendre à Stavanger. Après avoir bien déjeuné chez le Gouverneur, nous enfoûrchâmes gaiement chacun notre carioleHer står et tilføyelsestegn: Kryss i blyant og o i blekk over linja. Tilsvarende tegn i øvre venstre hjørne på neste blad. le Prinçe en tête, et nous mimes en route à 10 heures du matin accompagnés des hourras de la population. Monseigneur avait conduisait un superbe cheval noir qui, peu accoutumé à ces cris d’enthousiasme, se cabrait graçieusement dans les rues remplies de peuplemonde.
UneUne] rettet fra: Un grouppe d’une ved overstrykning og overskriving trentaine de paysans à cheval escortait au grand trot en precédant la caravane les deux premières lieues ; ensuite, soit que le cheval du Prinçe futfut] rettet fra: ‹soit› ved overskriving meilleur, soit que l’escorte fut fatiguée, Monseigneur les dépassa malgrés tous leurs efforts pour conserver leur plaçe honorable ;. C’était comique à les voir jouer du talon et du coude pour encourager leurs montures. – Comme la route était étroite, l’escadron, perçé par la cariole, se jeta à droite et à gauche dans les fossés pour donner passage au Vice Roi. – La contrée est ici très montagneuse. Nous fimes une halte vers midi pour déjeuner à la lisière d’une forêt et dessiner la vue desdes] rettet fra: les ved overskriving hauteurs de Holmen, Amas de blocs de rochers énormes, aux pieds des quels s’étend un petit lac ou plutôt un bras de mer fort étroit (Holmen) que nous avions traversé en bac une demi-heure auparavant. C’est içi, nous dit on, que les bl‹…›s mû‹r›rissent le plus tôt en Norvège. Nous fimes un petit déjeuner sur l’herbe au bord de la route.
61Løst blad (s. 61–62). Øverst til venstre er et kryss og o, likt det som står på foregående side. Hele bladet er nok ment som en utdypning av «cariole» på foregående side. Le véhicule national est la ca‹rr›iole ; sa légèreté est parfaitement adaptée à la nature montagneuse du pays. Espèce de coquille de noix huchée sur un large essieu muni de deux grandes roues, la carriole ne donne place qu’à un voyageur ; la malle estest] rettet fra: ‹…› ved overskriving fixée derrière, sur une petite planchette et le postillon se tient debout comme il peut. Le cheval Norvégien, petit maismais] rettet fra: ‹…› ved overskriving carré d’encolure, ne connait guère que le grand trot, allure qu’il conserve quelque soit la rapidité de la côte qu’il gravit ou descen‹d› à moins que la montagne ne soit trop longue à monter ; dans ce cas là il adopte le pas et se repose d’instinct une minute ou deux toutes les fois qu’il veut reprendre haleine. L’hiver, cet équipage est remplacé par le traineau. Lorsqu’arrivé à un lac la route cesse, le voyageur trouve une poste à rameurs. Les relais varient de longueur ; ils sont ordinairement de 12 à 24 kilomètre[s.] On trouve chez le paysan qui fait l’office de maitre de poste, un gite propre, un accueil cordial, du bon lait et du jambon corriace. Votre postillon vous tutoie et partage sa volontiersvolontiers] rettet fra: ‹…› ved overskriving sa gourde d’eau de vie avec vous. L’égalité sociale existe ici plus qu’en aucun autre pays, et le paysan Norvégien envisage les employés de l’Etât comme d‹…› bons ses serviteurs qu’il soudoie de ses deniers pour faire leur devoir. Le maitre c’est lui. Ceçi est si vrai que Mr de L. un des seuls 62Nobles du pays se plaignait à moi de ce qu’il n’était jamais parvenu à former un bon domestique Norvégien ; il s’était vû forcé à recruter sa valetaille en Allemagne et au Dannemark[.]
65Nous arrivâmes à 4 heures à la petite ville de Mandal où le Prinçe était attendu pour diner. Les bourgeois de Mandal offrirent une fête où rien ne manquait sinon la bonne société, je m’esquivai de table sous prétexte d’aller dessiner et ne revins que pour le café. Mr Vogt, le pasteur de l’endroit, homme à prétentions et jouant le premier rôle, daigna s’occuper de ma santé ‹:› il avait attribué ma disparition à une indigestion !
Pendant qu’un des laquais du Prinçe (aux quels le serviçe estétait ordinairement confié dans les banquets qui lui étaient offerts)offerts)] høyre parentesbue rettet fra komma ved overskriving distribuait la liqueur, j’entendis un des arrangeurs de la fête s’excuser auprès de lui de ne pouvoir en accepter, et lui motiver son refus en lui donnant les détails du régime auquel il était malheureusement astreint à cause de sa maladie de foie. Le laquais évidemment flatté de cette douçe familiarité, oubliait les consommateurs. Après le banquet, le Prince visita la ville accompagné des membres du diner ; ceux ci semblaient prendre pour eux une partie de l’enthousiasme et des hurrah populaires ; j’en vis même un saluer avec complaisance du geste et du chapeau. Au milieu des indigènes je remarquaifiguraient plusieurs Anglais pêcheurs de saumon ; nous en revimes ensuite pendant tout le reste du voyage. Nous partimes de Mandal à 7 heures du soir pour nous rendre au presbytère de Lyngdal où le Prince devait passer la nuit ; Le chemin que nous fimes nous parut très pittoresque et prit à la nuit tombante des formes des plus fantastiques. Près du relais de Wigelands Kyrke se trouve à Undals elf un chemin coupé dans des rochers. Le dernier mille fut accompli par une pluie battante, circonstance qui ne semblait 66point gaie à Bildt qui faisait l’office de notre cocher, le Prince nous ayant cédé sa voiture pour prendre lui même une cariole.
Le gouverneur, qui nous devançait, cheminait si lentement, que Bildt le dépassadépassa] rettet fra: ‹…› ved overskriving une demi heure avant d’atteindre le but de la journée, mais nous fûmes punis de ce manque d’étiquette, car le gouverneur, qui connaissait un chemin de traverse, nous attendait à notre arrivée à la porte du presbytère et nous souhaita en ricanant la bien venue. Il y avait là arc de triomphe et illumination. Notre hôte, le Pasteur Irgens, frère du Major de ce nom, nous offritoffrit] rettet fra: ‹serv› ved overskriving une longue heure après notre arrivée, un fort bon souper servi par une très jolie servante en costume national, son corsage rouge et ses cheveux blonds entremêlés de rubans de même couleur, rehaussaient le teint délicat et frais de cette jeune fille. Mr Hanssen demanda la permission de la photografier, mais comme le Prinçe se mettait en route avant le lever du soleil, il n’y eut pas moyen.
Ayant notre logis au relais de Lyngdal, nous quittâmes le PrincePrince] rettet fra: p‹r› ved overskriving à minuit et demi pour aller, à 3 quarts d’heures du presbytère, goûter de deux ou 3 heures de sommeil. Je regrettai d’être arrivé à Lyngdal pendant la nuit et d’avoir par là manqué la vue des hauteurs sur la vallée ; on dit ce coup d’œil fort beau. –
Nous partimes le lendemain à 5 heures du matin et entrâmes dans une vallée très large mais mal cultivée qu’arrose la rivière de Lygndals elf. Arrivés à 67Figde, où la rivière s’élargit et se perd dans un lointain de montagnes bleues, le Prince ordonna une halte, et les boites à couleur furent exhibées pour en faire une étude qui, commencée par un charmant soleil levant, fut interrompue par diverses averses de pluies. Je dus recommençer 3 fois mon lavis, une véritable aquarelle ; le Prince ne voulut plier bagage que son travail achevé, et je fus chargé d’avoir ensuite soin de l’étude qui, étant à l’huile et ne pouvant sécher, m’embarrassa cruellement pendant le reste de la journée. En sortant de la vallée de Lygndal, nous entrâmes dans un pays extrêmement montagneux.
La côte dite Häggdalsbacken fut gravie en une heure de temps, et nous dûmes faire presque toute la montée à pied pour soulager un peu nos pauvres chevaux peu habitués à traîner une voiture de la dimension de la nôtre. Le postillon nous racontait comme trait de barbarie, que le grand Olle Bull son compatriote, l’avait gravie avec quatre personnes dans la voiture et au grand galop !
Nous descendimes ensuite le Rørviksbaken, descente interminabled’égale proportion, à angles aigus et qui va en zig zag jusqu’au Fede-fjord qu’on traverse en bac. La voiture, menée grand train, semblait vouloir culbutée à chaque instant. Comme on n’enraie pas les roues dans ce pays, les chevaux, une fois lancés en bas la montagne, ne peuvent s’arrêter, et l’on ne doit son salut qu’à la solidité de leurs jarrets. La vue sur le
69Fede-fjorden est très grandiose. Cette baie de mer s’avance un mille et demi dans l’intérieur ; elleelle] rettet fra: et ved overskriving a environ un quart de mille de large à l’endroit où nous le traversâmes en bac, ce qui nous fût assez difficile vû l’embarquement de notre voiture. –
Nous eûmes le bonheur de trouver de l’autre côté de l’eau un marchand hospitalier, Mr Hansen, le personnage le plus important de ‹F›ede, qui, radieux d’avoir nouvellement eû le Vice Roi sous son toit, voulut aussi nous offrir un ver de vin d’Oporto ce qui, après la pluie nous parut délicieux.
Mr Hanssen avait des larmes de joie aux yeux en nous racontant que le Vice-Roi lui avait serré deux fois la main ; il nous montra la plaçe où ce grand personnage s’était assis dans son soffa, « ce meuble appartientappartient] rettet fra: appartenai ved overskriving dorénavant à l’histoire et mama] rettet fra: ‹s› ved overskriving famille dit il, le vénérera toujours ». –
Nous arrivâmes à Fleckefjord à midi et demi ; le Prinçe y était depuis une demi heure et nous attendait pour nous faire partager le banquet que lui offrait la ville. Entrés chez un particulier pour faire une légère toilette, je demandai une brosse pour décrotter mes jambes, ‹…›opération qui fut exécutée par un homme en habit noir que je pris pour un domestique ; j’appris plus tard que ce Monsieur était Consul ; jeje] rettet fra: ‹…› ved overskriving bus un verre à sa santé au diner, – qui fut une continuation de ce système hospitalier poussé dans cette ville à un degré incroyable. Les dames 70de la ville avaient pris le tablier et l’emploi de leurs cuisinières, et leurs fils, Mrs les étudians, servaient à table et changeaient les assiettes. Une grande draperie rouge qui partageait la salle à manger à l’un des angles, donnait occasion à ces dames d’assister incognito à la fête, et nous appercûmes pendant le repas maint joli minois moitié caché par la draperie. Aussi nous crûmes nous obligés Bildt, Sandels et moi, d’aller remerçier ces Dames après le dessert, et de boire un verre de champagne en leur honneur, politesse à la quelle elles parurent fort sensibles et qu’elles acceptèrent avec beaucoup de graçe et de naturel. – Tous les membres du banquet accompagnèrent ensuite le Viçe Roi dans sa promenade à travers les rues de Fleckefjord ; je donnais le bras à un gros prêtre qui paraissait m’avoir pris en affection. – Bildt avait de son côté fait la connaissance de Jomfru Eriksen de Bergen, brunette très piquante que sa famille avait envoyée à Fleckefjord pour combattre un goût décidé qu’elle avait pour le théatre – Le coup d’œil f théatral qu’offrait aujourd’hui la ville ornée de drapeaux et de fleurs, la musique, le canon et le brillant cortège du Vice Roi, semblaientsemblaient] rettet fra: semblait ved overskriving avoir réveillé plus que jamais les instincts artistiques de la jeune fille qui courut seule après notre voiture à notre départ, ‹…› agitant son mouchoir en signe d’adieu d’une manière toute tragique.
La route que nous suivimes après le diner longea d’abord le lac de Lundes-vand
72qui offre des vues charmantes ; et de l’autre côté de la route à droite, les montagnes rappellent les Alpes ; après avoir tourné l’extrémité du Lundes vand, on entre dans une jolie vallée boisée ; de temps en temps le bruit des cascades attire l’attention du voyageur et lui offre une agréable diversion. Près d’Eide, où nous changeâmes de chevaux, la cascade était magnifique ; le pays prend ensuite un caractère plus stérile jusqu’à Svalestad. La pluie et la nuit tombante m’empêchaèrent de juger du reste de la route. À notre arrivée à la ville d’Ekersund, nous trouvâmes une illumination et des Messieurs en habit noir se disputant l’honneur de nous conduire aux logements qui nous étaient destinés. Mr Hamre était mon hôte. J’aurais bien désiré prendre de suite possession de son co‹m›fortable logement, mais il fallut assister au souper offert au Prinçe chez le Consul Anglais Mr Bødeman, et dont le Sørenskrifver Feyer faisait les honneurs ; nous ne nous couchâmes que vers 1 heure de la nuit pour repartir le lendemain 19, à 7 heures.
Notre Capitaine avait obtenu du Prince la permission de rester à Fleckefjord avec le bâteau et ceux de la suite qui voyageaient par mer, afin de profiter du bal offert par cette ville en l’honneur du Vice Roi. Ils ne nous rejoignirent qu’à Stavanger où nous nous acheminâmes à travers un affreux pays ; les deux premiers milles au sortir d’Ekersund, t‹…› se font dans une vraie mer de rochers nus et isolés les uns des autres ;
74aussi est on bien agréablement surpris en voyant tout d’un coup l’horizon s’ouvrir de nouveau et en apperçevant la mer calme et grandiose s’étendre à perte de vue ; d’ici la route suivit toute la journée le bord de la mer à travers des plaines de sable presqu’incultes. C’était triste de voir un grouppe de 6 à 8 vigoureux faucheurs récolter quelques misérables poignées de f d’herbe. Cette plaine (de Jedderen) est susceptible de culture, et le Prinçe prit à ce sujet beaucoup d’informations.
Au déjeuner, que nous primes à Haar aux frais du Gouverneur Mr Harris, j’eus occasion de dessiner différents costumes de paysannes arrivées des environs pour voir le Prinçe. Ces braves femmes étaient d’une propreté excessive et leurs traits ainsi que leur manières avaient une distinction naturelle frappante[.]
Outre le gouverneur, nous étions escortés pendant toute la journée par son Lieutenant, Fogden Skytte, homme à longue barbe grise appartenant à la secte religieuse des Haugianer dont il est un des Prédicateurs. Le ländsmanländsman] rettet fra: län‹…› ved overskriving Mossingen député à la Diète escortait aussi à cheval et en habit noir. En approchant de Stavanger, le pays, toujours sanssans] rettet fra: ‹…› ved overskriving forêts ni arbres, est cependant plus cultivé ; un riche négoçiant vient d’acheter de grandes terresétendues de terrain pour en former des domaines, et ce payscette contrée, jadis fort riche qui futmais devastée par Harald Hårfager, parait destinée a reprendre son ancienne fertilité. Nous arrivâmes à 4 ½ de l’après midi à Stavanger ; où le Prinçe se logea à l’ançien Evêché où l’attendait la garde nationale de la ville dont le seull’uniforme consistait uniquement en un petit bonnet bleu et un
76pantalon blanc. Je remarquai un vieux tambour, énormegros papa digne d’être transmis à la postérité. Nous nous rendimes à notre bâteau pour faire toilette pour le diner, et eûmes le temps Bildt et moi, de visiter avant le repas les curiosités de la ville. Stavanger a 20 000 âmes et s’occuppe de la pêche auxaux] rettet fra: ‹de› ved overskriving hare‹n›gs ; ses maisons sont construites pour ce commerçe là, avec les appartements donnant sur la rue et les magazins de poissons sur la mer ; l’aspect de la ville est Hollandais.
Nous entrâmes d’abord dans l’église ou plustôt la cathédrale, mélange de style Byzantin et gothique. Le chœur est ‹eg› éclairé par une fort belle rosace de vitraux peints ; la chaire et les bancs sont en bois sculpté d’un ouvrage de prix mais abimé par la peinture. Le clergé de la ville attendait gravement le Vice Roi à la porte du temple et nos uniformes leur causèrent une fausse alarme ; ce n’est qu’avec peine que nous obtinmes la permission d’entrer avant lui, le Doyen voulant réserver toute son érudition pour le Prince lui-même.
Nous nous acheminâmes ensuite à travers une infinité de petites rues tortueuses, vers la hauteur, guidés par une haute tour dominant la ville, d’où nous découvrimes une vue fort étendue sur la contrée. Cette tour, où se tient la garde de nuit, est terminée en lanterne. LeLe] rettet fra: ‹Un› ved overskriving Diable boîteux de Le Sage serait admirablement placé ici pour faire des observations sur les habitants de Stavanger dont on voit d’ici tous les toits. Le diner fut servi au clubb de la ville et dura 3 heures et demie ; nous
79avalâmes 14 plats arrosés de fort bon vin, entr’autres du Tockay. J’avais pour voisin à table un Mr Sundt, connu par son mariage avec deux sœurs dont il répudia l’ainée popour épouser la cadette. q Mr Uhland, une des sommités du parti radical à la Diète, assistait aussi au banquet.banquet] rettet fra: banqu‹ait› ved overskriving Mr le Procurateur Thambs proposa une santé pour le Scandinavisme. La chaleur était excessive et les discours d’une longueur assommante, de sorte que ce fut pour moi une vraie jouissance de m’esquiver avec Bildt après la liqueur pour respirer en plein air. La ville était illuminée et nous parcourûmes les quartiers les plus peuplés. Une fenêtre attira particulièrement notre attention. Deux jeunes dames étaient perchées sur le bord de la croisée, le nez collé aux vîtres pour voir le Prinçe à son passage ; pourafin de ne pas brûler leurs robes aux bougies, elles avaient imaginé de les serrer autour des jambes, croyant‹s’ima› pensant sans doute que puisqu’il faisait nuit dehors, personne ne les observerait. Je ne fus pas long à tirer mes crayons de ma poche pour en faire un croquis, mais à peine, les dames m’eurent elles apperçu qu’elles s’élançèrent dans l’appartement et que la vision disparut à nos yeux. –
Guidés par les hurrah de la foule, nous rejoignimes le Prince qui se dirigeait vers le rivage pour s’embarquer, escorté des autorités de la ville ; nous montâmes en chaloupe pour regagner le Vidar après avoir entendu des couplets chantés en l’honneur du Vice-Roi. Le port était couvert d’embarcations, toutes les maisons illuminées, la lune calme et splendide faisait contraste à toute cette 80animation à la quelle participait encore la musique militaire du Vidar et les canons de la ville. Nous levâmes l’ancre à 10 heures et demie, et ne tardâmes pas à regagner nos cabines respectives. Mr Vogt gouverneur de Bergen, partit avec nous pour faire le lendemain les honneurs de son gouvernement.
En me réveillant le 20 Juillet,Juillet] rettet fra: ‹Août› ved overskriving le bâteau entrait dans le Hardanger fjord qui passe avec raison pour un des sites les plus pittoresques de la Norvège. Malheureusement le temps était peu favorable et les montagnes de Folge Fonden n’étaient pas à leur avantage ; on n’en apperçevait que la cime négeuse au dessus des nuages ; mais on me consola en me promettant le spectacle pour plus tard. En effet, comme le Hardanger fjord entoure presqu’entièrement la presqu’ile sur la quelle sont situés ces glaciers, je les vis dans la journée dans toute leur splendeur. Leur forme est du reste ronde et ne peut se comparer pour l’aspect aux glaciers suisses. Ils sont à 5,300 pieds au dessus de la mer. Nous nous arrêtames pour déjeuner à la Baronnie de Rosendal, (un des seuls majorats de la Norvège)Norvège)] høyre parentesbue rettet fra komma ved overskriving appartenant à la famille Rosenkrone. Le rivage était couverts de paysans en costume national accourus des environs pour voir le Vice Roi ; c’était la première fois de vie d’homme qu’un Prince visitait cette contrée, aussi la curiosité était elle extrême. Toutes ces femmes, vêtues de noir avec une grande toque ronde de même couleur et un gilet rouge, faisaient de loin l’effet d’un Régiment formé en bataille. Le Baron Rosenkrone et son frère, tous deux d’assez
82chétive apparançe, vinrent recevoir le Prince àà] rettet fra: au ved overskriving rivagebord pour le conduire à leur manoir une grande bâtisse en pierre sans architecture, mais ornée d’une belle porte sculptée. Ce château, quoique dénué d’intéret sous le rapport des arts, porte un cachet de noblesse et d’ancienneté et les hôtes en firent les honneurs avec une certaine distinction. La mère du propriétaire actuel et deux vieilles sœurs, attendaient au salon et l’on passa bientôt dans la salle à manger où fut servi une collation que j’abandonnai bientôt pour prendre possession d’une fenêtre au rez de chaussée et dessiner quelques femmes en costumes rassemblées dans la cour. Mr Rosenkrone possède deux ou 3 tableaux de prix peints par Gude et Frick. Après le déjeuner, le Prince fit une promenade dans le jardin, où mûrissent des noix et des abricots en plein vent ; on nous fit remarquer aussi, comme preuve de la douçeur du climat, de fort beaux pins d’Amérique.
Nous continuâmes notre navigation par un ‹beau›brillant soleil et jouimes pleinement de la beauté du paysage qui se déroulait à nos yeux. Le Hardanger fjord rappelle les lacs Suisses ; partout des montagnes à pics garnies de verdure ; de temps en tems des cascades se jettent avec bruit dans la mer, plus loin des chaumières placées pittoresquement au sommet de collines fertiles, partout un air de bonheur. C’était un Dimanche, et les bâteaux à rames remplis de monde revenant de l’Eglise, donnaient de la vie à ce charmant tableau.
Vers midi, nous entrâmes dans le Sørfjorden et fimes une halte de deux heures à Utne petit hameau perché sur le flanc d’une
85verte montagne où le Prince voulut faire une étude dede] rettet fra: du ved overskriving paysage ; je préférai dessiner quelques unes des paysannes qui s’étaient grouppées autour dudu] rettet fra: de ved overskriving l’ Royal artisteRoyal artiste] rettet fra: artiste Royal ved ombyttingstegn et le contemplaient avec curiosité. Les hommes portent le costume de marin et vivent du produit de leur pêche et de leur navigation. Le saumon se prend ordinairement au filet ; on choisit une petite baie resserrée dont on peut fermer l’entrée;entrée] rettet fra: ‹…› ved overskriving dès que le poisson y a pénétré ; le pêcheur, perché sur la hauteur et l’œil fixé dans la profondeur de l’eau, relève, dès qu’il voit sa proie cernée, rapidement le filet couché au fond de la mer, et le saumon est ensuite harponné. Cette manière de pêcher éprouve la patience du pêcheur qui souvent passe une journée entière sans détourner le regard de l’eau pour ne pas manquer sa proie. Après avoir terminé notre halte artistique par un bain au quel assistait de loin la population ingénue d’Uttne, nous remontâmes sur le Vidar pour diner, entourés de collines boisées et riantes que dominaient des montagnes couvertes de neige. En arrivant à l’église d’Ullensvang, nous vimes le rivage si couvert de monde que le Prince se décida à descendre à terre ; il y fut reçu par les hurrah de 4 à 5000 personnes toutes en habits de fête. Le Pasteur, Mr Landemark, vint en son nom et en celui de ses collègues, (plusieurs prêtres des paroissesparoisses] rettet fra: paroissent ved overskriving og overstrykning environnantes)environnantes)] høyre parentesbue rettet fra komma ved overskriving supplier le Prince d’accepterd’accepter] rettet fra: deaccepter ved overskriving le diner qu’ils avaient préparé en son honneur. Nous reçûmes ‹…›en conséquence l’ordre de diner une seconde fois etou de faire semblant de manger, et l’on s’achemina auvers le presbytère. Je parvins pourtant à me dispenser de cette corvée et m’esquivais avec Sandels et le PhotografePhotografe] rettet fra: Photografiste ved overskriving og overstrykning 86charmé de remplaçer la fourchette par le crayon. Je fis plusieurs croquis de costumes et trouvai partout des modèles pleins de bon vouloir. Les jeunes paysannes se disputaient l’honneur de poser pour moi. Il va sans dire que j’avais une centaine de curieux sur mes épaules, prouvant par leurs exclamations et leurs éclats de rire, le plaisir qu’ils trouvaient à mon œuvre. Je ne rejoignis le Prince au Presbytère que pour le café et me trouvais au milieu d’un essaim de jeunes filles en robes blanches ; c’étaient les demoiselles de Mrs les Pasteurs, qui avaient aussi assisté au diner, ainsi que 2 ou 3 paysans et paysannes influents dont le riche costume faisait très bien dans le salon de leur Pasteur. Un vieux paysan, Knud Oppedal, attirait l’attention par la richesse de son costume et la distinction de sa physionomie ainsi que plusieurs autres familles du pays, les Oppedal descendent d’ançiens Rois Norvégiens et sont très fiers de leur origine. La famille Haga illustrait aussi la fête ; l’un des frères est Député à la Diète.
Sur la pelouse devant la porte du presbytère, un joueur de violon faisait danser les jeunes filles et les garçons. – Je remarquai que la pluspart des danseuses étaient jolies, et dessinai à la demande de Bildt la belle Martha Eversdotter. Le Prince, charmé de l’accueil cordial qu’il avait reçu à Ullensvang, invita toute la société à faire une promenade dans le fjord sur son bâteau à vapeur. Les dames prirent à la hâte un schawl et s’embarquèrent, ravies de la bonne avanture. La plus grande partie des la invités n’avaient jamais vû un bâteau à vapeur. Aussi vit on s’ouvrir de grands yeux quand le Vidar levant son ancre, s’avança tout seulde lui même dans la profondeur du Sørfjorden au son de la musique militaire. La soirée était délicieuse quoiqu’un peu fraîche pour les blanches épaules de ces dames, aussi une invitation à la danse fut elle acceptée
89avec ravissement. Les papas et les mamans, qui ne dansaient pas, furent affublés de nos manteaux et capotes militaires, les cabarets de pounsch circulèrent, et bientôt le plaisir fut général. La musique, raisonnant au milieu de ces rochers et de ces cascades, faisait un effet magique et jamais ballet ne fut donné dans un salonà l’opera avec des décorations plus pittoresques. Le Prince, qui avait dans sa cabine une corbeille de fleurs de Ladegårds øn, offrit galamment à ces dames un bouquet de son jardin en leur demandant en échange des fleurs d’Ullensvang. Après une coursenavigation de deux ou 3 heures, la soirée fut terminée par un feu d’artifice qui fut accueilli avec enchantement ; jamais ces bonnes gens n’avaient rêvé pareille fête ; et quand, entre les fusées et les chandelles Romaines, un feu de Bengale venait jetter sur la société sa flamme fantasmagorique, toutes les physionomiesphysionomies] rettet fra: phisionomies ved overskriving exprimaient le ravissement. Parfois cette clarté subite venait éclairer d’innocents mystères. Ainsi l’on pût voir Grimsgaard, sous pretexte de retenir le chapeau de bergère de Mlle Landemark lui passer le bras autour des épaules, où Dahll presser la petite main de Mlle Jaeger probablement pour la rassurer. Enfin vers minuit, la société fut débarquée de nouveau à Ullensvang, fort contente de sa soirée qui, j’en suis assuré, restera gravée toujours dans les annales de la paroisse. Notre bâteau jetta l’ancre à quelque distance de là pour continuer le lendemain sa coure vagabonde.
90En me réveillant, je suivis l’exemple quotidien de Falsen et m’élançai par dessus la rampe du bâteau dans la mer pour prendre un bain ; c’est une manière aussi prompte que rafraichissante de faire sa toilette du matin. Le Vidar était ancré à Ulvik où nous séjournames jusqu’à 9 heures avant midi, attendant que les nuages se dissipassent pour ne rien perdre de la vue de la contrée. Les montagnes sont ici arrondies et cultivées jusqu’au sommet – aussi la population est elle ici très nombreuse et l’aspect du pays gai et fertile.
Enfin nous appercûmes le soleil et presqu’en même temps Mirapi, la corvette du Prince d’Orange, qui revenait de Vik à l’extrémité de Eidfjord d’où le Prince avait fait une course à cheval jusqu’à Vøringsfos, chûte d’eau qu’on dit fort remarquable. Notre Prince alla faire visite à son neveu à bord ; celui-ci n’avait pû supporter les fatigues de sa course à cheval de la veille et se trouvait indisposé. Nous ne vimes que Mr de Castembrote son gouverneur et le Commandant de la corvette et l’on se quitta en se donnant rendez vous pour le soir à Bergen. Nous revimes ce jour çi les rives d’Utne et de Rosendal en passant, et quitt‹…›âmes avec regret le Hardanger fjord pour entrer dans le Strandefjorden où l’on pénètre par un golfele Sundfjord, détroit extrêmement resserré et dont les parois sont entremêlées d’arbres et de verdure. En approchant de Bergen, la nature changea d’aspect et nous retrouvâmes un archipel de petits ilots de rochers extrêmement triste ; le temps était à l’unisson du paysage, pluvieux et froid. Nous n’arrivâmes dans le port de Bergen qu’à 11 heures et demie du soir. Le port était couvert d’embarcationsd’embarcations] rettet fra: d’embarquations ved overskriving 91de toutes grandeurs rempliesremplies] rettet fra: remplis ved overskriving de curieux. Une espèce de gondole pavoisée et montée de 19 rameurs en costume blanc, attendait l’arrivée du Prince pour le conduire à terre. Cette gondole, également blanche avec des ornements dorés, avait été fait construite exprès pour la circonstance, aux fraix de la ville. Les rameurs, pour tromper l’ennui d’une longue attente et pour se réchauffer, avaient bû un peu trop ; ils ne surent ranger à temps leur embarcation lorsque le Vidar entra dans le port, et bâteau et équipage futrent culbutés dans la mer ; 18 hommes furent repêchés de suite et l’on retrouva le 19me plus tard sain et sauf, mais cet accident fit sur nous une impression désagréable et gâta notre brillante entrée à Bergen. Le Vice Roi monta sur la gondole des citoyens délégués à sa rencontre, et sa suite se contenta des canots du Vidar. Le débarcadère, construit également pour la circonstance et pavoisé de drapeaux et de fleurs, se trouvait sur le marché aux poissons où attendait une foule immense. Cette partie de la ville (Tyska Bodarne) où l’on débarque, a un aspect très original ; toutes les maisons peintes en blanc, hautes et étroites, terminées en pignons en angle aigu à la manière Hollandaise, faisaient à la lueurs des torches et des flambeaux l’effet d’une longue rangée de tentes. Séparés dès le debut du Vice Roi que poursuivait une foule enthousiaste, nous eûmes grand peine à nous frayer passage jusqu’à la Résidence du Général Holk Commandant de la ville où le Prince devait loger. 92Après avoir assisté aux présentations des diverse Corps et corporations de Bergen, – Un des membres du comité de réception, le Raadman Bonnevie se chargea de ma personne, et me mena au logis qui m’était préparé chez un des riches Négociants de la ville Mr Frederic Mohn. J’y trouvais salon et chambre à coucher et ne tardai pas à jouir d’un bon lit, comfort auquel je n’étais plus habitué. Je rendis le lendemain visite à mon hôte qui est vieux garçon, et dont le ménage est tenu par une Dame d’une 30ne d’années, sa parente. Il me fit un accueil très affable, me montra une table splendidement garnie de volailles, viandes froides, et bouteilles et cigarres Havanes et me pria d’en user à mon bon vouloir.
Sa ménagère me fit monter au grenier pour me montrer les richesses de la maison consistant en une immense quantité de morues sèches dont l’odeur embaumait toute la maison, du reste meublée avec luxe. En regardant par la lucarne, je pus jouir du coup d’œil original qu’offre la ville de Bergen – cité Hollandaise, entourée de montagnes Suisses, et peuplée de 40 000 âmes tous plus ou moins pêcheurs ou marchands de morue et de hareng, qu’ils exportent dans toutes les parties du monde[.]
Mon hôte me disait que vers l’automne, lorsque les pêcheurs de morue (Nordländningar) reviennent de leur expédition dans le Nord avec leurs bâtiments chargés, les 93marchands qui veulent faire des affaires avec eux sont forcés de les loger et héberger pendant tout leur séjour à Bergen où ils font bombance et se dédommagent de toutes les privations qu’ils ont essuyées – Comme ces pêcheurs reviennent tous à la même époque, chacun veut surpasser son voisin pour l’hospitalité et attirer ainsi chez lui les vendeurs. – Ces barques de pêche sont construites comme les anciens bâteaux de pirates Scandinaves ; elles n’ont qu’un avantarrière pont.
J’allai rejoindre Bildt dans son logement qui était encore plus splendide que le mien. Son hôte était aussi garçon et négociant ; il se nommait Martens. Nous fîmes une promenade de deux ou 3 heures et explorâmes la ville dans tous les sens. C’est du fort de Frederiks berg que l’on a la vue la plus complette sur la ville qui, par sa position pittoresque, l’originalité de ses habitations et de ses mœurs, a une couleur locale tout à fait exeptionnelle. Bergen est à mon avis beaucoup plus intérressante que Christiania. Ses rues sont peuplées, son port a une grande animation – il y a de la vie partout.
94Nous suivimes la rue la plus élevée, qui domine la ville, et dans laquelle se trouvent les établissements publics, églises et hôpitaux parmis les quels je citerai l’Hospice de St Georges où sont les lépreux ; nous vimes aux fenêtres plusieurs de ces malheureux, le visage à moitié rongé par cette dégoutante maladie, qui est assez commune dans cette contrée. La lèpre est envisagée comme incurable ; elle est héréditaire, mais saute souvent une génération et peut se prononçer à tout âge. Une loi a été proposée pour interdire les mariages des membres de famille attaquée de cette affreuse maladie, mais n’a pas passée à la Diète.
Bergen offrait ce jour çi un diner à Leurs Altesses le Viçe Roi et le Prince d’Orange à‹u› la ci-devant Loge des Francs-maçons. Une douzaines de voitures stationnaient toute la journée dans la cour de la Résidence royale à la disposition des Princes et de leur suite.
Nous nous rendimes au banquet à travers une foule compacte et enthousiasmée dont les cris de joie étaient étourdissants. La facade de l’anciennel’ancienne] rettet fra: L’ancienne ved overskriving loge des frans maçons était ornée de drapeaux et de fleurs et un magnifique jet d’eau avait été construit pour la fête au milieu de la place, qui, pendant tout le repas, fut couverte d’une foule d’habitants serrés les uns contre les autres, épiant l’occasion de voir le Prinçe pour lançer dans les airs leurs hurras approbateurs. La ville de Bergen avait vôtévôté] rettet fra: vôt‹…› ved overskriving pour amuser le Vice Roi pendant son séjour dans ses murs la somme de 30,000 Speciedaler (120,000 francs). Le menu du diner se composait 95de 28 plats formant un assemblage des produits gastronomiques de toutes les parties du monde – Tortues, chevrueils, ananas, rennes sauvages, vins de Constancia, de Françe, d’Espagne, du Rhin, rien n’y manquait. Parmis les sommités qui portèrent les toasts divers, je çiterai le Gouverneur Stifts amtmannen Schütz –, les commissaires de la fête Mrs Bonnevie, Smith et Faye, dont le premier tint un assez mauvais discours en l’honneur du Prince d’Orange qu’il sermonnisa, en lui montrant par l’Exemple du Vice Roi son parent, combien il était doux d’être aimé de ses sujets ; il l’exhorta à être bien sage pour devenir aussi populaire lui même dans son pays – – – –
Il se trouvait parmis les membres du banquet de drôles physionomies : l’Evêque BiersgaardKjerschow tête et corps de chanoine, le Bourguemaître Lassen, vieille relique de bois mal sculpté – Le Capitaine de la ville (Stads Hauptman) fier de son emploi et portant sur son antique
97tricorne un plumet blanc de 3 pieds de haut. – Nous fûmes plus de deux heures à table et nous terminâmes la soirée au théâtre où la prima donna réçita un beau prologue en l’honneur du Viçe Roi ; on joua aussi un vaudeville (n‹…›). La troupe des acteurs était composée de Norvégiens, et les habitants de Bergen paraissaient très fiers de ce détail. En effet c’est la première fois que cela s’est vû, la carrière dramatique ayant jusqu’ici étée envisagée comme incompatibleincompatible] rettet fra: incomp‹…› ved overskriving avec le caractère national, et réservée aux Danois dont le langage et les manières ont plus de souplesse.
Cet essai me parut assez mal réussi. Les acteurs étaient lourds et gauches.
Une collation nous attendait au foyer après le spectacle, souper de 16 plats – somme totale de la journée 44 plats !
Le jour suivant 23 Juillet, j’accompagnai le Prinçe au marché des poissons ; il désirait y assister incognito et avait demandé un petit bâteau, mais Mr Smith, désireux de produire la gondole qui avait eû si peu de succès à l’arrivée, l’avait fait revenir aujourd’hui. Comme cette somptueuse embarquation eût de suite trahitrahi] rettet fra: ‹…› ved overskriving l’incognito, le Prince la congédia, en ‹p›romettant‹p›romettant] rettet fra: ‹le› ved overskriving aux rameurs pour les consoler, qu’ils auraient l’agrément de le conduire plus tard dans la journée au Mirapi où il devait diner.
Nous nous rendimes au marché à pied et jouimes là d’un spectacle fort amusant ; les vendeurs ‹s›e‹s›e] rettet fra: ‹…› ved overskriving tiennent dans leurs bâteaux offrant leurs poissons aux Dames et cuisinières de la ville qui se promènent sur le quai. La distance entre les interlocuteurs nécessite une 98élévation de voix ; plus l’un crie, plus son voisin est obligé de crier, aussi chacun crie t’il à tue tête ; c’est un bruit épouvantable ; au milieumilieu] rettet fra: ‹…› ved overskriving de toutes ces paroles, il et impossible d’en entendredistinguer une. Toute cette mondefoule se démène et gesticule avec une vivacité toute méridionale. L’on se croit sur le quai de Ste Lucie à Naples. Comme on commençait à reconnaître le Vice Roi, nous nous réfugiâmes dans une maison à balcon pour continuer nos observations ; le propriétaire, Mr Dahll, qui ne connaissait pas l’hôte illustre au quel il faisait l’honneur de son balcon, fut confondu lorsqu’en le quittant je lui glissai son nom à l’oreille. Le pauvre homme était desespéré d’avoir manqué l’occasion de présenter sa femme – ; il se repentait de n’avoir pas assez regardé le Prince, enfin il faisait pitié à voir.
Ce marché se tient tous les Mercredi et Samedi au triangle, sur le port. Après une promenade avec Hanssen et un Daguèreotypiste son confrère, dans la quelle j’indiquais à ces Messieurs les points de vue à prendre, et visitai l’atelier de ce dernier où je vis de charmants costumes Nationaux au Daguéreotype, je rentrai pour m’habiller et accompagnai le Prince au Mirapi, qui stationnait dans un port extérieur, à une demi lieue de la ville.
Nous fûmes reçus par le Prince d’Orange et ‹s›es officiers, et l’on nous servit un fort bon diner. Ce jeune Prince a 16 ans, mais parait plus agé. Il a des dispositions à la corpulence et parait trop flegmatique pour son âge. Il fit les honneurs de son diner avec tact et affabilité et proposa très bien un toast
100pour le Roi et la Reine de Suède. Le Viçe-Roi, qui n’avait bû qu’à la santé du Roi de Hollande, s’empressa de réparer son oubli et dit que comme dans son pays on réservait toujours le meilleur pour la fin, il buvait à la santé de la Reine de Hollande.
Le soir, il y avait grand bal en ville ; j’y fis la connaissance de Mmes Hesselberg, Thoresen, Skræder & et conduisit à souper, qu’on prit assis, la fille du Général Holk[,] femme d’un certain âge, mais dont la conversation me fit trouver le temps moins long. Les dames de la société de Bergen ne sont moinspas aussi jolies que les femmes du peuple. Autrefois ville anséatique, Bergen compte beaucoup de familles allemandes dans sa bourgeoisie, et le sang ne parait pas avoir gagné au mélange. Bildt et moi nous promenâmes après le bal dans les rues, qui étaient illuminées chaque soir, et je ne rentrai qu’à 3 heures du matin. – Mr Mohn mon hôte, me proposa le lendemain une partie à sa campagne, située près d’Aarstad, plaçe d’exerciçe militaire où le Prince passait aujourd’hui en revue le corps de Bergen.
Nous nous y rendimes dans un petit char de famille à un cheval ; arrivés hors des portes de la ville, j’offris mon bras à la gouvernantegouvernante] rettet fra: gouvernan‹d› ved overskriving ‹;› Mr Breda, le neveu de mon hôte, offrit le sien à sa fiançée, et nous continuâmes la route à pied par un sentier fort agréable, qui passant au pied des montagnes d’Ulrika et de Blaaman, nous conduisit en une demi-heure à l’habitation de Mr Mohn où nous rejoignit bientôt toute sa famille, consistantconsistant] rettet fra: ‹…› ved overskriving en ‹un› bon nombre de frères, neveux et nièces avec leurs enfants. Nous primes du chocolat en
102regardant de loin l’exercice et vîmes l’un des chefs tomber de son cheval au moment du défilé ; je pris une vue de Bergen et de ses environs qui forment d’ici un fort beau panorama et m’esquivais de la société sans mot dire, pour revenir seul à pied en ville. – Les routes étaient remplies de monde de toute classe se rendant ou revenant de l’exercicela revue. Ce jour çi, c’était le gouverneur de la ville, Stifts amtsmannen Schütz, qui offrait un diner. N’ayant pas une salle à manger assez grande pour la circonstance, il l’avait remplaçée par une espèce de grange dont les parois étaient décorées avec beaucoup de goût paravec d’ornementsd’ornements] rettet fra: des ornements ved overskriving og overstrykning de feuillage de sapin ; c’est sans doute aux blanches mains de sa petite fille, que Mr Schütz devait ces décors. Nous vimes cette fée de 17 ans venir, rouge d’émotion, prendre plaçe en façe du Vice Roi et baisser les yeux avec modestie toutes les fois qu’on parlait du bon goût des ornements de la salle. Il se trouvait parmis les invités un artiste Prussien, Mr Hildebrandt, revenant d’un voyage au Cap Nord ; je lui donnai une lettre pour Stockholm[.]
Le temps, qui avait été superbe pendant le séjour du Prince à Bergen, changea peu avant son départ dans la soirée, comme pour lui offrir un échantillon du climat ordinaire de la contrée. Sur 365 jours de l’année il pleut 300 jours, Au bout de 80 heures sans pluie, tout sèche et déperit et les peuple esthabitants sont si habitués à l’eau, qu’il n’ont pas l’air de s’apperçevoir des averses qui leurleur] rettet fra: lui ved overskriving tombent sur le doz et que nous part‹a›geâmes ; lorsque le soir à 10 heures, 103nous traversâmes à pied les rues qui séparent la Citadelle du Triangel pour nous embarquer. Jamais je ne vis ondée plus abondantes et reçue en si grande société.et reçue] tilføyelse i tilføyelsen
Nous revimes avec plaisir notre Vidar ainsi que Sandels qui ne l’avait pas quitté pendant tout son séjour dans le port de Bergen ; Soit timidité soit dégoût des hommes, Sandels évite tout ce qui a apparançe de fête, et se tient caché dès qu’il faut paraître.
Bergen est une ville essentiellement maritime ; son port ne gèle presque jamais et ses communications en hiver ne se font que par eau, les routes étant presqu’impraticables.
Un négoçiant me disait qu’obligé de se rendre à Christiania pendant un hiver que la mer était exceptionellement gelée, il avait manqué périr plusieurs fois en route. Pour passer les montagnes, il s’était ferré à pointes aux genoux, aux pieds et aux mains ; le guide lui attachait une corde autour du corps et lui montrait le chemin. Il faut faire 16 milles à l’avanture, avant de trouver la grand route.
On trouve des troupeaux de rennes sauvages à 3 milles de Bergen et mon voyageur en avait compté des centaines. Quelquesfois il voyageait à cheval et passait ainsi des ponts jetés à la hâte à travers un précipice, chose qu’il n’eût voulu risquer de faire à pied mais que l’animal accomplissaitaccomplissait] rettet fra: ‹…› ved overskriving en dormant à demi. C’est dans cette contrée çi qu’on voit les chevaux descendre des échelles, lorsque les rochers sont trop 104perpendiculaires pour les descendre d’une autre manière. C’est du moins ce que l’on m’assure
Le 25 Juillet, jour qui suivit notre départ de Bergen, nous entrions dans le Sogne-fjorden. Les brouillards et la pluie nous contrariâmes jusqu’à 11 heures du matin ; plus tard, le soleil perçant les nuages, jetta sur les montagnes environnantes des effets fort piquants. Nous apperçûmes dans le lointain les cimes de Jostedals-bræ couverts d’une neige éternelle, des rives escarpées d’où s’échappaient des cascades ; à l’horizon toujours des paysages nouveaux. Nous nous trouvions sur une terre p‹oe›tique, chantée par Tegnér – la patrie de Frithiof et d’Ingeborg. Le diner fut servi à bord vis à vis de Framnäs et le Prinçe, inspiré sans doute par la localité proposa en fortfort] rettet fra: ‹vers› ved overskriving beaux vers un discours à la mémoire des héros qui avaient immortalisé ces rivages. Nous descendimes à terre pour peindre le paysage grandiose qui s’offrait en façe de nous ; la chûte de Qvinde forss
106entourée de majestueuses montagnes.
Pendant que le Prinçe et moi peignons, quelques uns des nôtres avaient exploré les environs, et l’étude achevée, nous visitâmes à notre tour le fruit de leurs découvertes. Le tombeau de Frithjof et d’Ingeborg est placé près de l’Eglige de Vangsnæs, misérable petit temple en bois vermoulu, dontdont] rettet fra: don‹…› ved overskriving l’intérieur mal éclairé est peint grossièrement d’arabesquesd’arabesques] rettet fra: avec des arabesques ved overskriving og overstrykning et desd’animaux et porte l’empreinte d’une humble pauvreté. Cette église, qui contient à peine 200 personnes, me fit plus d’impression par sa simplicité chrétienne et son clair obscur mystérieux, que maint temple riche et prétentieux. – Plusieurs tumulus antiques, contenant les mânes de hérosde héros] rettet fra: d’héros ved overskriving scandinaves illustres, mais oubliés par la posterité, furentfurent] rettet fra: ‹v›urent ved overskriving visités aussi. Le peuple ici parait pauvre et les costumes s’en ressentent ainsi que les habitations qui ont un aspect malpropre. La terre est mal cultivée. Plus tard dans la soirée, nous fimes de nouveau une descente à terre à Lunden, d’où nous nous rendimes en petit bâteau à Nornæs pour voir 3 pierres druidiques. Arrivés à notre destination, nous traversâmes par l’obscuritépar l’obscurité] flyttet fra linjen under un misérable hameau de pêcheurs, et fûmes conduits sur la hauteur où perchaient majestueusement les pierres historiques en question. L’une d’elles ‹à› a 30 pieds de hauteur sur 3 pieds de largeur et 4 pouces d’épaisseur. Lorsque le vent souffle avec violençe, la pierre se balançe comme un sapin. On a peine à conçevoir par quel moyen elle a eté plantée là. Il était 9 heures du soir et la lune, qui se levait éclairantéclairant] rettet fra: éclairait ved overskriving ces monuments mystérieux, les rendait encore plus grands et plus imposants.
108Nous étions tous rangés en silençe autour de ces espèces de pyramides fantastiques et livrés à nos reflexions ; quand de derrière l’une d’elles s’avanca lentement une jeune fille vêtue de blanc nous crûmes d’abord à un fantome ; – – je m’approchai d’elle pour examiner cette nymphe druidique qui semblait apparaître à point pour l’effet de la scène, mais fus fort désapointé quand aux rayons de la lune, j’apperçus un visage défiguré par la lèpre ; elle me demanda d’un accent nasal et plaintif une petite aumône. C’était la fille de notre guide. « Elle a la maladie nous dit il tristement, et j’irai la conduire à l’hospiçe de St Georges la semaine prochaine » !
En remontant à bord, nous primes le thé dont nous jettâmes les débrisdébris] rettet fra: débrits ved overskriving aux pauvres habitans des environs qui, avertis de l’arrivée du Prinçe, étaient accourus dans leurs petits bâteaux pour le voir. Leur ignorance et leur étonnement à la vue des objets les plus usités était frappante – ; on se croyait parmis des sauvages – Le Prince leur fit une distribution de cigares – Est ce bon à manger ? demandaient ils. – Notre musique exécuta plusieurs morceaux d’Opéra que répétaient les échos d’alentour ; nous nous trouvions comme encaissés dans des rochers perpendiculaires et l’aspect de la scène éclairée par la lune, était singulièrement sauvage. Notre Capitaine fit tirer deux coups de canon en avertissant la foule des visiteurs que c’était le signal de la retraite, et chacun rentra paisiblement dans son gîte.
À mon réveil le 26 Juillet, le bâteau à vapeur était ancré dans la baie de Kaupanger, dont les rives sont boisées et riantes. J’apperçus
110plusieurs jolies habitations. La plus riche appartient à Mr Knagenhjelm que nous vimes bientôt arriver à bord avec une cargaison de bouteilles de bièrre de Kaupanger qu’il venaitvenait] rettet fra: ven‹…› ved overskriving offrir au Prince. Cette bièrre, qui a une certaine réputation dans le pays, est extrêmement forte et se boit dans des verres à pied. Le Prinçe invita Mr Knagenhjelm à nous accompagner pendant la journée et nous continuâmes notre voyage par un fort mauvais temps. Nous eûmes parfois des intervalles ; ainsi vers les 10 heures, nous pûmes descendre à terre et visiter la campagne du Capt. Munthe à Kroken, située sur une colline verte et entourée de hautes montagnes au sommet de neige de 4000 pieds. Mr Munthe nous vanta la douçeur du climat qui, l’hiver, a rarement au dessus de 10 degrés au dessous de zéro.Le Lystre fjord est environné de montagnes d’une coupe extrêmement hardie et pittoresque[.] La cascade de Feigumfos qui se jette dans la mer au pied du pic de Berghjemsnæsen forme un tableau remarquable. – Devant, dès notre arrivée à l’extrémité du fjorden, nous mettre en route pour une expédition de plusieurs jours dans l’intérieur de la contrée, nous passâmes une heure ou deux de la journée à faire nos préparatifs et notre toilette de voyage. Chacun apparût en costume de fantaisie approprié à la circonstance. L’un en grandes bottes à l’écuyère, l’autre en manteau de toile cirée ; pour moi je m’étais mis au chaud, sachant que nous devions traverser des glaçiers, et j’avais rempli ma gourde d’excellent cognac. Nous débarquâmes à Eide à l’extrémité du Lysterfjorden, à 1 heure ; et pendant qu’on chargeait les chevaux, le Prince accepta un déjeuner offert par les notables de l’endroit, – parmis les quels je fis la connaissance du Soerenskrifver Krebs qui nous suivit le lendemain à travers le Sognefjeld, et fut un très agréable compagnon de voyage.
Side 111 og 112 er blanke, trolig satt av til illustrasjoner.113Le costume des habitans d’Eide n’a plus la richesse de ceux de Hardanger. Les femmes portent une jacquette bleue et une coiffure blanche ; les hommes ont le bonnet de laine rouge et affectionnent beaucoup les boutons de métal.
Comme nous avions encore deux heuresrudes milles à cheval à faire dans les montagnes avant d’arriver à Upthun où nous devions passer la nuit, nous enfourchâmes nos montures de suite après le déjeuner, et toute la caravane se mit gaiement en route au grand trot, escortée d’une troupe de paysans également montés. Nous formions un petit escadron d’environ 25 hommes à la file les uns des autres. Les chevaux sont petits mais intelligents et vigoureux. On peut hardiment leur confier sa vie dans les passages les plus périlleux.
Nous remarquâmes de loin les pics monstrueux de Skjølden et nous nous enfonçâmes bientôt dans la vallée de Fortun. Tantôt le chemin suit la crête d’une montagne escarpée au dessous de la quelle est un abime, tantôt il 114il descend des rochers nus et glissants. Quelquesfois il traverse des torrentstorrents] rettet fra: torren‹s› ved overskriving enflés par la pluie et dont le courant semble infranchissable – Jamais je n’avais été à pareille fête.
Nous étions à 5 heures du soir à Optun, petit hameau composé de 3 ou 4 habitations de paysans, perché sur des rochers sauvages tout près d’une fort belle cascade. Pendant qu’on préparait le diner et déchargeait le bagage de nos montures, le Prince et moi fimes une étude de ce paysage. Nous avions pour premier plan du tableau notre gîte pour la nuit, 115chaumière assez propre, dont la cour encaissée dans les rochers était remplie de chevaux de paysans et de jeunes filles.
Marie Uptun, la fille cadette de la maison, me tint compagnie pendant mon croquis et fut croquée à son tour à sa grande satisfaction. Je la questionnais sur ses occupations et ses plaisirs ; elle me fit un récit assez mélancolique du long hiver qu’elle venait de passer, filant continuellement, sans espoir de jamais voir autre chose que lala] rettet fra: les ved overskriving sauvages rocherscontrée qu’elle habitait. Cette pensée de ne pouvoir contempler un peu au delà de son horizon de montagnes ce qui se passait dans ce monde habité dont elle avait entendu parléer, lui paraissait extrêmement triste, et notre gaie caravane 116lui semblait pour cette jeune fille de 17 ans être un échantillon de cette vie qu’elle ignorait. Aussi épiait elle avec une naive curiosité toutes nos actions et nos paroles. J’aimerais bien vous suivre en voyage et aller avec vous jusqu’à la mer me disait elle – Que ferais tu vers la mer ? – Je m’embarquerais pour l’Amérique ; on dit que chacun y est riche et heureux.
Stort blankt felt på siden, trolig satt av til illustrasjon.Après le diner, qui fut copieux je me sentais échauffé, et fis une promenade solitaire me dirigeant du côté de la cascade. Le chemin que je dus parcourir était fort marécageux et difficile, mais je fus amplement dédommagé de mes peines par la beauté du spectacle, je restai une demi heure assis sur un roc dominant l’abime et contemplai la masse d’eau battant avec fureur de sa blanche écume les rochers qui mettaient entrave à son cours. Le crépuscule me força à regagner la société que je trouvai occupée à chercher chacun son lit. Les logements étant placés dans 3 differentes maisons, je ne trouvai le mien qu’après avoir parcouru tous les autres et suivis bientôt l’exemple de mes deux cammarades de chambrée Bildt et Næser, qui dormaient déja d’un profond sommeil[.]
117Nous avions une course pour le lendemain calculée ordinairement pour 22 heures d’équitation. Une fois en route pour traverser le Sognefjeld, il fallait continuer jusqu’à Lom ou rebrousser chemin, vû qu’il ne se trouvait entre d‹…›eux aucune habitation où le Prinçe put passer la nuit. Ce trajet est parfois fort dangereux et même impraticable par les ouragans, aussi l’avait on vivement déconseillé au Prince ; mais l’attrait du danger et des avantures avait justement décidé le Pr‹ince› celui ci à l’entreprendre de préférence à tout autre.
Le départ fut fixé à 2 heures et demie du matin et nous étions levés une heure plus tôt pour faire nos préparatifs. M’habillant à la hâte dans une demi obscurité, j’avais par mégarde pris un des bas de Bildt. Celui-ci passa une demi heure à le chercher en vain ; à la fin il trouva un bas bleu ; comme il en portait des rouges il s’apperçut du mésentendu et tempêta fort contre moi ; le Prince le tranquillisa en lui tirant de sa valise une paire de chaussons. blancs.
Après une heure et demi de marche, nous fimes une petite halte pour laisser reposer nos chevaux[.] Nous nous trouvions dans la région des neiges ; de loin les pics du Horung tinderne élevaient dans les airs leurs pointes dentelées ; sur le second plan un torrent d’eau glacée se précipitait dans la vallée. Ici toute végétation cesse ; on ne foule aux pieds que du roc, de la neige ou de la mousse de Rennes. La route, si je puis appeller ainsi l’espèce de sentier escarpé dont on retrouve de temps en temps 118les traces, est fort pénible à gravir. J’essaiai de temps en temps de marcher, mais ne pus longtemps suivre sans m’essouffler, le pas des chevaux qui est extrêmement rapide.
Nous continuâmes pendant quatre heures sans nous arrêter, traversant parfois des torrents à gué parfois sur des ponts fort pittoresques mais assez hazardés, ayant dans le lointain les montagnes de Smørstabtin moins hardies de forme que les Horungtinderne, et fûmes agréablement surpris, au milieu de cette solitude continuelle, d’apperçevoir tout à coup au détour d’une colline, une tente hospitalière dressée à notre intention et t‹o› entourée de montagnards accourus des environs. Mr Collett, le gouverneur de la province, s’avanca touttout] rettet fra: ‹…› ved overskriving gelé‹e› pour souhaiter la bien venue au Prince. Le pauvre homme, qui était arrivé la veille, avait passé la nuit sous la tente, sans s’être muni de vêtements chauds, 119ou de nourriture pour tromper les ennuis de l’attente. Les gens chargés de préparer le déjeuner du Vice Roi avaient refusé net d’entamer les provisions en sa faveur ; et le gouverneur attendait à jeun et àpar le froid et avec une impatience excusable notre arrivée. Aussi fit il honneur au déjeuner et se versa t’il une forte rasade d’eau de vie pour se remonter le physique, mais, peu habitué à cette boisson, il en fut tout étourdi et n’eut pas sa tête à lui pendant tout le reste de la journée. – Midfjelds, où se passait la halte sous la tente, est dans le voisinage de p‹…› deux petits lacs de montagne. En façe s’éleve majestueusement les montagnespics de Foneranken dont les glaçiers verdâtres
Stort blankt felt på siden, trolig satt av til illustrasjon.et crevassés me rappellaient ceux de Grindelvalden en Suisse, moins la végétation dans les alentours qui manque tout à fait ici.
Nous remontâmes à cheval à 9 heures, et suivimes la vallée de Bæver d’abord très resserrée et dont 120les parois formées de blocs de rochers noirs, sontsont] rettet fra: ‹est› ved overskriving d’un aspect fort sinistre. Au milieu, coule la Bævra, torrent d’une be‹…› eau verte et transparente. La route, en approchant des lacs de Holdalsvand qu’elle côtoie en suivant le flanc d’une montagne fort escarpée, prend un caractère plus gai. Les arbrisseaux reparaissent, et les tons vert-olive ou rouges des genévriers et des osiers sauvages, repoussent avantageusement les lointains couverts de neige qu’on appercoit à l’horizon.
Le Prince mit son cheval au galop ; nous avions pris des chevaux fraisfrais] rettet fra: fraix ved overskriving à Midfjelds, et l’escorte de paysans qui avait bien déjeuné aussi, poussait des hou‹…›hscris continuels pour encourager leurs montures. Aussi le voyage s’exécuta t’il grand train pendant près de 3 heures, sans aucun égard pour les côtes plus ou moins rapides ou glissantes et les précipices de la route. Falsen, choqué du peu de décorum de la course, voulut faire des représentations au paysan chef de l’escorte, mais celui ci lui répondit avec hauteur que le Vice Roi montait comme il l’entendait, et que ceux qui étaient trop vieux pour le suivre, pouvaient rester en arrière. Falsen accepta cette sortie contre ses cheveux blancs et galoppa en silence. Nous arrivâmes un peu après midi à la montagneau domaine de Preste-säter, dont les paturages forment une partie des revenus affectés à la paroisse de Lom. Le Pasteur Aas attendait le Prince à la porte de sa chaumière pour lui en faire les honneurs, et dirigeait, sa casquette en l’air, les hourras de ses paysans, tous affublés 121du même bonnet rouge national qu’avait dureste adopté le Prince lui même pendant ‹…›cette partie du voyage.
Le Pasteur Aas nous servit une collation composée de truites excellentes et de renne sauvage rôti, le tout arrosé d’un vin chaud préparé avec des épices. Nous nous étendimes ensuite sur des lits fort rustiques dont le seul ornement consistait en deux ou trois empreintes de pieds nus taillées ‹…›p avec le couteau dans le bois ; j’appris que la coutume du pays estveut que les possesseurs d’un lit dessinent ainsi sur saleur couche l’empreinte de sonleurs pieds. C’est un espèce de signalement qu’ils laissent à leur postérité.
Mr Aas est f‹…›t nous donna l’hospitalité avec bonhomie et sans affectation. Il est gros et jovial ; et ses allures franches et rondes sont plustôt celles d’un militaire que d’un prêtre. Il a été membre du Storting (de la Diète) et jouit dans le pays de beaucoup de considération comme homme de pratique et d’intelligence. La servante qui nous servait à table se nommait 122Liva ; elle était fort jolie dans son mouchoir jaune noué selon la coutume du pays, autour de sa joliefine tête. –
Après deux heures de repos, nous nous remimes en route, escortés par notre hôte chez qui nous devions passer la nuit au presbytère. La vallée de Bävra, que nous continuâmes à suivre était maintenant éclairée par un beau soleil couchant qui dorait de ses rayons les glaciersdu Galdhøpiggen, hauts de 8300 pieds au dessus du niveau de la mer. Nous changeâmes encore une fois de chevaux à Qvandesvold où était rassemblée une foule de curieux ; ayant été retardé là plus longtemps que les autres à cause d’une sangle de ma selle qui 123sauta au moment ou j’enfourchai ma bête, je dus rattraper le temps perdu et galopper une heure de suite pour rejoindre la compagnie.
Nous primes un verre de bière à Hoft situé au bord de la route et dont les habitations sont construites à la manière Suisse, et continuâmes ensuite sans interruption jusqu’à Lom toujours au grand trot ou au galop. Je me sentais des douleurs atroces dans les tibias, aussi fut ce avec un véritable plaisir, qu’après 17 heures d’équitation, j’apperçus le toit hospitalier et la maison peinte en rouge du presbytère de Lom, terme de notre journée.
Nous trouvâmes toute la population dans la cour rangée en bataillon carré, les hommes d’un côté les femmes de l’autre et poussant leurs hourras en l’honneur du Vice Roi avec un ensemble qui prouvait l’habileté et la perséverance qu’avait mises leur Pasteur à les y exercer. Les femmes portent un petit corset rouge ouvert par devant, un jupon noir, un mouchoir blanc noué sur la tête. Les hommes n’ont de costume national que le bonnet rouge.
Après une courte toilette, nous nous mîmes à table. La famille Aars se composait du pasteur, et de sa femme, d’une jeune demoiselle de 18 ans leur fille, et d’une amie de cette dernière Mlle Colett frèresœur du gouverneur. Celui ci faisait une triste figure à table ; c’était la fatigue et l’abattement personnifiés. Nous le crûmes dangereusement malade. 124il est de fait que la course forçée de la journée, exécutée avec une rapidité crue impossible jusqu’ici, eût pû épuiser pour longtemps les forces d’un homme plus musculeux que le chétif Colett. Pour ma part, outre une douleur au dessous du genoux, je me sentais frais et dispos et prêt à recommencer le lendemain.
Après le diner, le Prince sortit sous le péristile pour voir les paysans danser dans la cour ; malgrés la pluie, ces bonnes gens paraissaient s’amuser beaucoup. Nous ne tardâmes pas à gagner nos lits ; Bildt, Næser, De Besche et moi étions logés dans la même chambre. Jechambre. Je] rettet fra: chambre ‹et› ved overskriving fus réveillé le lendemain par le Prince à 6 heures ; il venait me chercher pour une promenade artistique, sa palette et ses pinceaux à la main. Forçe me fut de quitter mon bon lit, et nous allâmes nous établir près de l’Eglise qui est en bois, et d’un pur style Norvégien, pour en faire une étude. La famille Aars me demanda par l’entremise de Mademoiselle, de bien vouloir lui laisser un croquis du Vice-Roi dessinant en costume de voyage l’église ; je promis de leur envoyer cela de Christiania et j’ai depuis rempli ma promesse.
Il fallut déjeuner à la fourchette et boire du champagne avant 8 heures du matin ; Mr Aars butporta un dernier verre à la santé du futur Roi Charles et parla avec beaucoup de cœur. Puis nous montâmes en carioles pour nous rendre au bord du lac de Vaage-vand, à Gardmo, où nous attendaient des bâteaux à rames pour nous conduire à l’extrémité de ce lac. Nous y arrivâmes en une heure accompagnés de notre
126jovial Pasteur qui semblait avoir peine à se décider à nous quitter. – Quand le Prinçe se rendit du relais de Gardmo au port, pour s’embarquer, il était précédé de 12 jeunes filles en costume, portant à la main une corbeille de fleurs dont elles parsemaient la route.
Une population mâle suivait en agitant en l’air le bonnet rouge, et nous trouvâmes une petite flotille de 5 à 6 bâteaux dont nous prîmes possession. Bildt, De Besche et moi avions pour compagnon un commissaire de la commune, muni d’un panier de bouteilles pour nous rafraîchir en route. Le lac de Waage est entouré de montagnes escarpées et peu boisées ; au bout du lac, s’élève le glacier de Koppe.
Grâçe aux bras vigoureux de nos quatre rameurs, qui semblaient vouloir lutter les uns avec les autres de rapidité, nous arrivâmes en deux heures de temps à l’Eglise de Waage où nous attendait le clergé et les notables de l’endroit. Nous eûmes discours de réception et déjeuner à la fourchette offerts sous une tente de verdure, le tout avalé fort lestement, et nous remontâmes à midi en carioles pour nous rendre à LaurgaardLaurgaard] rettet fra: L‹…› ved overskriving où nous fimes une halte de quelques heures, le Prince voulant examiner des marais situés à deux lieues de là. Pendant qu’il s’y rendait à cheval avec les amateurs agronomes, je flanais dans les environs, le crayon à la main. Laurgaard est placéplacé] rettet fra: plac‹…› ved overskriving à l’entrée d’un défilé fort étroit. C’est ici queque] rettet fra: où ved overskriving furentfurent] rettet fra: fut ved overskriving en 1612,1612] rettet fra: 16‹2›2 ved overskriving exterminés Sinclair et ses 900 Ecossais. Il existe sur ce fait d’arme une chanson populaire fort répandue en Norvège.
127Les hommes portent depuis Waage des fracs comme les élégants de Paris et de Londres ce qui harmoniseharmonise] rettet fra: harmoni‹e› ved overskriving peu avec le bonnet rouge de pêcheur Napolitain généralement adopté dans le Guldbrands dalen. Les femmes sont fort jolies et portent un corsage de laine àà] rettet fra: ‹…› ved overskriving carrés écossais ouvert par devant. Je vis plusieurs jeunes filles d’une tournure svelte et élancée et d’une distinction naturelle très remarquables. C’est sans doute ce qui avait séduit un jeune Anglais de 22 ans, Mr Blackwell, à prendre femme ici. Nous fimes sa connaissance à diner[.]
128Ce jeune homme, venu dans le pays pour pêcher des truites, s’était emmouraché l’année dernière de la fille d’un paysan aisé des environs et l’avait demandée en mariage. Le prudent père, après avoir lui même été en Angleterre pour prendre des informations sur son futur gendre, avait accordé sa fille et Mr Blackwell et sa femme habitaient maintenant le pays. Mr Blackwell ne vivant qu’avec les relations de Madame, en avait adopté le langage. Aussi, causant en Anglais en homme du monde, il jurait en Norvégien comme un vrai paysan.
La société du diner offert au Prince à Laurgaard n’était rien moins que distinguée ; tous ceux qui faisaient les honneurs de la fête avaient des têtes rouges et mal peignées, peu faites pour l’ornement d’une table Royale, – mais avec de l’appétit on s’en consola, et le Prince mit chacun à son aise avec son affabilité et sa simplicité ordinaires[.]
129Nous nous remimes en routevoyage à 4 heures et demie, suivant une route très montueuse mais pittoresque jusqu’à Haugen ; ici la vallée de Gulbrands dalen s’élargit ; la route, qui longe la rivière de Laagen, traverse des champs et des prés cultivés ; les glaciers du Dovre se voient au Nord à l’horizon. Le Prince fit une halte à Toftemoen à cause d’un essieu cassé à sa voiture ; le propriétaire du domaine le plus rapproché, Tofte, se nommait Iver Poulsen Tofte. Ce paysan, àquoique connu pour ses idées républicaines, se glorifieglorifie] rettet fra: glorifiait ved overskriving fort de descendre en droite ligne du Roi Harald Hårfager. Il profita de l’accident arrivé au Prince pour l’inviter à souper chez lui. Tofte possède dit-on 90 000 Specie daler (à peu près un demi million de francs)francs)] høyre parentesbue rettet fra komma ved overskriving et ce richard fit les honneurs de chez lui dans son costume de paysan avec une bonhomie fort simple. –
Le Prince prit les devants en cariole nous laissant à Bildt et à moi sa voiture ; où nous nous y installâmes jusqu’à Holaker où nousnous arrivâmes à 11 heures du soir.
le 29 Juillet Comme on travailliait dans les environs au desséchement des marais de Læsje en faisant baisser les eaux du lac de ce nom, et que le Prinçe avait fait une excurtion matinale de ces côtés, nous pûmes faire grasse matinée jusqu’à 9 heures. La maison que nous habitions était plus comfortable que les chaumières ordinaires ; elle était couverte en tuiles, avait deux étages. Les appartements était vastes et proprement boisés avec des planches. La vue s’étendait sur le lac 130Læsje d’un aspect assez triste. ‹Il a› Ce lac a
Stort blankt felt på siden, trolig satt av til illustrasjon.deux issues, l’une dans le lac Mjøsen et l’autre dans la mer, par la vallée de Romsdalen. Au relais de Hoset le Prince acheta deux bonnets rouges dont il nous fit cadeau à Bildt et à moi. La population est ici moins belle, et le pays est monotone d’aspect. Je ne remarquai à Hoset qu’une seule figure agréable ; c’était une jeune paysanne nommée Britta, agée de 17 ans et mariée depuis 15 jours à un jeune homme de 18 ; lui ayant demandé ce qu’elle avait apporté en dot à son mari, elle me répondit avec un air fort satisfait qu’ils avaient entre l‹…›s deux 8 chevaux et 20 vaches. – Nous suivimes le courant du Laagen jusqu’à Læsjeverken où l’on s’arrêta à 11 heures pour déjeuner, puis nous côtoyames deux petits lacs très élevés (près de 2000 pieds au-dessus du niveau de la mer) jusqu’à Nystuen situé àà] rettet fra: ‹…› ved overskriving l’entrée de la vallée de Romsdalen. PendantPendant] rettet fra: Pend‹…› ved overskriving qu’on changeait de carioles au relais, une jeune femme accompagnée de ses 6 enfants fut présentée au Prince ; elle avait 3 paires de jumeaux, dont les ainés avait 6 ans et les cadets 2 ans ;2 ans ;] rettet fra: 8 – ved overskriving –. 131tous étaient gros et bien portants qu’elle les montrait au Vice Roi avec fierté. Son mari, qui était chasseur de Rennes Sauvages, nourrissait toute cette famille avec son fusil.
La vallée de Romsdalen est envisagée avec raison comme une des plus pittoresques de la Norvège. Elle se distingue entre toutes celles que j’ai visitées, par la richesse de ses cascades, la verdure de sa végétation et la forme hardie de ses montagnes.
L’eau se précipiteprécipite] rettet fra: précipi‹…›e ved overskriving avec fracas du haut de rochers perpendiculaires et se partage souvent en deux ou trois chûtes séparées, qui vont par des ruisseaux serpentant dans le gazon naturel, alimenter la rivière de Rauma, dont les eaux vertes et transparentes témoignent de leur origine glaciale. Nous fimes une petite halte près de la cascade de Sønder qui est d’un caractère sauvage et me rappella la Handeck ; un pont à moitié pourri est jetté hardiment au travers du gouffre. Plus loin près d’Ormeim, où nous dinions, tombe la cascade de Verm‹o› foss, plus gracieuse d’aspect. Nous changeâmes ici de gouverneur ;gouverneur ;] semikolon rettet fra tankestrek ved overskriving Mr Colett fût remplaçé par l’Amtman Areskow, homme instruit mais prétentieux et fort soigneux de sa chevelure qu’il porte longue et bouclée.
La maison où nous dinions était une ancienne usine abandonnée, dont le possesseur actuel, un paysan, me fit voir le portrait des anciens propriétaires en costume Louis XV,Louis XV,] komma rettet fra punktum ved overskriving c’ét‹aien›t une Dame à immense perruque, ayant ses deux mar‹is› 132successifs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, tous deux en costume de militaire Danois, ce qui déplaisait fort à Ragnild la fille de la maison qui disait elle, détestait les Danois même en peinture.
Ce sentiment de répulsion envers les anciens maîtres du pays, est assez général en Norvège. On est si heureux d’être libre, qu’on a honte de ne l’avoir pas toujours été. De là vient la s‹us›ceptibilité souvent ridicule qui perçe en toute occasion dès qu’on veut mettre en commun les intérêts de ‹la› Suède et de la Norvège. On craint toujours d’être traité en sujet et non en peuple indépendant – en fils et non en frère.
Le trajet d’Ormeim à Flatmark est vraiment délicieux. La vallée, très étroite, est encaissée entre des montagnes très escarpées, et d’une forme grandiosepittoresque ; on longe la Rauma dont les bords sont fertiles et bien cultivés. Le Prince voulut prendre un point de vue à Manten, propriété appartenant à mon postillon, Christoffer Manten, qui avait gravé sur un immense bloc de rocher près de sa maison 133la dâte mémorable du passage du ‹P› Vice-Roi dans le Romsdalen et traduit l’allégressel’allégresse] rettet fra: ‹…› ved overskriving de ses habitants à cette occasion par de fort beaux vers, circonstance qui lui valut deux cigarres de la main Royale. Une averse de pluie interrompit la peinture et nous nous remimes en route, le Prince brûlant du désir de revoir le soleil et de pouvoir conserver sur la toile un souvenir de cette belle contrée. Enfin, vers 7 heures et demie du soir, le ciel parut répondre à ses vœux ; nous nous trouvions alors entre les montagnes du Troldtinderne et celle de Romdalshorn dont les pics dentelés s’élançents’élançent] rettet fra: s’élançaient ved overskriving dans les nuages. Nous fimes une halte au bord de la rivière et profitâmes des derniers rayons du soleil pour les dessiner ce site.
134Nous arrivâmes à Veblungsnæset à 9 heures et demie par une pluie battante. C’est une petite ville de pêcheurs fort pittoresquement située à l’extrémité du Romsdalsfjorden et entourée de hautes montagnes. Son église octogone et peinte en rouge a plutôt l’aspect d’une tour de guerre que d’un temple chrétien. Nous soupâmes dans la maison du principal marchand de la ville, Mr Onsum ; des députés de la commune firentfirent] rettet fra: ‹…› ved overskriving les honneurs de la fête ; l’un d’eux tint un discours en vers. Une dame Thomme née Richter, assistait au souper ainsi que sa mère ; la première était assez jolie. Après avoir écrit quelques lignes à ma femme, j’allai me coucher sur le Vidar qui nous attendait tranquillement dans le port. C’est avec plaisir que je revis ma cabine où je me reposai avec délice des fatigues du voyage. MrsMrs] rettet fra: ‹…› ved overskriving Sibbern, Grimsgaard et Hanssen dont nous étions séparés depuis plusieurs jours, écoutèrent avec avidité le récit de nos courses hazardeuses et le Capitaine Bull parutparut] rettet fra: f ved overskriving charmé de revoir ses passagers au complet.
Cette course à travers un beau pays lorsqu’onaprès avoir a navigué pendant plusieurs jours, m’avait parue encore plus pleine d’attrait. En variant sans cesse les modes de transport, on s’apperçoit moins de la fatigue. Nous avions voyagé pendant 4 jours partie à cheval, partie en bâteau et partie en carioles, – tantôt traversant des glaciers ou des régions sans végétation, tantôt descendant dans des vallées fertiles ou traversant des lacs riants, puis nous revenions retrouver l’eau salée et reprendre notre vie 135maritime avec un plaisir nouveau, pour aller visiter d’autres rivages et penétrer dans de nouvelles vallées dans d’autres fjords.
Nous quittâmes Veblungs næset le lendemain 30 Juillet à 7 heures du matin, et naviguâmes toute la matinée dans un bras de mer fort étroit, encaissé dans des montagnes à pics d’une forme quelque fois incroyable.
136malheureusement le temps était à la pluie, mais cette nature avait un caractère si particulier et si sauvage, que je ne pus me résoudre à quitter le pont au risque de me tremper les os. Le bâteau fit une halte de quelques heures à Vestnæs d’où ille Prince se rendit avec le gouverneur et sesses] rettet fra: son ved overskriving aides de Camp à des marais voisins ; d’où CesCes] rettet fra: il ved overskriving Messieurs en revinrent accompagnés de qques propriétaires ou interressés au défrichement des dits marais, entr’autres Mr Thesen, ançien gouverneur de la province, espèce de colosse à prétentions, affectant une supériorité fort désagréable. Le Prince, sur le quel ce Monsieur avait fait une impression analogue, trouvant pendant la journée plusieurs occasions de le remettre à sa plaçe, au grand contentement des auditeurs.
En arrivant à Molde, jolie ville assez considérable, nous trouvâmes la population attendant sur le rivage, et une riche embarcation à la rencontre du Prinçe. Les rameurs étaient tous de jeunes négociants riches de la ville dont l’élégant costume de matelot revélait l’origine. Le Prince reçut en débarquant les autorités et les délégués de la ville, puis après avoir fait une légère toilette, nous nous rendimes en voiture à l’habitation de Mr Møller, située un peu en dehors de la ville ‹…› où se donnait la fête en l’honneur du Vice Roi, et dont le Président était Mr Meyer, Commissaire des guerres. J’avais pour voisin à table l’avocat Bendixen, gros Monsieur gai et jovial, qui me fit après le diner faire la connaissance d’un pédagogue de ses amis, Mr Dørum, qui nous 137chanta avec beaucoup d’entrain et de talent plusieurs chansons de Bellman. Le maitre de la maison, un riche armateur, invita le Vice-Roi à honorer de sa présence la mise à flot d’un nouveau brigg ; on se rendit à cet effet au bord de la mer où attendait le beau monde de Molde et où des banquettes étaient préparées pour les spectateurs. Au moment où le bâtiment étaitfut lancé à l’eau, son baptême eût lieu avec accompagnement de fanfares. Chacun s’attendait à ce que le brigg portât le nom du Prince, aussi fut-on fort étonné d’entendre prononcer celui du Lieut. Colonel Ekenstén, ancien hussard suédois qui s’occupe maintenant à dessécher ou plustôt à ne pas dessécher des marais, car jusqu’ici son système n’a pas eû de chancessuccès en Suède. Il fait de nouvelles expériences à Vestnæs et parait jouir ici de beaucoup de confiance. Pour consoler le Prince, on le pria d’assister aussi à la première opération de la construction d’un nouveau navire qu’on promit d’appeller « Kronprinsen Carl ». Nous nous embarquâmes le même soir de nouveau sur notre bâteau. Le Prinçe invita Messieurs ses rameurs à y prendre un verre de pounsch. Le port était rempli d’embarquations de toute sorte, se pressant autour du Vidar. Le Capit. Bull fit partir quelques fusées et pétards pour les divertir et nous partimes à 11 heures du soir au son de notre musique et des hurrahs d’adieu.
Le 31 AoûtJuillet à 8 heures du matin nous entrions dans le port de Christiansund ville de 4000 âmes bâtie sur des rochers nus et arides, avec des maisons de ‹…› bois fort propres. Cette ville fait le commerçe de poissons secs, principalement avec 138l’Espagne. C’est sans doute aux visites fréquentes des Capitaines Espagnols qu’il faut attribuer les jolis yeux noirs et les tailles cambrées des jeunes filles de Christiansund. – Je descendis à terre avec Hanssen et ses instruments pour chercher des points de vue. Après avoir exploré pendant une heure les rues de la ville et les collines de roc qui l’entourent, nous nous arrêtâmes à l’entrée du port et cherchâmes une habitation où Hanssenle photographe put préparer ses instruments. Ce n’était pas chose facile, toute la population s’était portée au port où vers la Résidence pour voir le Vice Roi. Enfin nous trouvâmes une porte entr’ouverte et pénétrâmes dans une maison de pêcheur fort propre. Une jeune femme et son poupon s’y trouvaient au lit. Nous fûmes reçus avec beaucoup de bienveillance et pendant que le Photographeiste arrangeait son laboratoire, je fis un croquis de la jeune mère et de son enfant que je leur laissai comme souvenir. Je lui fis une si belle description du Vice Roi, qu’elle ne put résister au désir d’aller aussi le voir ; elle se leva donc après mon départ, malgrés sa maladiefaiblesse (elle relevait de couches) et courut au port, laissant Hanssen seul maître de la maison. Celui-ci, profitant de la circonstance, s’était arrangé une chambre obscure dans la chambre même de Madame dont ill’accouhée et avait fermé les volets. Le mari, qui en revenant chez lui, voit les volets fermés, croit sa femme plus mal et hâte le pas ; l’odeur d’eau forte et de collodi‹um› qui lui montent au nez en ouvrant sa porte, augmente ses inquiétudes. Décidémment 139il croit sa femme morte. Heureusement que Mr Hanssen le détrompe en lui expliquant à grand peine le mystère, et l’honnête pêcheur finit par inviter l’artiste à déjeuner, et par lui faire cadeau d’une boite à allumettes à mon adresse, en signe de reconnaissance pour le portrait que j’avais laissé sur sa table.
La ville offrit un banquet au Prince chez Mr Clausen, propriétaire d’une fort belle maison au bord de la mer. Ce particulier est sous tous les rapports l’homme dede] rettet fra: ‹…› ved overskriving plus de poids à Christiansund ; il est le plus groscorpulent que j’aie jamais vû de ma vie.
Figurez vous une masse de chairschairs] rettet fra: chair‹…› ved overskriving pendantes et difformes couverte de drap noir et surmontée par une fort belle tête, bien dégagée des épaules. C’est comme cesces] rettet fra: ‹…› ved overskriving jeux d’enfants où l’on associe à volonté des corps et des têtes qui n’ont aucune harmonie et aucun rapport 140entr’eux. Il parait que cette infirmité est un mal de famille. Mr Clausen a un fils de 12 ans si énorme, qu’il n’a pûpû] rettet fra: pas ved overskriving encore pû marcher. Par contre il a deux jeunes filles sveltes et minces comme des roseaux avec qui nous dansâmesnous balançâmes le soir à la danse. Il court sur ce gros bonhomme des bruits assez peu avantageux ; il devrait dit on, une partie de sa fortune à ‹…› la piraterie qui s’exerce sur ces côtes au moyen de faux signaux qui attirent les navires sur des écueils et les font sombrer ; le spéculateur achète ensuite à bas prix la marchandise[.]
L’avenue du local où se donnait la fête était ornée de drapeaux et de fleurs et une partie de la population se pressait autour de la maison. « Fidélité solide comme le rocher sur le quel nous bâtissons nos maisons » « Trofast som klippan hvarpå vi bygge » Voilà la devise adoptée par la ville. Le Prince fut mené à la fête par des rameurs, aristocrates de finance, sur une gondole somptueuse. – Il y eût comme partout, des toasts portés à la santé du Roi[,] du Vice Roi, de la Suède et de la ville. Mr Boye parla avec beaucoup de sentiment, J’avais à table, dans mon voisinage un vieux Chirugien Major de marine, Mr Clasen, qui par son babil et ses bons mots diminua la longueur du repas. Il a 68 ans, mais conserve la gaité et la légèreté d’un jeune homme de 20 ans ; on voulut le faire boire, mais il tint tête à toute la société et se leva de table aussi lestement qu’il s’y était assis. Nous fumâmes notre cigarre sur une espèce de veranda devant la maison tout en examinant les jolies têtes qui se pressaient les unes contre les autres autour de nous, épiant l’occasion de voir le Prince. La coiffure des femmes consiste en une espèce de toque en soie violette ou noire, qui encadre avantageusement le visage.
Vers 6 heures et demie, Messieurs les Arrangeurs du diner proposèrent au Prince de faire danser les dames, et soudain nous improvisâmes un petit bal, où toutes les danseuses étaient fort jolies. Mlles Hallan, filles du Consul Anglais, et Mlles Clausen, et la fille du Prêtre, une jeune blonde fort engageante, m’ont laissé toutes un fort agréable souvenir de Christiansund où je dansais avec l’ardeur d’un adolescent malgrés une chaleur accablante. – Christiansund fut quitté vers dix heures du soir avec accompagnement ordinaire de musique, coups de canon et pétards, et nous reprimes tranquillement possession de nos petites cabines sur le Vidar. Le bâteau chemina la moitié de la nuit dans un fjord fort 142étroit qui s’avance dans l’intérieur du pays.
Les habitants voulant fêter malgrés l’obscurité le passage du Vice Roi, avaient allumé des feux sur le rivage ; lenotre pilote, désorienté par ces signaux inaccoutumés, fit sombrer le bâteau sur un banc de sable où nous passâmes sans nous en douter le reste de la nuit. À notre réveil, nous nous trouvions à Surendal. Comme cet endroit est situé à peu de distance de la station où nous comptions descendre, nous mimes ici pied à terre laissant le pauvre Vidar se tirer de sa mésavanture comme il l’entendrait. Le projet du Prince était de se rendre à Trondhjelm par terre ; nous primes donc le bagage nécessaire et montâmes en voiture à 9 heures et demie le 1 Aout ; disant adieu a Mr le gouverneur Areskow et à son brave Lieutenant Fogden Bettelsen homme franc et bonhomique dont la société nous avait été fort agréable. Quan‹t›Quan‹t›] rettet fra: Quan‹d› ved overskriving au premier, il avait une terreur panique de mon crayon, aussi lui fis-je pour le rassurer, son portrait fort flatté avant notre séparation, quitte à prendre ma revanche ensuite.
La vallée de Surendal, que nous suivimes toute la journée, est riche et fertile ; les montagnes sont boisées et la route côtoye la rivière de Sura elf.
Nous déjeunâmes à Kvamen aux fraix 143de la commune. La couleur verte prédomine dans les costumes. Les femmes, assez légèrement mises du reste, ont généralement un châle fort épais qu’elles portent en cravate autour du cou pour se garantir du vent qui souffle ici continuellement[.]
Nos carioles étaient parfois à deux places ce qui nous permettaitpermettait] rettet fra: permettaient ved overskriving og overstrykning de voyager d’une manière plus sociable qu’avec les carioles ordinaires ; j’alternais entre la société de Bildt et de De Besche. Les harnais des chevaux se composent d’un simple collier de bois qu’on orne ici de riches sculptures et de couleurs brillantes. On n’emploie que des étalons qui sont ordinairement fort doux, n’ayant pas, par l’abscence des juments, de sujet de jalousie les uns envers les autres. Le cheval Norvégien a le cou très épais[,] 144le poitrail large, l’œil vif et la tête petite et intelligente.
À la station de Garbierg, le Prince trouva le Géneral Thommé, commandant les troupes de Trondhjelm qui était venu à sa rencontre ainsi que le gouverneur de la Province, Mr Arensen.Arensen.] punktum rettet fra komma ved overskriving Ces deux Messieurs nous accompagnèrent à Melldal où le Prince passa la nuit chez le prêtre. Comme nous y arrivâmes de bonne heure j’eus le temps de faire différents croquis parmis les nombreux grouppes d’habitants qui remplissaient la cour du presbytère.
Mes dessins excitèrent une telle curiosité, que j’eus bientôt toute la population sur mes épaules et que le Prince même, que ces bonnes gens étaient venus pour contempler, se trouva bientôt sans spectateurs. Les éclats de rire et les cris devinrent bientôt tellement bruyants, que le Prêtre, qui n’en connaissait pas le sujet, crut à une émeute. Je dus me réfugier à qque distance de la maison pour continuer mon travail mais fus suivi par la multitude.
Parmis mes modèles se trouvait un vieux maître d’école à longs cheveux blancs, agé de 82 ans et qui exerçait sa profession depuis 60 ans. C’est 145lui qui avait enseigné à lire et à écrire a toute la paroisse. On paraissait avoir pour ce beau vieillard à l’œil doux et amical une grande vénération.
Le pasteur lui même, Mr Parelius habitait sa cure depuis 48 ans ; entouré de ses enfants et petits enfants et respecté de ses paroissiens, il menait là une vie fort heureuse. Après le diner Dahl et moi fimes une promenade jusqu’à l’église et causâmes avec qques uns des habitants qui tutoient chacun, mais sans grossiereté, et ont une grande affabilité naturelle. Les jeunes filles aiment à rire et à plaisanter. Elles sont pour la plus part fort jolies et se mettent 146avec une certaine coquetterie. On les dit fort légères.
Le lendemain matin de bonne heure, le Prince posa dans son costume de voyage pour notre PhotographePhotographe] rettet fra: Photografiste ved overskriving qui fit aussi les portraits de deux jeunes demoiselles de la maison, dont l’une, la jeune Alette, avait des longs cheveux blonds bouclés. Hanssen en promit une épreuve au Pasteur qui l’avait traité avec une haute distinction pendant son séjour chez lui, ce à quoi le petit homme n’était guère accoutumé.
Nous partimes à 8 heures et demie et penétrâmes dans la vallée d’Olkedal, ‹n› contrée verte et riante, à deux milles de Meldal, se trouvent 147à Løcken, des mines de cuivre. Nous fimes une halte d’une heure vers midi pour peindre un joli point de vue à Stubben. Pendant la route, je remarquai qu’il manquait une oreille à mon postillon. Il me raconta qu’il l’avait perdue à une chasse à l’ours. Croyant avoir tué la bête qu’il avait abattue d’un coup de carabine, il s’était avancé sans méfiance et l’ours se relevant tout à coup, s’était jeté sur lui ; alors un combat acharné s’était engagé, du quel le chasseur avait remporté 50 blessures différentes et perdu l’oreille en question. Il me désigna en passant le terrain de la lutte.
Nous déjeunâmes à Fandrem. Le Pasteur Bull y attendait le Prince à la tête des autorités ; à peine descendu de sa cariole, chacun voulut s’empresser d’aller appaiser sa faim, mais il n’y eut pas moyen ; il fallut d’abord écouter un long discours en forme de sermon débité avec une emphase exagérée. « Comme Président des commissaires 148de la fête disait Mr Bull, je rends grâçe au Roi des Rois d’avoir permis aux habitants de ces lieux de contempler la face de notre Vice Roi[,] comme prêtre de cette paroisse, j’appelle les bénédictions du ciel sur la tête de votre Royale Altesse et comme homme et ‹…› arrangeur de la fête, je termine mon discours en priant Monseigneur d’accepter un petit déjeuner[.] »
Nous trouvâmes la dernière partie du sermon acceptable, et nous mîmes à table mais ne fûmes pas quittes à si bon marché de cet éternel harangueur qui proposa lui même toutes les santés, toujours en prêchant. Le Vice Roi se remit en voyage après le déjeuner, et nous parcourûmes un pays riant et fertile ; parçi par là, qques forêts en approchant de Trondhjelm. À la station de By nous fimes une halte pour nous mettre en grande tenue et après avoir traversé un ‹lac› à une lieue et demie de Trondhjelm, nous trouvâmes la garde nationale de cette ville à chevalde cette ville à cheval] rettet fra: à cheval de cette ville med ombyttingstegn rangée en ligne sur le rivage pour escorter ensuite 149le Vice Roi. L’escadron, tout composé d’étalons était fort indiscipliné ; c’était un bruit de hennissements et de piétinements étourdissant et presque tous les chevaux dansaient sur leurs pieds de derrière. Au bout de deux heures d’escorte au grand trot, et de différentes averses de pluie, la troupe prit un caractère plus militaire. L’aspect de la ville de Trondhjelm, en descendant la montagne qui la domine est saisissant. Cette cité, bâtie en amphiteâtre au bord de la mer, avec une ligne de montagnes dans le lointain, demande à être vue de loin car en entrant pénétrant dans l’intérieur des rues, on n’y trouve plus le cachet particulier dont on jouit à Bergen. Trondhjelm cet ancienne capitale de la Norvège, est tout bonnement une petite ville qui, à part sa cathédérale, n’offre aucune ressource et aucun intéret. Après une halte à l’arc de triomphe élevé sur la grande plaçe, par le quel la voiture du Prince ne pût passer, étant trop large, nous nous rendimes à pied à la Résidence, suivant une double haie de soldats de ligne et de gardes nationaux.
Le gouverneur de la ville, Stiftsamtsmannen Arenssen,
occupait avec sa famille une partie du Stiftsgaarden, résidence royale où nous trouvâmes des appartements magnifiques préparésremis jadis à neuf pour le couronnement du Roi Oscar I, cérémonie qui n’eutn’eut pas ‹eû› lieu à cause des scrupules du clergé Norvégien qui n’onta pas crû pouvoir couronner une Reine catholique ; lecatholique ; le] rettet fra: catholique. Le ved overskriving Roi Oscar, en bon 150marri, s’est passé d’un honneur au quel on ne voulait pas faire participer son Epouse.
Le gouverneur est un vieillard d’un extérieur modeste et d’une surdité complette, ce qui donne lieu à des quiproquos fréquents ; ne voulant pas par politesse faire répéter au Prince deux fois la même chose, il faisait semblant de comprendre et répondait à l’avanture. Ses deux filles sont fort jolies et très avenantes ; l’ainée Mme Knagenhjelm dont le marri était en voyage, professait surtout une admiration extrême pour le Vice Roi ; la seconde qui a hérité de la surdité de son père, etaitetait] rettet fra: ‹…› ved overskriving fiancée à un officier.
Nous nous attendions à un diner officiel mais dûmes nous en passer, grâce au Prince d’Orange qui, étant venu faire une visite à Trondhjelm quelques jours auparavant, avait consommé les provisions venues à grands fraix du continent pour l’arrivée du Vice Roi. Il est vrai qu’on avait fait venirvenir de nouveaux comestibles, mais les caisses, par un malentendu des commissaires de la fête, avaient étées adressées au Prince et ne furent ouvertes qu’après avoir pourries à la douane.
Le jour suivant était un Dimanche et nous nous rendimes Bildt et moi, à la cathéderale pour le service divin. Cette édifice, le plus beau monument gothique de la Norvège, est en grande partie en ruine, mais offre encore dans l’intérieur de l’autel surtout, des détails d’architectured’architecture] rettet fra: d’architectur‹…› ved overskriving charmants. Le chœur est, entouré d’une colonnade moitié byzantine en marbre, délicieuse ; il est séparé de la nef par un portique gothique à 3 ogives, fort élégant. On a couvert l’intérieur des murs d’une multitude 151de loges de différentes formes et grandeur, qui se trouvaient aujourd’hui remplies des dames élégantes de Trondhjelm, cachées à demi derrière des petits rideaux de soie rose ou bleue. Je me crus un instant au théatre[.]
Le Vice Roi donna un diner aux notabilités de la ville qu’il avait reçues le matin, après quoi nous nous mimes Bildt et moi en bourgeois, pour explorer les lieux. La ville était remplie de foule. Voulant nous rafraîchir, nous demandâmes un café ou un restaurant quelqu’onque ; après beaucoup de démarches infructueuses, on finit par nous mener au jardin du clubb, espèce de petite cour entourée de hautes murailles et ornée de deux arbres autour des quels on avait dressé de petites tables. Ce lieu était à peu près désert. Tout en savourant un verre 152de bièrre, nous fûmes accostés par un particulier qui nous prenant pour des Anglais, lia conversation avec nous en cette langue. Après ‹…›avoir écorchés la langue cet idiome de part et d’autre pour nous entendre, nous finimes par nous apperçevoir que nous étions Suédois tous les trois. Notre nouvelle connaissance était un Capitaine marchand de Sundsvall qui nous fit un triste tableau des agréments de Trondhjelm. À son avis, c’était une ville peuplée d’égoistes ne songeant qu’à entasser des capitaux sans se procurer aucune jouissance de la vie. Nous continuâmes notre promenade hors de la ville et suivimes le courant de la rivière de Nida, contrée verte et riante où se promenait une partie des habitans de la ville. Nous fînimes ‹…› en parcourant les rues de la ville et manquâmes une soirée chez le Vice Roi, illustrée des dames du gouverneur.
Le lendemain 4 Août à 6 heures du matin, nous étions en route pour le camp et nous embarquions de nouveau cette fois ci pour la dernière fois sur le Vidar qui partit aux sons de la musique pour Størdalshalsen où nous débarquâmes à 8 heures du matin. Le Comte Trampe gouverneur de ce district, attendait au rivage avec les paysans de la contrée, mais de militaire aucun ; circonstance qui nous parut singulière puisqu’à une demi lieue de là se trouvait situé le camp. Nous apprimes plus tard que le Chef d’état Major du Prince n’avait pas crû pouvoir s’absenter sans ordre, des limites du camp. Nous dûmes envoyer chercher nos chevaux dont nous attendimes patiemment l’arrivée 153au bord de la mer. Puis, suivant le Prince au grand galop, nous arrivâmes vers les 10 heures du matin à Værnæs quartier général du camp, propriété appartenant à un Mr Hesselberg qui l’habitait aussi avec sa famille. –
Nous trouvâmes Mme Hesselberg sur le sueil de la porte, une jeune et jolie femme, aux traits méridionaux qui à notre grande satisfaction, nous montra nos appartements, comfort au quel nous ne nous attendions pas, étant préparés à habiter sous la tente. La maison de Værnæs est grande et spacieuse ; sur le devant s’étend une large cour flanquée des deux côtés par les écuries et dépendances, et derrière le bâtiment, se trouve un grand jardin. La première chose que fit le Prince en mettant pied à terre, fut de désigner dans la cour même, l’emplaçement des tentes de son Etat Major qu’on avait reléguées près des troupes du camp à un petit quart d’heure du quartier général. Il ne voulut prendre de nourriture que ce changement opéré. La tente des repas formait le centre et les tentes des aides de camp s’étendait des deux côtés. À midi vinrent tous les chefs de corps faire leur cour au Prince commandant le camp et présenter leurs officiers respectifs.
Voici l’effectif des troupes du camp.
Messieurs Sommerschield et Ring trop vieux pour suivre les manœuvres, furent durant les manœuvres dudu] rettet fra: ‹le› ved overskriving camp remplacés, le 1r par son frère le Major du même nom, et le second par le Capit. Hoff.
On nomma Sommerschield commandant de place, et on mit l’autrele titulaire à l’hopital pour légaliser cette mutation. Mr Ring y fumait sa pipe pour se consoler d’être traité en malade.
Bildt et moi allâmes faire visite aux chefs de corps et à l’Etat Major et visiter le camp qui, appuyé sur de hautes collines, a devant lui lala] rettet fra: ‹…› ved overskriving plaine des manœuvres qui s’étend jusqu’à la mer. Le Prince invita à diner les chefs de corps, le Comte Trampe, le Gouverneur Dahlström venu d’Östersund accompagné du Lieut. Baron J. Cederström, et Mr Hesselberg notre hôte. Je fis le soir connaissance deavec sa famille c’est à dire de sa femme et de ses 4 enfants dont les deux ainés du même âge que les miens, devinrent mes amis intimes, etpuis d’une cousine, Mme Mose‹r›, grosse réjouie d’une 40ne d’années qui était venue à Værnæs pour aider notre hôtesse à en y faire les honneurs. Mme Moser ne tarda pas à nous donner un échantillon de ses talents ; elle a une voix puissante et chante la chanson nationale et la cantate Italienne avec une égale ardeur. C’est elle qui tient tête à la conversation ‹…› de Messieurs les officiers ; et elle a toujours 155le mot pour rire, tandis que Mme Hesselberg baisse les yeux et parait d’un caractère doux et sensible. Mr Hesselberg est un homme jeune encore, mais embarrassé et sans habitude du monde ; il est aussi gênant que gêné.
Je devins en peu de jours fort bien vû de Mme et de ses deux petits que j’amusais par différents dessins, tandis que Bildt avait la patience d’écouter les roucoulades de Mme Moser. Le Prince fit aussi deux ou trois visites au salon et fit à cette dernière l’insigne honneur de chanter plusieurs duos en sa compagnie.
D’autres artistes participaient aussi à ces réunions musicales – Mrs le Colonel Brock avec son ténor de 60 ans – le Lieut. Gran qui jouait de l’harmonica à la perfection ; puis venaient de temps en temps des connaissances de la famille, soit de Trondhjelm, soit des environs. Ainsi, nous fimes la connaissance de deux sœurs Mesdames Falsen et Ranulf deux veuves assez emancipées qu’on dit avoir étées fort séduisantes jadis. Privés depuis plusieurs semaines de la société des dames, nous n’étions pas fort difficiles. Le Prince donna pendant le camp, qui dura 3 semaines, qques soirées sous la tente, illustrées par les dames Arensen et Th‹orn›e qui y dinèrent même une fois ainsi que Mme Sibbern qui était venue relançer son Georg jusqu’ici, au milieu des 156troupes. La pauvre femme s’en repentit, car après un voyage fort pénible de Christiania à Trondhjelm par terre, elle arriva au camp croyant tomber au milieu des fêtes et des plaisirs, et ne trouva à se loger que dans une espèce de grange que l’on ne pouvait chauffer. Ne pouvant non plus se procurer les aliments nécessaires, elle dut, après 8 jours de souffrances physiques et morales, s’en retourner comme elle était venue. Son Georges avait eû la malchance le jour de l’arrivée de Madame, de s’écorcher les jambes dans une course à cheval qu’il fit avec nous ‹ce› qui l’avait mis hors d’étât de marcher pour longtemps. Raconter jour par jour toutes les épisodes du camp, serait monotone ; voici la vie journalière que nous y menions. Le café se prenait en commun sous la tente à 6 heures du matin, le déjeuner à 10, le diner à 2 et le souper à 8 heures ; entre tous ces repas on montait à cheval, soit pour assister aux manœuvres, soit pour explorer les environs. Le pays, sans être très pittoresque, estest] rettet fra: était ved overskriving d’un aspect vert et riant, bien fertile et habité.
Ce séjour m’eut assez plû si le froid eût été moins continu ; mais le camp et ses manœuvres n’était pas assez séduisants pour me faire oublier que je gêlais du matin au soir, quoique portant sous mon uniforme un gros gilet de peau doublé de flanelle. Jamais un rayon de soleil brûlant ne venait réchauffer 157mes pauvres membres engourdis ; c’est au point que je manquais en faire une maladie. Presque tous les officiers qui accompagnaient le Prince furent aussi plus ou moins indisposés. Le pauvre Falsen ne put monter à cheval une seule fois, Næsser et Bildt furent à pied pendant plusieurs jours. Le Colonel Fleischer, arrivé pour prendre le commandement d’un corps aux manœuvres, dut garder sa chambre pendant 15 jours. Il n’y aa] rettet fra: à ved overskriving que le Prince lui même et les natifs de ce pays glacial, qui se tirèrent d’affaire sans maladie.
Ce premier se trouvait ici dans son élément. Au milieu d’officiers et de soldats fort inexpérimentés, ‹p› mais pleins de bonne volonté, il ne les quittait pas un instant et les tenait continuellement en haleine ; aussi c’était plaisir à voir les progrès que faisaient ces troupes, animées par l’exemple de leur jeune Général qu’elles voyaient toujours gai et infatiguable. À part quelques vieux chefs sextuagénaires incapables de s’élever à la hauteur de cette ardeur militaire à la quelle leurs infirmités mettaient du reste un obstacle physique, Officiers et soldats rivalisaient de bon vouloir et ne pensaient ni au froid ni à la fatigue.
Bildt, Sandels et moi fimes avec Thorvald Meyer venu de Christiania pour visiter le camp, une course au nord qui fit une agréable diversion à la monotonie militaire. Nous avions deux jours de liberté et nous mimes gaiement en route dans une des calèches du Prince dont nous eûmes soin de garnir les poches de bouteilles. Le but du voyage était Stiklestad champ de bataille où périt St Olof en l’an 1030, situé du côté du terrain où les manœuvres de petite guerre devaient avoir lieu quelques jours après. Nous examinâmes donc le pays militairement. La grand route 158bordée des deux côtés de champs cultivés n’offrait que peu d’espace pour la manœuvre, exepté lorsque le terrain était si escarpé, qu’il ne pouvait être labouré, ainsi nous découvrimes plusieurs positions imprénables sur des rochers formés en bastions naturels, tels qu’à Hvithammer, Vold et Skattvold ; plus tard, après Vaardalen, nous entrâmes dans un défilé entre deux lacs qui pouvait être défendu par cent hommes contre une armée. Arrivés au relais de Hammer à la nuit tombante, nous y trouvâmes le beau frère de Meyer, l’assesseur Mørk, actuellement en séjour chez sa fille mariée au juge de district qui habitait dans les environs. Prevenu de notre passage, Mr Mørk venait nous offrir l’hospitalité pour la nuit chez son gendre. Il n’eutn’eut] rettet fra: n’‹…› ved overskriving pas de peine à nous décider à le suivre, à part le sauvage Sandels qui prétexta des affaires pressantes à Levanger et alla nous y attendre jusqu’au lendemain.
Nous arrivâmes chez Mr Sten pour le souper et l’accueil que l’on nous fit fut parfait ; outre les hôtes de la maison, Mr et Mme Mørk et une seconde fille de 16 ans étaient en séjour à Øfvereggen, c’est ainsi que se nomme la résidence du juge. La jeune Dame Sten, native de Christiania, n’était dans le pays que depuis deux ans et paraissait se croire en Sibérie. Elle nous fit des descriptions de l’hiver et de ses rigueurs à fendre le cœur de Mr Mørk son père, qui s’écriait de temps en temps – Non ‹!› Non, il faut que ma pauvre fille retourne au midi ! » (c’est à dire à Christiania) Ton midi est diablement au Nord pensais-je en moi même.
Le pauvre gendre, homme assez insignifiant, jalousé par ses confrères d’avoir obtenu son poste actuel, paraissait peu goûter les remarques de son beau père. Le lendemain matin 159je fis une petite promenade autour de la maison de Mr Sten et fus frappé de la beauté du paysage qui se déroulait à mes pieds. Sur le devant, de vastes prairies et des champs cultivés se découpant sur de belles fôrets ; plus loin la ville de Levanger et la mer, et puisenfin à l’horizon, des montagnes bleues, le tout éclairé par un soleil rayonnant. Je ne pus m’empêcher de dire à Mme Sten qui vint me surprendre faisant un croquis de la contrée, que je la trouvais injuste dans sa manière de juger un aussi beau pays !
Voyez mon jardin, me dit elle, – mes pauvres fleurs sont déjà gelées au milieu d’Août – ; pour tout fruit nous n’avons que des petites cerises blanches ! – Il faut êtreêtre] rettet fra: êtré ved overskriving née dans ce pays pour pouvoir y vivre ! –
Nous nous remimes en voiture après un bon déjeuner et descendimes la montagne jusqu’à Levanger où nous arrivâmes une heure après. Ne sachant où trouver Sandels, nous parcourumes les rues de la ville àà] rettet fra: ‹…› ved overskriving peu près déserte en criant son nom à tue tête. Enfin nous le 160vimes sortir sa tête d’uned’une] rettet fra: d‹e› ved overskriving la fenêtre ; la bouche pleine et une beurrée à la main ; et nous descendimes de voiture. Sandels déjeunait de si bon appetit que nous nous entablâmes avec lui et fimes un second déjeuner avant de continuer notre voyage. Nous primes chacun une cariole etet] rettet fra: en ved overskriving nous dirigeâmes sur Stiklestad après avoir commandé à la veuve Backlund notre hôtesseà la veuve Backlund notre hôtesse] flyttet fra linjen under un fin diner pour notre retour.
Ce pays me rappela par sa verdure et ses collines boisées, le canton de Friburg enen] rettet fra semikolon ved overskriving Suisse ; seulement, le voisinage de la mer et les vents froids qui en viennent, rendent l’illusion de courte durée. Nous traversâmes pendant une partie de la route une immense plaine de sable qui me parut pouvoir contenir un camp de 15 000 hommes. Arrivés au bord de la rivière de Væra que l’on traverse en bac, je laissai mes cammarades aller sans moi faire leur pélérinage à l’endroit où tomba le grand St Olof et dessinai le paysage que j’avais sous les yeux.
161Au bout d’une heure, mes amis étaient revenus de leur course et nous rent‹…›s retournâmes à Levanger. Le diner fut fort gai – chacun se sentait heureux d’être affranchi pour qques heures des douceurs du camp. Levanger est une petite ville de pêcheurs et de marchands de bois, contenant 900 habitans. Nous y oubliâmes 4 bouteilles non entamées qui fûrent laissées chez Mme Baklund et dont d’autres voyageurs profiteront j’espère.j’espère.] rettet fra punktum ved overskriving
C’est à Levanger qu’arriva le trait suivant quelques jours après notre visite. Le Prince Royal faisant la même course que nous, dina aussi dans cette ville ; en sortant de table pour se remettre en voiture avec le Gouverneur Comte Trampe, il vit ce dernier empocher une bouteille de pounch dans la poche de derrière de son uniforme. L Je crois, lui dit le Prince, qui trouvait le procédé manquant de dignité, que vous feriez mieux de ne pas le faire, çà n’a pas bonne façon de se montrer en public avec une bouteille en poche ». C’est parfaitement vrai lui dit Trampe, Monseigneur a raison », et il serra la bouteille dans sa vaste poitrinepoitrine] rettet fra: ‹…› ved overskriving en fermant son habit, « Çeci est mieux » ; le prinçe rit beaucoup de sa bonhomie et n’eût pas le courage de s’en fâcher. Mr le Cte Trampe est du reste fort aimé dans le pays où il règne en despote paternel. On est si persuadé de son honnêteté, que ses actes sont acceptés sans analyse et qu’on se soumet à des lois de sa propre façon. Le Ministre de l’intérieur, s’étonnant à Christiania de voir ses nouvelles instructions toujours inobservées par le gouverneur Trampe, envoya inspecter son administration. Grand fut l’étonnement de l’inspecteur, en trouvant toutes les dépêches envoyées par le Ministre pendantpendant] rettet fra: p‹…› ved overskriving les dernières années, encore non décachetées. – Le titre de Comte finit avec lui, ses enfants étant nés après 1815, époque où la Noblesse fut abolie en Norvège. Pour parer 162à cette loi anti-nobiliaire, le Comte Trampe a baptisé son fils Gref (qui veut dire Comte) –
Nous reprimes le chemin du camp par une belle soirée et jouimes du beau paysage que nous parcourions. Entre Hammer et Forbord, se trouvent des points de vue délicieux tantôt sur le fjord, tantôt sur des lacs d’eau douce dont les bords sont couverts de beaux bois ou de champs et de prés cultivés ; des iles habitées et fertiles me rappellèrent par leur forme l’ile de St Pierre sur le lac de Bienne. Dans ce beau pays, il ne manque qu’un climat plus doux. En montant les côtes à pied, je causais avec mon postillon, vieillard de 78 ans, qui marchait avec l’agilité d’un jeune homme. Loin de se plaindre du climat, celui ci en vantait les agréments. Il avait même ôté sa veste malgré un froid très gênant.
163Nous rentrâmes au camp le soir, pour reprendre la vie militaire de tous les jours, dont je transmets ici quelques épisodes:
165La dernière semaine du camp fut employée à la petite guerre. Bildt et moi, craignant comme Suédois la susceptibilité de nos cousins Mrs les offiçiers Norvégiens, avions obtenu du Prince de n’être pas employés d’une manière active au camp. Mais le Colonel Brock, soit qu’il manquât d’officiers, soit par courtoisie pour nous, nous demanda lui même au Prince, moi comme son Chef d’état Major et Bildt comme général d’une Brigade d’Infanterie, pour l’assister dans ses manœuvres. Bildt se fit fort à propos une légère blessure au genou qui le dispensa de débuter comme fantassin. Pour moi, je dus me plier au désir du Prinçe et accepter mon rôle. Je fis avec mon nouveau Chef, le jour avantavant] rettet fra: avan‹…› ved overskriving le commencement des hostilités, une reconnaissance militaire pour prendre de concert avec lui les dispositions nécessaires. Brock avec la moitié des troupes du Camp était ‹c›ensé se replier sur son corps situé à Hammer, après une attaque échouée contre le Camp ; il était poursuivi par le Colonel Vergeland commandant le reste des troupes du camp et représentant une avant garde ennemie. –
Le papa Brock, homme d’esprit du reste, n’avait pas grande habitude comme manœuvrier, aussi me laissa t’il à peu près carte blanche. En suivant la grand route de Hammer nous fixâmes trois positions assez fortes pour retenir l’ennemi aussi longtemps qu’on le voudrait. Ayant partagé nos troupes en 3 corps différents A, B, & C nous chargeâmes C qui formait la queue de la colonne de s’arrêter à la première des positions, Hvithammer, pendant que A et B continuaient leur retraite et s’arrêtaient 166successivement à Vollan et à Vold, les deux autres points de défense pour y prendre position. Le Corps A C après avoir arrêté l’ennemi à Hvithammer jusqu’à ce que j’eus reçu la certitude que les Corps A et B étaient placés derrière leurs positions, reçut l’ordre de battre en retraite et de ne s’arrêter qu’à Skattvold en passant au travers les corps B et A. Ces derniers exécutèrent tour à tour le même mouvement rétrograde après le combat, et tous les 3 corps se trouvèrent réunis à Skattvold où devait avoir lieu la bataille décisive. Deux détachements l’un à droite, l’autre à gauche avaientavaient] rettet fra: avait ved overskriving mission de protéger nos flancs.
Graçe à ces mouvement dispositions claires et précises, où chacun avait sa plaçe marquée à l’avance et son rôle à remplir, nous évitâmes toute marche inutile et la confusion si fréquente lorsqu’on exécute une manœuvre de ce genre avec des troupes parfaitement inexpérimentées. Nous eûmes à Skattvold un repos de deux heures et dinâmes fort gaiement avec le Prince, puis eût lieu le grand assaut de notre position par Vergeland,
attaque qui renouvellée deux fois, fut repoussée 167avec perte. Puis nous eûmes l’offensive jusqu’au Camp où nous revinmes coucher. J’avais sous mes ordres les Aides de Camp Ivertsen, Anker, Heyerdal et Leierstedt qui tous rivalisèrent de bonne volonté et me firent trouver mon commandement fort agréable. Quoique certain de n’avoir excité aucune jalousie, je crus devoir m’en tenir là, et représentai au Prince que puisque le camp était destiné à l’instruction des offiçiers Norvégiens, il était plus convenable d’employer ceux ci. Il me rendit donc ma liberté, et je n’assistai aux autres manœuvres les jours suivants qu’en qualité de spectateur.
Le 16 Août, les offiçiers du camp offrirent un banquet au Prinçe sous la tente ; il y eut force santés proposées avec des discours fort chaleureux[.] Le Ministre de la guerre général Bloch, était arrivé. Deux officiers Suédois, Mrs Ström Lieut. Colonel et Adlersparre chef des chasseurs à cheval de Jemtland, étaient aussi venus pour assister aux manœuvres finales qui commençèrent le 18 et durèrent 3 jours. Le froid et une pluie presque continuelle qui avait rendu les chemins presqu’impraticables ne contribuèrent pas à l’agrément du bivac surtout le 1r et la moitié du 2d jour. Nous passâmes la première nuit à Vaardalen où une partie des troupes trouva un abri dans des granges. Le Prince lui même avait dressé son lit de camp dans une chaumière et m’offrit à côté de lui une espèce de soffa fautueil fort portatif et léger, mais construit pour la guerre d’Afrique et non pour le climat de Trondhjelm ; je souffris horriblement du froid pendant cette nuit là ; le vent et la pluie battant contre les vitres mal jointes m’empêchaient de fermer l’œil 168et je me sentais presque jaloux du sommeil calme et régulier de mon royal voisin. La pluie continua toutedurant la matinée suivante et empêcha toute manœuvre ; par contre on permit aux soldats de faire leur soupe qui devint un véritable potage à l’eau.
Nous fîmes un whist avec le Prince, Faye, Sandels et moi ; – qques officiers se chauffaient dans une grange au moyen d’un brûlot au cognac.
À deux heures après midi, le temps s’étant remiséclairci, les troupes se remirent en marche. Le Prince avait lui même le Commandement d’un corps et le Colonel Vergeland l’autre. Après plusieurs attaques plus ou moins vives, Vergeland, qui avait poursuivi le Prince jusqu’à Hofve en cherchant à lui couper la retraite, fut ici repoussé. La bataille finale fut fort vive et les soldats ne voulaient pas céder le terrain et se battaient avec acharnement. Les chevaux paraissaient partager l’ardeur de leurs cavaliers ; dans les charges de cavallerie, les amis et les ennemis formaient une mêlée si compacte, qu’il 169était impossible de les séparer ; les chevaux n’obeissaient ni au mors ni à l’éperon. Une fois lançé,lançé] rettet fra: lançés ved overskriving le cheval Norvégien n’est pas façile à gouverner, il n’a aucune souplesse dans le cou et dans les reins et ne sera jamais propre qu’à la guerre de partisans et au service d’avant poste. Par contre il est excellent pour l’Artillerie. La batterie qui faisait partie du camp sous les ordres de son brave Capitaine Mr Ivertsen, était parfaitement montée et exercée, et formait la troupe d’élite dudu] rettet fra punktum ved overskriving camp.
Stort blankt felt på siden, trolig satt av til illustrasjon.Après une demi heure de bataille à Hofve, le tambour annonça la cessation des hostilités et l’heure du bivac, et nous fûmes agréablement surpris de trouver chez le Länsman Vold d’excellents lits pour tout l’Etat Major. Il va sans dire que nous dinâmes ou plustôt soupâmes d’abord, puis la musique ayantmilitaire joua des valses et des galops et nous fimes tourner dans la cour les 3 filles de notre hôte ainsi que ses servantes et autres paysannes qui s’y trouvaient rassemblées[.] On ne se coucha donc que fort tard ce qui n’empêcha pas Carsten Anker de se lever à 2 heures 170du matin pour aller à la chasse jusqu’àu la reprise des armes qui eût lieu à 6 heures du matin. – Le Prince, m’ayant chargé d’arranger une fête pour le lendemain, jour de fête de la Reine, je retournai directement au quartier général pour surveiller les ouvriers et ne prit aucune part aux manœuvres de ce jour là. Je fis 2 milles Norvégiens en deux heures, malgrés les routes abimées par la pluie ; mon cheval, fatigué de la vie de bivac, volait vers son écurie. En traversant les troupes de Vergeland, Celui ci me prit pour un espion venant surveiller ses dispositions. C’était aujourd’hui son tour de battre en retraite.
Je rejoignis en route deux Officiers, Mrs Casper et Guldbrandsen, qui s’en retournaient comme moi à cheval au camp et nous fimes route ensemble. À Forbord où nous don‹nn›âmes l’avoine à nos chevaux, se trouvait le Géneral Glad et son aide de camp, avec qui nous déclinâmes l’honneur de cheminer étant pressés d’arriver. Je revins à V‹e›rnæs pour le déjeuner et trouvais mes ouvriers en plein travail pour l’exécution d’un espèce de temple gothique illuminé dont j’avais fait le dessin. Bildt, qui soignait son genou tranquillement dans sa chambre, n’avait pû suivre les manœuvres finales. Nous attendimes patiemment le retour du Prince et j’achevai les portraits de Mme Magda et de ses deux fils que je leur laissai en souvenir.
172Sans le dessin, mon séjour à Værnæs m’eût paru extrêmement long, j’eus été souvent tout à fait desœuvré et les plaisirs du camp, à part l’intéret militaire pour les progrès que je voyais faire aux soldats, étaient peu séduisants. Deux baraques de planches, pompeusement appellés Grande et petite Séduction (stora och lilla Förderfvet), formaient un point de réunion pour les officiers et les visiteurs au camp – qui venaient y boire de la bièrrebièrre] rettet fra: bière ved overskriving et y entendre une musique détestable[.]
Le premier de ces établissements servait aussi de salle de danse le Dimanche.
Parmis les officiers de service auprès du Prince, les plus agréables étaient Heyerdal Officier du Génie, jeune homme très distingué et Anker l’ancien Aide de Camp de Cavagnac, vrai troupier, toujours gai et plein d’entrain. Le vieux Colonel Brock que nous appellions tous « Oncle Brock » était l’homme le plus facile et le moins gênant ; malgrés ses 60 ans, il supportait toutes les fatigues 173mieux que les plus jeunes officiers. Toujours le premier levé et le dernier couché et d’une humeur charmante. Sa toilette n’était pas ce qui lui prenait du temps ; en se levant il trempait ses deux larges mains dans une écuelle en terre cuite remplie d’eau, se les passait deux ou trois fois sur son visage huileux, puis s’essuyait avec le pan de sa capote. Le Colonel Fleischer Brock est plutôt Professeur que militaire et n’entend rien à la discipline, aussi chacun faisait il à sa guise au quartier géneral ; et l’Oncle Brock approuvait toujours.
– Le Colonel Fleischer, Chef de la MaisonMaison] rettet fra: ‹…› ved overskriving militaire du Vice Roi en Norvège est l’opposé de Brock tant par sa tenue que par ses principes. Aimant la bonne chère et le quimétier de soldat, il était venu au camp dans l’espérance d’y mener joyeuse vie mais le pauvre hommeavait eût une espèce de coup de sang le jour après son arrivée et passa 15 jours au lit. Le gros Løwenschjøld, Maréchal de la Cour du Roi, qui avait accompagné Fleischer dans la même intention, ne trouva pas son espoir réalisé, et ne s’amusa pas du tout. Ce bon vivant par excellence poussait de gros soupirs et boutonnait son habit de cour pour se préserver du froid. Il croyait de son devoir de ne pas manquer un exercice, et pour plaire au Prince, il faisait tous ses efforts pour paraître jovial et troupier tout « en jurant mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus »[.] Par opposition à l’épitète de sanglier qu’on donnait au Géneral Fleischer, nous appellions Løvenskjøld « le cochon ».
17521 Aout Comme l’anniversaire de sa Majesté la Reine avait lieu le même jour que la fermeture du Camp, le Prince avait voulu donner une fête aux officiers, et m’avait chargé des détails des décors et d’illumination. Le jardin et le parc de Værnæs furent garnisornés de lampes de couleurs, la facade de la maison et ses avenues ornésdécorées de pots à feu et de flambeaux, et pour le banquet, un temple gothique éclairé de mille lampions et surmonté du chiffre de la Reine, s’élevait au milieu du jardin, cachantabritant sous ses voûtes la musique militaire qui fitfaisant de son mieux toute la soirée pour animer Mrs les Officiers du Camp qui grelotaient de froid dans leur grande tenue, malgrés le pounsch et les lampions. Le Prince avait aussi invité plusieurs Dames ; j’offris mon bras à la maitresse du lieu et lui fit parcourir les allées de son jardin qu’elle avait peine à reconnaitre ainsi méthamorphosées. Les invités, peu habitués à l’extraordinaire, trouvèrent la fête magnifique ; jamais les Dames n’avaient vû quelque chose de si féerique. Au soupér, différents toasts furent proposés, un parpar] rettet fra: du ved overskriving le Prince « à la brave armée Norvégienne »Anførselstegnene er tilføyd. – un pour la Princesse Royale, pour le Roi, pour le Vice Roi & et chacun partit un peu réchauffé.
Le 22 à 9 heures du matin le Prince et sa suite montèrent en voiture, et nous dîmes adieu à Værnæs et au camp de Stjørdalshalsen nous dirigeant du côté de Trondhjelm. L’air était bleu mais incisif et le vent sentait l’hiver. Nous fimes la route en 3 heures et pénétrâmes dans la ville au milieu de bouquets de fleurs jetés des fênêtres par des Dames en blanc. Un cheval de la voiture du Prinçe s’étant abattu au coin d’une rue, nous dûmes changer d’équipage. Le Prince monta dans la nôtre et nous abandonna la sienne, ce qui nous 176priva du spectacle de son arrivée à l’arc de triomphe qu’on avait élevé sur la grande place sur son passage. Il parait que l’Architecte avait pris mesure pour son arc sur la voiture du Vice Roi ; celle ci étant relativement moins haute queet comme c’était la nôtre que Monseigneur occupait maintenant, elle ne put passer sous l’arc de triomphe, au grand désapointement des habitants de Trondhjelm.
Pendant les 3 jours que nous ‹passâmes›séjournâmes dans leur ville, la municipalité fit de son mieux pour fêter le Prince. Tous les soirs la ville était illuminée et couverte de monde. Pendant la journée, le Prince visitait les établissements publics et j’étais libre de mon temps. Le 23 je fus invité par Mrs Faye et Meyer à une partie sur mer dans leur charmant petit cutter. La société se composait de 6 dames et 6 cavaliers, tous choisis avec discernement parmis les personnes les plus gaies. C’étaient Mmes Falsen et Ranulf deux sœurs veuves et prêtes à renouer de nouveaux liens, Mme Knutsen jeune femme remplie d’entrain et d’esprit, Mlle de Trampe sa sœur, la belle Demoiselle Olsen et enfin une jeune Dame dont j’ai oublié le nom. Les Messieurs étaient, outre les deux amphitrions de la fête, Carsten Anker, Palludan, un Monsieur et moi[.]
Une fois en mer, la société descendit dans la cabine où était servi un déjeuner succulent ; hûitres, homards, patés de Strassbourg, truffes en serviette, perdrix blanches, du Bordeaux délicieux et du Champagne à flôt. Bientôt la gaité fut à son comble. Réunis en pleine mer dans une cabine étroite, on fait vite connaissance, surtout lorsque les femmes sont jolies et aimables. Chacun eût bientôt sans peine trouvé sa chacune ; c’est à Mme Knutsen que j’adressai mes respectueux hommages. Faye et Anker se disputèrent les œillades de la belle Ohlssen, grande brune rappellant les 177beaux portraits du Titien, à la quelle le Prince d’Orange avait fait assidûment la cour au bal que lui donna la ville. Comme Mlle Ohlssen ne parlait que Norvégien, la conversation s’était faite en Hollandais. Le repas terminé nous remontâmes en plein air et savourâmes nos cigarres couchés au pied de nos Dames, chacun racontant son histoire. Cette journée me rappelle un conte de Boccace ; jamais je ne me suis senti si entrain et je n’oublierai pas le golfe de Trondhjelm etet] rettet fra punktum ved overskriving Cathinka Knutsen.
Le lendemain nous nous retrouvâmes tous au bal que donnait la ville ; je priai Mme Knutsen pendant une valse, de me présenter à son époux, un sérieux Magistrat qu’elle m’indiqua. La cérémonie achevée, Madame me demanda comment je trouvais son mari ? Il a, dis-je sans hésiter, une physionomie qui ne me plait pas – Et pourquoi cela ? me demanda t’elle assez étonnée ? – Parce que, dis je, il est votre Seigneur et maître. Je revis aussi à ce bal, Mme Hesselberg, nôtre hôtesse de Værnæs venue à Trondhjelm pour prendre congé de ses amis ; nous l’invitâmes tous à danser. Ses grands yeux noirs mélancoliques contrastaient avec le regard pétillant de Mme Knutsen.
Le départ de Trondhjelm eût lieu le 25 Août. Cette fois c’était pour retourner directement à Christiania. Bildt et moi reprimes gaiement notre voiture avec le brave Sandels pour cocher, plus tard nous montâmes sur le siège tour à tour pour conduire. Le déjeuner se fit à Melhus, 2 milles de Trondhjelm ; nous avions suivi une 178vallée étroite traversée par le Guldelfven qui donne son nom à la vallée de Guld dalen que nous suivimes ensuite jusqu’à Rørås. Nous dinâmes à Støren chez le Pasteur, dont la femme est sœur de Mme Hesselberg ; leur fils ainé, un joli garçon de 8 ans, est sourd-muet. Le jardin du presbytère où nous primes le café est situé sur un plateau dominant la Vallée profonde et encaissée dans de hautes montagnes. Nous jouissons ici, me dit le Pasteur Bøttger notre hôte, d’un fort joli climat, le froid s’élève rarement au dessus de 26 degrés ! Vous appellez cela un joli climat lui dis je ! – Sans doute me dit il, à Rørås où vous arrivez demain, l’ordinaire en hiver est 40 degrés[.]
À la nuit tombante nous fûmes escortés par une quantitégrand nombre de paysans à cheval portant chacun un flambeau ; l’effet de toute cette troupe éclairée, était fort pittoresque, nos voitures cheminaient au milieu de cet escadron, presque au hazard, car il était impossible de voir trace de route, les cris, les hennissements des chevaux, les hurrahs des habitants étaient étourdissants. Un paysan de l’escorte eut le malheur de tomber de cheval ; une voiture lui cassa une jambe. Nous cheminâmes ainsi jusqu’à 10 heures du soir et passâmes la nuit chez le Ländsman Olsen, qui avait décoré sa cour d’arbres magnifiques abattus le matin dans la forêt.
Ramlo, où nous trouvâmes des lits fort propres et un hôte d’une franche hospitalité, me parut un endroit fort triste du reste. Les habitants se serraient tristement les uns sur les autres pour voir le Prince. On me dit qu’un des fils de Sir Robert Pe‹e›l séjournait dans ce moment 179dans les environs pour pêcher lele] rettet fra: ‹du› ved overskriving saumon.
Comme la journée de voyage était courte, nous ne nous mimes en route qu’à 9 heures et demie ; la vallée est fort étroite et sauvage. Les ours s’y montrent fréquemment ; notre postillon nous raconta que 8 jours auparavant, sa femme en avait rencontré deux sur le grand chemin ; on s’était arrêté un instant de part et d’autre et les Ours cédant galament le passage étaient rentrés dans la fôrêt. Nous nous arrêtames une demi heure à Eide pour visiter des usines de cuivre. De là, la vallée de Gulds-dalen s’élargit. Arrivés à un mille de la ville de Rørås, nous fimes halte et primes de là des carioles pour nous rendre aux mines du Roi, situées sur une montagne nue et ‹…›‹ble›repoussante d’aspect, qui me rappella les environs du cratère du Vésuve ; la pluie nous battait le visage et nous arrivâmes trempés aux dites mines, ‹qui sont› les principales du district de Rørås. Les Directeurs avaient préparés un déjeuner qu’on engloutit à la 180hâte, après quoi des costumes furent apportés pour descendre dans les mines. Chacun se munit d’un grand bâton férré, d’un tablier de cuir dont ‹…›sur le postérieur et d’un bonnet en forme de tschako, destiné à protéger la tête du visiteur dans les basses cavités du souterrain.
Le Prince avait en outre une tunique en velours noir. La descente s’effectua pendant environ 20 minutes en voituretombereau;tombereau;] semikolon rettet fra komma ved overskriving dans un couloir fort étroit et complettement obscur, cheminaient des lentement nos équipages, éclairés par de rares flambeaux comme des cercueils funèbres qu’on mènaitmènait] rettet fra: mèn‹…› ved overskriving dans jadis dans les catacombes.catacombes] rettet fra: ca‹…› ved overskriving Arrivés aux galleries, nous mîmes pied à terre. Les masses de roche‹…›s mutilé‹es›mutilé‹es›] rettet fra: mutilé‹s› ved overskriving par l’homme, offraient les formes les plus fantastiques, et tout ce monde de mineurs enfoui sous terre, et gagnant gaiement son pain, sans jamais jouir des rayons bienfaisants du soleil, présentait un coup d’œil fort original. On tira le canon que les échos des différents souterrains répétèrent en imitant le tonnerre. Nous revimes avec plaisir non pas le soleil, mais la pluie que nous conservâmes toute la journée, et allâmes ensuite visiter les usines de Nyhytt, à un mille de là.
Nous arrivâmes pour le diner à Rørås 181où nous attendait une députation des Dames de la ville en costume de fête ; l’escalier de la maison de Mrs les Directeurs des mines, où descendit le Prince, était, malgrés la pluie, ‹couvert›occupé par d’une 20ne de jeunes filles portant de jolis paniers et lui jettant des fleurs.
La plus part était fort jolie ; les Norvégiennes ont en genéral beaucoup de douceur dans la physionnomie, une peau fine et un teint frais.frais] rettet fra: fraix ved overskriving – La jeune fillepersonne dont voici le portrait, est la fille d’un petit marchand chez qui j’étais logé à Rørås et qui posa pour moi dans son joli costume avec beaucoup de bonne volonté. Le diner fut assez gai, on y assista à un duel le verre à la main, entre 182Messieurs Sibbern et Næsser qui, depuis le commencement du voyage ne cessent de se livrer un assaut continuel de plaisanteries l’un sur le compte de l’autre.
Sibbern qui l’emportait de beaucoup sur son antagoniste par l’esprit et le tact, était néamoins ordinairement battu par le petit Capitaine de Cavalerie, qui lui lançait en face des chocs ‹irresistibles›impossibles sur la peine que le Diplomate se donnait pour plaire à chacun afin de se rendre populaire dans le pays – sur ses vues ambitieuses – ses prétentions d’Ambassadeur &. Bref, Næsser avait toujours les rieurs de son côté et la Diplomatie était battue. Graçe à cette petite guerre, Sibbern, du rang de Ministre qu’il occupait parmis nous en quittant Christiania, était petit à petit 183descendu à celui de S‹éc›rétaire du Prince, ce qui au fond était son véritable emploi. – Ces Messieurs s’étaient mis dans la tête, au diner de Rorås, de se griser mutuellement l’un l’autre, et bûrent dans ce but une 20ne de verres. Sibbern eût comme toujours le dessous et manqua rester sous la table. – Parmis les arrangeurs du festin, se trouvait un original qui avait imaginé pour cacher son front chauve, de nouer deux longues mèches de cheveux provenant du derrière de la tête, au milieubas du front, entre les deux sourcils. Les habitans de Rørås,Rørås] rettet fra: ‹…› ved overskriving habitués à cette particularité, la trouvaient toute naturelle ; pour nous autres c’était fort drôle. Son air grave et mélancolique rendaient cette petite boucle encore plus ridiculefolichonne. –
Après le repas, nous nous rendimes avec le Prince à une usine de cuivre. Nous vimes ce métal à l’étât de liquide brûlant dans la chaudière. Les Directeurs firent passer le Prince sous un arc de triomphe en cuivre ; la valeur de chaque colonne était de 1500 Speciedaler (6000 francs).
Nous partimes le lendemain 27 Août, de Rørås,Rørås] rettet fra: ‹…› ved overskriving qui m’a laissé l’impression d’une fort triste bourguade, sale d’aspect, et cuivrée d’odeur ; nous eûmes pendant la matinée de la pluie mêlée de neige et suivimes une route bordée de fôrets à perpétuité. Nous dinâmes de bonne heure à Neyby au bord du Glomen. Neyby est un rendez vous de chasse d’sportsmen Anglais qui y viennent annuellement l’automne pour y pêcher du saumon dans le fleuve et pour chasser le Renne sauvage et la perdrix blanche 184sur les montagnes environnantes. Les habitations portent presque toutes à leur facade des emblèmes de chasse, tels que des têtes d’élan ou de Renne, des oiseaux de proie &. Le temps devint meilleur dans la journée et nous arrivâmes à 9 heures et demie du soir au presbytère de Rendal, où le Prince passa la nuit. Bildt et moi furent logés dans les environs chez Mr Enevoldsen, Länsman ou Lieutenant de Police du lieu. La soirée se passa chez le Pasteur Mr Bull dont la femme et la belle mère firent les honneurs ainsi qu’une jeune fille en robe de gaze rose, et dont les beaux cheveux blonds étaient ornés de riches grappes de fuchsias naturels, Mlle Kjellstedt ; dont sasa] rettet fra: l ved overskriving tournure dégagée et gracieuse annoncaient un enfant de ville. En effet, nous apprimes qu’elle était de Christiania, et que, par suite de la mort de son père qui avait laissée sa famille ruinée, elle s’était vue obligée de se mettre en pension au milieu de ces sauvages forêts.
L’apparition de cette svelte jeune fille en costume de bal au milieu des paysans et des voyageurs qui arrivaient tout rustiquement dans leurs grosses bottes partager la table du pasteur, avait quelque chose de très piquant, aussi fimes nous notre possible pour plaire à la fée de ces lieux, et j’eus l’honneur de faire accepter mon bras après le souper pour la conduire chez Mr Enevoldsen qui devait aussi l’heberger pour la nuit. Elle causa 185une demi heure avec nous dans le salon de Mr Enevoldsen où nous finimes la soirée par accepter de notre hôte un verre de Champagne.
Le Prince Royal vint nous réveiller le lendemain de bon matin et nous nous remimes en route à 8 heures toujours au milieu des forêts traversées par le Glommen. Nous traversâmes deux bras de ce fleuve en bac à Koppanger. Le diner fut offert par le Prince à Mykleby dans une habitation d’un riche paysan. L’appartement dans le quel nous dinions avait pour plafond le toit lui même supporté à l’intérieur par des appuis élégamment sculptés – tout l’intérieur de la maison était boisé et d’une propreté tout à fait Hollandaise.
Les paysans portent ici un frac noir ou vert et un petit bonnet de Jockey. Une escorte de ces Messieurs nous suivit après le diner. Le Prince ayant de sa voiture apperçu des canards sauvages dans le fleuve, fit une halte à Stora Elfvedalen pour en tirer. Sandels sauta dans un petit bâteau et se rendit sur la rive opposée pour faire l’office de chien de chasse. Il parvint à en faire tirer un au Prince et l’on se remit en route à la tombée de la nuit ; l’escorte, armée de flambeaux, rendit l’arrivée à Åset où nous couchions, fort brillante. Ici nous attendait un splendide souper offert par la commune dans une maison vaste et spaçieuse où le luxe de comfort et d’appartements ne laissait rien à désirer ; on sentait que la civilisation Européene reparaître.
Le lendemain 29 Août, nous continuâmes notre voyage par un temps fort beau quoique froid. Je vis l’eau qu’on jetait sur une roue de voiture gêler à l’instant même ; ‹on› me dit pourtant que le thermomètre n’annoncait que 4 degrés de froid. Nous déjeunâmes à Gaustad d’où l’on revoit le riant lac Mjøsen 186ici de jolies habitations, un pays riche et bien cultivé et le soleil. Nous suivimes la belle vallée de Romsdalen, traversâmes le Wormen à Minde et arrivâmes le soir à Eidsvold pour en repartir le lendemain matin par le chemin de fer pour Christiania où nous revinmes à 9 heures reçus pompeusement par la population et les autorités. Le Prince reçut la nouvelle de l’arrivée du Prince Napoleon pour le lendemain 31 Août. En effet vers midi « la belle Hortense » faisait son entrée dans le port. Le Vice Roi alla reçevoir son hôte à la Douane et le mena dans son Palais où nous luis fûmes tous présentés. Il était accompagné par dudu] rettet fra: le ved overskriving Capitaine de vaisseau Comte de la Roncière le Nou‹r›ry, et de deux aides de camp, MarquisDuc d’Abrantès et Comte Pisani. Le Prince dina au Palais avec les conseillers d’étât et hauts fonctionnaires et nous passâmes la soirée en petit commité avec les deux Princes, à fûmer et causer avec eux. Le Napoleon me parut un gros bon vivant d’un commerce facile et raconta fort simplement des anecdotes de son voyage en Islande et de sa campagne en Crimée. Ces Messieurs parurent feuilleter avec plaisir mes albums et retournèrent après le souper à leur bâtiment, ne voulant point accepter les appartements qui étaient préparés pour eux au château Royal.
Le 1r Septembre. Nous eûmes la joie de revoir notre Princesse Royale qui arriva de bon matin. Je dinai de nouveau avec le Prince Napoléon qui passa une partie de la journée à visiter la ville et ses environs. Je fis en compagnie du peintre Gireaud, artiste distingué faisant partie de 187la suite de Napoleon, une promenade autour de la ville pour lui désigner les points de vue à dessiner, et lui fis une visite à bord où il me montra ses portefeuilles, renfermant les sites et costumes qu’il avait croqués pendant son expédition. À son avis, le but de cette expédition tant scientifique que politique était manqué, par suite du manquepeu d’énergie du Prince, qui se laissait rebuter par le froid et le manque de comfort des contrées qu’il explorait. Si le Prince, en débarquant qque part, ne trouve pas de femmes faciles me dit il, il lève l’ancre en disant « Allons ailleurs, ceci est un vilain trou » ; les hommes de science qui l’accompagnent en sont desespérés et n’ont pû enrichir leurs collections qu’en ayant eû la chance de trouver parci par là à ‹acheter› des collections toutes faites, que des naturels du pays ont passé leur vie à faire, et qu’ils ont eû l’amabilité de céder à ces voyageursvoyageurs] rettet fra: voyageux ved overskriving pour un très modeste prix. – Le Prince, dont le projet était de visiter le Pôle Nord, a rebroussé chemin à cause du vent qui lui était contraire. ‹…› Son intention est maintenant de passer quelques jours ici et de faire une excurtion dans l’intérieur, après quoi il s’en va à Stockholm par le Canal de Gothie, puis à Copenhague.
Après deux jours de repos, après le voyage, je refis mes malles pour repartir 188le 2 Septembre. Cette fois je me dirige du côté du midi et vais directement en Suisse pour y passer un congé de 6 semaines que le Prince a bien voulu m’accorder. Je quitte la Norvège plein d’admiration pour les beaux sites que j’ai parcourus, et reconnaissant de la bonne hospitalité et de l’accueil cordial que j’y ai reçus de chacun. Ce voyage, exécuté dans la compagnie d’un Prince gai et aimable et de bons cammarades, restera toujours gravé dans ma mémoire comme une des épisodes remarquables de ma vie, non seulement à cause de l’intéret qu’il inspirait sous le rapport du pittoresque ou des agréments matériels dont il était environné, mais encore à cause de l’effet moral et bienfaisant produit sur moi par l’enthousiasme et l’amour avec les quels les Norvégiens reçurent leur Vice Roi, soit dans les riches habitations des bourgeois de Bergen, soit sur les sauvages montagnes de Sognefjäll ou les golfes et vallées qu’il visitait pour la première fois. Ce n’était point un enthousiasme officiel, car une joie naive brillait dans tous ces bons yeux bleux qui pour la pluspart contemplaient pour la première fois un personnage de Sang Royal. Heureux le Prince 189voyageur que la nature a doué comme celui-ci de toutes les qualités brillantes qui séduisent le public. Il laisse partout sur son chemin une impression agréable et réconcilie souvent les instincts républicains avec la couronne que le peuple aime à voir porter par un homme supérieur aux autres hommes, par la forçe et la beauté physiques, avantages surtout appréciés par les habitants du Nord –
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Fritz von Dardel ledsaget kronprins Karl på en reise i Norge fra mai til august 1856. Ferden ble behørig dekket i dags- og ukeavisene, og fortellinger fra ferden ble trykt i flere versjoner.
Det manuskriptet vi her gjør lettere tilgjengelig ved å innlemme og utgi det i serien NB kilder, er en versjon av Fritz von Dardels skildring av reisen. Teksten er dagbokaktig og manuskriptet inneholder også over 100 pennetegninger og akvareller.
Utgaven i NB kilder inneholder en transkripsjon av den franske originalteksten, alle Dardels illustrasjoner og en norsk oversettelse. Den er også utstyrt med to innledninger.
Fritz von Dardel var offiser, embetsmann og kunster. Han huskes i dag først og fremst for sine tallrike tegninger og akvareller, hvor han gir en levende, presis og humoristisk skildring av sin samtid.
For denne boken finnes det også faksimiler tilgjengelig:
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